Rébellion et terrorisme au nord-Mali : Notre malheur, c’est l’émir du Qatar

Juillet 16, 2012 - 09:15
Juillet 16, 2012 - 08:39
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Ce minuscule Etat sunnite qui déborde de richesses pétrolières et gazières entretient d’excellentes relations avec Washington et Paris. Il a participé à la guerre de Libye, financé les révoltes en Tunisie puis en Egypte. [caption id="attachment_75130" align="alignleft" width="350"] Le danger menace nos frontières du Sud[/caption] «La négociation n’est qu’une option et rien d’autre pour signifier à la rébellion que jamais il n’y aura ni indépendance, ni fédéralisme, ni autonomie » C’est du moins ce que pense le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Sadio lamine Sow, dans un entretien qu’il a accordé, il y’a quelques jours seulement à notre rédaction. On peut dès lors difficilement douter de la bonne foi et de la pertinence des idées et propositions de celui qui dirige désormais les destinées de la diplomatie malienne, tant ses compétences et son riche carnet d’adresses constituent à n’en pas douter des atouts inestimables pour notre pays. Mais devant la longue et douloureuse impatience des Maliens face à certains atermoiements politico-militaires que l’on dénonce ici et là (le parti CDS Mogotiguiya vient même de tenir une journée de réflexion sur la question) et une diplomatie de crise qui peine à trouver toutes ses marques - au regard même de la complexité du dossier - tout laisse penser, selon certains analystes  que les solutions militaires de cette crise ne sont pour l’heure  que de vagues projets. La CEDEAO, cette organisation sous-régionale injustement vouée aux gémonies par une frange minoritaire de Maliens intoxiqués et manipulés, pourra-t-elle vraiment tenir toutes ses promesses ? Celle de mobiliser en priorité 3000 combattants pour aller chasser les envahisseurs et autres bandits armés du Nord- Mali ? Il est cependant évident que la réussite d’un tel pari peut paraître vraiment risqué et aléatoire, sans la promesse ferme d’une assistance aérienne et terrestre fournie par la France ou par quelque autre puissance occidentale. Mieux encore, certains dirigeants africains n’hésitent pas à dire à leurs interlocuteurs (en privé) qu’ils soupçonnent leur collègue président Blaise Compaoré, (le principal médiateur dans la crise de la CEDEAO) de complaisance ou « d’inertie suspecte » à l’égard des islamistes, qu’il espère voir épargner son pays le Burkina vers d’autres destinations. Pendant ce temps, et au moment même où les choses se corsent encore davantage sur le plan politique (la formation presque au forceps d’un gouvernement d’union nationale) les groupes armés Salafistes « confortablement » installés au nord reçoivent des renforts provenant de plusieurs régions djihadistes du monde entier. Il s’agit bien évidemment des djihadistes algériens ou libyens, des touaregs fanatiques de la charia, des Nigérians de la secte Boko Haram, des Yéménites, Pakistanais, Somaliens. Comme vous le savez, ces fous de Dieu ont procédé récemment à travers une odieuse opération de Com. à la destruction d’une grande mosquée et de plusieurs mausolées de saints enterrés à Tombouctou. Des profanations effectuées au nom de leur conception barbare et moyenâgeuse d’une nouvelle doctrine de l’islam, ne tolérant point aucun « intermédiaire » entre Allah et les croyants. Le double jeu des experts  militaires américains Le très sérieux hebdomadaire français « Le canard enchaîné »révèle qu’un document américain sur les menaces terroristes a été transmis à Paris par les attachés militaires français en poste à Washington. Daté du 14 juin dernier, et rédigé par les services du Pentagone et les généraux de l’Africom (Commandement Us pour l’Afrique), il recense le principal risque déjà connu. En somalie, au Yémen, en Afrique sahélienne et australe (Ouganda, Soudan du sud et au Nigeria). Rien de bien surprenant, si ce n’est la description de cet immense continent où de l’Atlantique à l’océan indien en passant par le Sahara, des djihadistes se promènent et cherchent à déstabiliser plusieurs Etats. Une mention spéciale pour le rôle tenu par l’émirat du Qatar dans cette Afrique très compliquée. Ce fait a-t-il été signalé ? Non le document américain