Rebondissement dans le procès sur la mort de Modibo Kéïta : La défense déniche six témoins-clés et des pièces à conviction pour contrer les héritiers du Dr Faran Samaké
Le procès opposant les héritiers de Faran Samaké à Amadou SeydouTraoré vient de connaitre une nouvelle tournure. En effet, les avocats de la défense a déniché six personnes dont les témoignages seront décisifs dans la manifestation de la vérité sur la mort de Modibo kéïta. Des témoins-clés qui, aux dires de la défense, détiennent des informations sur les derniers instants de la vie du premier président du Mali. Il s'agit de Moussa Traoré, ancien président de la République, du Colonel Youssouf Traoré, du Capitaine Zan Coulibaly, du Capitaine Sounkalo Samaké, Modibo N'diaye, arbitre international et de Sinimory Kéïta, neveu du défunt président de la République.
Ce sont là les témoins que les avocats du doyen Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni appellent à comparaitre lors de l'audience du 30 novembre 2010. C'était au cours d'une conférence de presse animée mercredi, 3 novembre, à la Maison de la Presse, par Maitres Mohamed Bathily et Harouna Touré, tous deux avocats de la défense. Une défense qui soutient que le vieux Amadou Djicoroni n'a pas accusé feu Dr Faran Samaké dans l'assassinat de Modibo Kéïta sur la base des rumeurs ou de simples suspicions.
Contrairement à ce qu'avait laissé entendre la famille Samaké. Mais , comment donc parvenir à établir la responsabilité de ce dernier dans l'assassinat de Modibo Kéïta en dehors de tout indice réel? Alors que ce qu'attend l'avocat des héritiers de Faran Samaké, Me Mamadou Bouaré, c'est plutôt la preuve matérielle qui incrimine son client, à savoir l'ordonnance établie par celui-ci et le nom du produit qui fut inoculé au président Modibo Kéïta.
Pour son confrère de la défense, Me Mohamed Bathily, cela ne constitue point une énigme en ce sens que "le simple indice peut être préférable à la preuve matérielle".
A le croire, le témoignage des personnes citées plus haut sera très déterminant en la matière. Car elles en savent quelque chose.
L'ancien dictateur déchu, Moussa Traoré, en sa qualité de président de la République et de celui du comité militaire de libération nationale au moment des faits, est mieux placé que quiconque pour témoigner sur les circonstances de la mort de Modibo Kéïta mais aussi sur celle de Faran Samaké.
L'autre témoin très attendu par la défense est, sans nul doute, le colonel Youssouf Traoré, un ancien membre du CMLN qui avait fait une mise au point contre Moussa Traoré après son interview dans "Mémoire d'un continent" d'Ibrahim Baba Kaké en 1988 concernant l'affaire Modibo Kéïta. Où le colonel Youssouf Traoré révèle : "Du premier jour de leur arrestation jusqu'à la date de la libération totale de tous les détenus politiques, tous leurs problèmes étaient portés à la connaissance du CMLN et traités au cours des sessions. Le président du CMLN, Moussa Traoré, le ministre de l'Intérieur ,Kissima Doukara, le directeur général des services de sécurité et le docteur Faran Samaké étaient de ceux qui les suivaient plus particulièrement dans la vie quotidienne. Il est exact que bien avant le mois de mai 1977, sur décision du CMLN, Modibo , de Kidal avait regagné Bamako pour raison de santé et les conditions de sa détention avaient été assouplies. Mais les déclarations de Moussa Traoré relatives à la requête de la mère de Modibo, quelques jours avant sa mort, ne correspondent pas à la réalité. Les circonstances de la mort de Modibo sont entourées d'un épais brouillard même pour les membres du CMLN à l'exception de ceux qui avaient le devoir de le suivre de près et de le soigner".
Le témoignage qui fera incontestablement sauter des verrous sera celui du capitaine Sounkalo Samaké, Commandant du camp para lors du passage de Modibo Kéïta. La défense réclame sa comparution pour beaucoup plus de précisions.
Dans son livre "Ma vie de soldat" et dans l'extrait consacré à la mort de Modibo Kéïta, il écrit : "un jour le soldat qui lui apportait ses repas est venu précipitamment me voir pour dire que Modibo était tombé au pied de son lit. J'ai couru pour aller dans sa cellule. Il bavait. Je l'ai pris dans mes bras, j'ai dit au soldat, aide-moi. Nous l'avons couché dans son lit. Je lui ai posé la question : qu'est ce que tu as ? Il voulait parler mais le son ne sortait pas. J'ai fait appeler l'infirmier major et je lui ai posé la question : Modibo a-t-il été soigné ce matin ? Oui ! A quelle heure ? À dix heures. Qui a fait la prescription ? C'est le Dr Faran Samaké. Qui a fait le traitement? C'est moi…".
L'ancien arbitre Modibo N'diaye figure aussi sur la liste des témoins. Tout comme Sinimory Kéïta, médecin et neveu de Modibo Kéïta. Lui et son père, ,selon la défense, ont été les premiers membres de la famille Kéita à voir le corps du défunt.
La question qu'on est en droit de se poser est de savoir si tous les témoins cités pourront comparaitre à la barre. Les témoins ne pourront pas se soustraire à cette obligation. Ils ne sont pas au-dessus de la loi malienne, assure la défense. Qui précise qu'un témoin peut ne pas comparaitre "quand il y a des cas d'artifices judiciaires pour des personnes qui sont dans les périodes d'une condamnation. Nous ne sommes pas dans ce cas d'espèce".
Comme pour dire que tous les témoins vont comparaitre lors de l'audience du 30 novembre 2010.
Abdoulaye DIARRA
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