Réduction des dépenses publiques en Guinée et au Burkina Faso : Et si le Mali s’inspirait de ses voisins…
Le président guinéen Alpha Condé a du respect pour l’argent public : il réduit son budget de 40%. Le président malien Ibrahim Boubacar Kéïta dépense sans compter l’argent public : il augmente son budget de plus de 100% en deux ans. Comparaison n’est certes pas raison, mais cet exemple prouve à quel point IBK reste attaché aux dépenses de prestige au détriment du contribuable public qu’il entend lester de plus de 19 milliards cette année contre 9 milliards en 2014. Si le chef de l’Etat malien pouvait s’inspirer de l’exemple modèle de son homologue du sud-ouest ! Ou encore de celui plus près des députés burkinabè qui manifestent leur solidarité à l’endroit du peuple éprouvé du Faso en renonçant à 19% de leur salaire !
L’Afrique a encore des dirigeants qui essayent tant bien que mal de s’adapter à la situation de leur pays.
Solidarité envers le peuple
Le président Alpha Condé vient de donner une belle preuve, en diminuant considérablement le budget de la présidence de la Guinée, un des pays les plus pauvres au monde. L’homme a pris la mesure de la gravité de la situation de son pays, pourrait-on affirmer. Ainsi, le budget 2016 de la présidence de la République a été revu en baisse par rapport à l’année dernière. Il passe de 500 milliards GNF à 300 milliards, soit une chute de 40%. C’est là un sacrifice qui, sans doute, reflète les difficultés du budget national. Le geste est salué en Guinée et au-delà. « Le budget de la présidence est amputé de plus de 200 milliards GNF. C’est vraiment l’exemple de sacrifice que s’est donné le président de la République. Il est fortement réduit pour refléter la difficulté du budget guinéen », a révélé récemment le Dr Ousmane Kaba, président de la commission finances de l’Assemblée nationale.
Il n’y a pas qu’en Guinée que les dirigeants savent être sensibles aux difficultés de leur pays. Le Burkina Faso, à travers ses députés, a confirmé sa réputation de « pays des hommes intègres ». En effet, les élus du peuple ont convenu de diminuer leurs salaires à hauteur de 19% pour être solidaires de leurs compatriotes. L’annonce, faite le mardi 19 janvier dernier, fait toujours l’objet de commentaires à travers le monde.
« L'ensemble des députés, des groupes parlementaires, des vice-présidents, ont convenu de procéder à un rabattement des salaires des députés du Burkina Faso de 19%, en guise de solidarité avec notre peuple (qui a connu une insurrection en octobre) qui a fait face au coup d'Etat du 16 septembre, et qui vient de connaître les attaques barbares des djihadistes », justifie le président de l'Assemblée nationale burkinabè, Salif Diallo.
Du coup, désormais, le salaire de base d'un député sera de 960 397 F CFA contre 1 200 000 F CFA auparavant. Une différence de 240 000 F CFA, qui va certainement servir à beaucoup de choses.
Ces actes posés en Guinée et au Burkina Faso pèsent peut-être peu en termes de finance, mais ils valent leur pesant d’or au sein de l’opinion nationale. Les populations y verront une réelle prise de conscience des gouvernants face à leur détresse.
Pour le confort du président !
Sous d’autres cieux, on préfère les mots aux actes. Le régime actuel du Mali, un pays affaibli par une crise institutionnelle et sécuritaire, en est une illustration parfaite. Ici, seul le confort du président IBK importe. Les révélations faites par le Parena étalent toute l’étendue de la capacité budgétivore du chef d’Etat qui semble n’avoir cure de la crise économique et financière qui frappe le pays et du malaise généralisé au sein des populations. La preuve ? Le budget de la présidence connait, ces trois dernières années, une augmentation continue. En effet, le premier budget préparé par l’administration IBK a affecté à la présidence de la République la somme de 9,3 milliards de francs CFA pour 2014. En 2015, ce budget a été porté à 16 milliards, soit une augmentation de plus de 57%. Les Maliens n’étaient pas encore au bout de leur peine. Le dernier budget affecté à la présidence de la République est de 19,3 milliards de nos francs. Qui dit mieux ?