évite soigneusement le sujet. La raison est pourtant simple : ce minuscule Etat sunnite qui déborde de richesses pétrolières et gazières entretient d’excellentes relations avec Washington et Paris. Il a participé à la guerre de Libye, financé les révoltes en Tunisie puis en Egypte. Aujourd’hui, il livre en compagnie des Saoudiens armes et dollars aux rebelles sunnites syriens en guerre contre Bachar. Et il agit de même avec les islamistes radicaux du Nord- Mali et du Sahel. Il faudra peut-être un jour, conclue le palmipède, que dirigeants américains et français s’expliquent sur le comportement ambigu de cet ami indocile. Un partenaire souvent apprécié, mais tout aussi capable de fournir le nerf de la guerre à des Et l’Algérie aussi ! Pour n’importe quel citoyen malien lambda, une guerre totale déclenchée par les forces armées du Mali  renforcées par celles de la CEDEAO, semble être désormais inéluctable- au vu même des positions inconciliables sur le terrain pour libérer le Nord-Mali.  Mais ce sera à quel prix ? Car, devant un probable embrasement de toute la région, la préservation de la vie des otages enlevés sur les sites d’Areva au Niger et détenus entre les mains d’Aqmi, et le risque  toujours majoré de ne pas mettre en danger celle des ressortissants étrangers présents au Mali et dans tout le Sahel, les pays occidentaux hésitent visiblement entre plusieurs stratégies à adopter, quand ils ne privilégient pas du reste celle de la négociation,  une option qui fait plutôt plaisir à l’Algérie qui a pu convaincre les nations unies (où le diplomate  en charge de l’Afrique de l’ouest Said djinnit n’est autre qu’un Algérien) pour que le projet d’un recours à la force soit renvoyé au profit d’une solution négociée. Cette volte- face est d’autant moins incompréhensible, selon des experts plus proches de la question, que ce pays n’a jamais voulu entendre parler de négociation avec les islamistes. Les bons offices du président : Konaré, un ami de l’émir du Qatar Pendant que certains medias internationaux accusent le Qatar d’être le principal bailleur de fonds des groupes islamistes dans le nord du Mali, le président Alpha Oumar Konaré continue de s’emmurer dans un mutisme plat, de peur sans doute de voir ses propos instrumentalisés par une certaine presse. Une attitude de réserve bien compréhensible à cause bien évidemment de son honorable statut d’ancien président. Les liens amicaux et très privilégiés qu’il a su nouer en son temps avec le roi du Qatar peuvent fortement contribuer –si elles sont effectivement réactivées –à ramener ce pays à faire respecter la voie de la légalité internationale, le respect de son intégrité territoriale. Seul problème, le président Konaré n’est plus aux affaires. Le bel et vertueux héritage diplomatique qu’il a laissé à son successeur est visiblement passé par pertes et profits. En guise de témoignage, j’ai eu le privilège d’accompagner le président Konaré à Doha (capitale du Qatar) où il a été reçu avec des honneurs (si) grandioses que seul cet émirat pétrolier du golfe pouvait réserver à un prestigieux et illustre hôte. Pour prouver ce lien très affectif entre les deux hommes, c’est le Falcon privé de l’émir du Qatar Cheik Hamad Ben Khalifa Al Thani qui a transporté la délégation malienne- via Djeddah- jusqu’à l’aéroport de Bamako –Sénou. Et pour la petite anecdote, c’est justement au cours de ce voyage mémorable du président Konaré que nous avions appris avec emoi et   stupeur la mort brutale de Darhamane Hamidou Touré dit DARHAT, le très emblématique président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. Une fois arrivée à Djeddah, le président Konaré semblait être encore si bouleversé par cette « tragédie » qu’il tenait coûte que coûte à vite rentrer au pays pour participer aux obsèques de cette haute personnalité du monde des affaires, mais incarnant surtout un charme et un charisme hors du commun. Le commandant de bord du petit appareil hautement sophistiqué se verra même contraint –sans doute pour plaire ou satisfaire aux desideratas du président Konaré –de modifier son fameux plan de vol pour pouvoir atterrir trois heures plus tard (en toute sécurité) sur le tarmac de l’aéroport de Bamako- Sénou. B. Camara

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