Plus que le MNLA, mouvement indépendantiste touareg qui a lancé la guerre contre le Mali, puis s’est désintégré avant de quasiment disparaître, chassé par les islamistes, la ville de. Kidal est surtout occupée par les hommes du MIA (mouvement islamiste de l’Azawad dissidence d’Ansar Dine), en clair, les touaregs de Kidal qui regroupent des chefs traditionnels, des commandants en armes avec leurs troupes et l’autorité spirituelle des Touaregs. Une situation qui embarrasse de plus en plus les autorités maliennes qui entament pour autant dans les jours à venir des négociations avec les deux organisations.
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Que se passe-t-il aujourd’hui à Kidal ? Dans toutes les villes reconquises, les soldats français ont pris soin d'apparaître aux côtés de militaires maliens, les laissant patrouiller les rues. Mais, cela n’a pas été le cas de cette ville où le MIA et le MNLA sont sur place et ils disent redouter et refusent l’arrivée des troupes maliennes : "Vu leur haine des Touaregs et leur désir de vengeance après leurs défaites pendant près d’un an, si l’armée malienne entrait dans la ville, ce serait un carnage", prétend un Touareg de Kidal.
La campagne du MNLA fait tâche d’huile
Et le discours semble convaincre les Français qui soutiennent qu’un massacre à Kidal aurait pourri toute solution d’avenir. "Les Touaregs sont nos amis", a rappelé avec force le ministre de la Défense français. Et très logiquement, l’avion qui s’est posé dans la nuit de mardi à mercredi sur l’aéroport de Kidal ne comprenait aucun militaire malien. Mieux, un appareil venu du Burkina-Faso est attendu à Kidal pour emporter une délégation MIA-MNLA vers Ouagadougou pour reprendre les négociations avec l’État malien. Surtout que l’Assemblée nationale vient de voter "à l’unanimité" une feuille de route qui prévoit des discussions avec "certains groupes armés", entendez, le MNLA et le MIA débarrassé d’Iyad Ag-Ghali. Une initiative plus que jamais soutenue par la France qui continue à, comme écrivait hier nos confrères de l’Observateur, « que c’est seulement avec les Touaregs, maîtres de leur désert, qu’on pourra retrouver la sécurité, la réconciliation nationale et un espoir d’avenir pacifique. Sans Iyad Ag-Ghali, sans le Mujao et sans Aqmi. Sans tous ceux qui ont profité d’un désert trop vide pour transformer la région en terre de Djihad, en terre de désolation, en royaume de la mort ». Les Français tentent de convaincre que le MIA est composé « exactement des mêmes... qui négociaient en novembre dernier au nom d’Ansar Dine à Ouagadougou pour essayer de trouver une solution politique et pacifique ».
Il s’agit d’Alghabass Ag-Intallah, la noblesse de robe, fils du chef spirituel des touaregs ; Ag-Bibi, ex- numéro trois d’Ansar Dine, Ag-Aharib ex-porte-parole d’Ansar Dine et même Ag-Aoussa, le cerveau militaire de toutes les opérations. « Tous ont quitté Ansar Dine, tous en veulent à Iyad pour sa dérive. Et Ag-Aoussa le militaire, surnommé "le tueur" a même promis à Iyad de "l’étrangler de ses propres mains" pour lui faire payer la "trahison de son peuple". "Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux", apprend-t-on auprès de l'administration locale. Et la France a d'ailleurs appelé mercredi Bamako à "engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes des populations du Nord (élus locaux, société civile) et les groupes armés non terroristes reconnaissant l'intégrité du Mali".
Tout cela a dû être discuté lors de l’audience accordée mardi dernier par le Premier ministre de la transition, Diango Cissoko, au chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud. Reste que la gestion disons du cas de la ville de Kidal commence à doucher l’enthousiasme des populations maliennes qui ont du mal à comprendre ce qu’il y a lieu d’appeler les jeux de la France jusqu’ici considérée comme le grand sauveur.
A. Diakité