Entre les dépenses de prestige pour son confort personnel et le dénuement des Maliens dû à la cherté de la vie, IBK et ses concitoyens semblent vivre dans deux univers différents (le paradis et l’enfer ?). A titre de comparaison, le budget 2015 des 10 principaux hôpitaux du Mali (Point G, Gabriel Touré, hôpital du Mali, Kayes, Kati, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao) est de 14 milliards 400 millions de FCFA. Mieux, l’alimentation de Koulouba était de 300 (contre 61 en 2013) millions de FCFA, non loin du budget de la sécurité alimentaire de tout le pays en 2015 qui était estimé à 500 millions CFA.
Pourquoi le budget de la présidence, qui devrait être normalement revu en baisse dans le contexte actuel de grave crise, est augmenté? Aujourd’hui, les Maliens sont convaincus que leur situation est le cadet des soucis du président IBK, préoccupé plutôt à l’amélioration de son confort personnel et de tout ce qui implique lui et/ou son image. L’on se rappelle encore de l’affaire du Boeing présidentiel dont la vraie histoire n’est toujours pas connue. S’y ajoute la rénovation du pavillon présidentiel de l’aéroport de Sénou, pour la bagatelle de 8 milliards de FCFA. Ce sont là autant de folles dépenses d’un homme, au moment où de milliers de Maliens meurent dans les hôpitaux et centres de santé, faute du minimum vital dans ces structures.
« Elus pour nos poches ! »
Que dire des salaires et primes de nos députés. À l’hémicycle, les intérêts sont liés aux postes à travers des missions et des primes de responsabilité. Depuis 2015, le président de l’Assemblée gagne mensuellement (pendant les périodes de sessions) plus de 30 millions de FCFA, contre 26 600 000F CFA pour la législature passée. Ce gain est composé, entre autres, de prime de session (900 000 F CFA) ; prime de responsabilité (400 000 F CFA) ; prime pour achat de véhicule (400 000 F CFA) ; salaire mensuel (700 000 F CFA) ; fonds mensuel de souveraineté ou caisse noire (3,5 millions de F CFA).
Le vice-président a comme total émolument mensuel pendant les périodes de sessions : 2 750 000 F CFA, contre 1 950 000 F CFA pour la législature passée. Ce magot est composée de prime de session (900 000 F CFA) ; de prime de responsabilité (200 000 F CFA) ; de prime de loyer de maison (150 000 F CFA) ; de salaire mensuel (300 000 F CFA) ; de prime de représentativité (500 000 F CFA).
Si les Secrétaire parlementaire et Président de groupe parlementaire ont pour total émolument (pendant les sessions) mensuel 2 650 000F CFA (contre 1 950 000F CFA pour la législature passée) ; le Questeur de l’Assemblée Nationale a 5 550 000F CFA/mois contre 4 850 000 F CFA pour la législature. Un simple député (sans responsabilité) a 2 550 000 F CFA, contre 1 850 000 F CFA pour la législature passée avec l’honorable Dioncounda Traoré
Faut-il rappeler que c’est pendant la législature 2002-2007 que le président de l’Assemblée Nationale, Ibrahim Boubacar Kéïta, a décidé de porter la prime de responsabilité du questeur de l’Assemblée Nationale à 3 000 000F CFA.
Le budget de l’Assemblée Nationale est passé de 9 milliards pendant la législature passée à 12 milliards en 2015. Bien que nous n’ayons pas le budget 2016 de l’Assemblée, on peut affirmer sans se tromper que nous avions une assemblée aussi budgétivore que la présidence de la République. C’est ça le « Mali D’abord ». Et dire que certains de ces députés se plaignent de leurs conditions. Or, étant des représentants du peuple, les élus doivent refléter le niveau de vie des populations. Leur salaire ne doit absolument pas être misérable mais proportionnel à la vie quotidienne dans le pays. Ceci est d’autant plus important qu’il est inadmissible qu’un pays pauvre, où une crise financière sévit, puisse payer plus chèrement que les pays dit développés. C’est ce que les élus burkinabè ont compris. Reste à savoir si leur acte servira d’exemple…
Issa B Dembélé
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