On peut dire maintenant que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a réellement pris le contrôle du pays. Selon nos sources, le général de corps d’armée, Amadou Haya Sanogo, est depuis la semaine dernière en détention préventive dans une cellule de la Direction de la sécurité militaire (DSM) en attendant son audition demain par le juge d’instruction, Karim Karambé en charge du dossier au tribunal de la Commune III. C’est une page sombre de notre démocratie qui vient d’être tournée.
Depuis deux semaines maintenant de folles rumeurs sur son interpellation envahissent les rues de la capitale. Des rumeurs aussitôt démenties par ses canaux, érigés en réseaux de communication. Le deuxième ballon d’essai a été le lancement d’un mandat d’amener contre lui par la justice pour être entendu. Toutes ces opérations de communication préparaient-elles les esprits pour l’imminente arrestation du général Sanogo ?
Probablement oui. Car son arrestation et son placement sous mandat de dépôt ne sont plus qu’une question de jours, voir d’heures. En tout cas certaines sources confirment que le général a été arrêté en milieu de la semaine dernière et gardé à la DSM.
Après avoir liquidé tous ses proches, Amadou Haya Sanogo, qui serait versé dans la consommation des drogues dures tomberait comme un fruit mur. Et ce, après avoir mené toutes ses opérations de liquidation des témoins gênants. Selon nos sources, dans ces actions destructrices il aurait bénéficié de l’appui de certains hauts gradés de l’armée. Dans le milieu militaire on cite les généraux Ibrahim Dahirou Dembélé, Sidi Touré et Abdoulaye Koumaré, qui sont respectivement le futur ancien Chef d’état-major général des Armées, ancien directeur de la Sécurité d’Etat (SE) et ministre de l’Equipement et des transports.
Pour preuve, selon nos sources, c’est le général Abdoulaye Koumaré, qui aurait extirpé le capitaine Christophe Dembélé et l’adjudant-chef Fousseyni Traoré des mains de la DSM pour les remettre à la SE, alors commandée par le général Sidi Touré. Depuis lors, les deux ont disparu des radars. Des sources dignes de foi soutiennent qu’ils auraient été tués et dépecés en morceaux pour être jetés dans un puits. Serait-il le puits de Walet à Kati?
La conclusion des enquêtes en cours nous en dira davantage. Toutefois, à en croire nos sources, Christophe et Fousseyni faisaient partie de la sécurité rapprochée du général. Servant donc avec zèle leur patron, les deux hommes s’étaient transformés en véritables tortionnaires comme dans les camps NAZI, lors de la 2
ème guerre mondiale. A ce titre, Christophe et Fousseyni seraient devenus des bourreaux pour les autres membres de la junte, aux dernières heures du règne de Sanogo à Kati, comme un sultan. Le mécanisme mis en place serait commandé par le patron lui-même. Il appelait ses adversaires avec un numéro Orange burkinabé. Les victimes étaient attirées dans une sorte de guet-apens, les obligeant de sortir de leur trou de cachette. Lorsqu’il arrive que le patron n’arrivait à attirer les victimes, il mettait en contribution l’un de ces disparus (Christophe ou Fousseyni).
Selon toujours nos sources, ce sont eux qui auraient éliminés les autres avec cette méthode, avant de finir sous le couteau macabre de leur bourreau. Le coup de fusil pouvait susciter des interrogations, c’est pourquoi tous ces assassinats sommaires auraient été effectués à l’aide de couteau. L’exécution du colonel Youssouf serait la signature du patron lui-même. Il l’aurait égorgé de ses propres mains. Mais avant de passer à l’acte ignoble, le désormais ancien ‘’Sultan de Kati’’ aurait rappelé à Youssouf toutes les faveurs qu’il a obtenues grâce à lui. Après le forfait, le corps de Youssouf aurait été découpé en morceaux pour être jeté quelque part à Kati. D’aucun parle du puits de Walet, d’autres sources rapportent qu’il aurait été inhumé nuitamment au cimetière de Kati.
Pour rappel, selon nos sources après les événements du 30 septembre, Christophe Dembélé et l’adjudant-chef Fousseyni Traoré avaient été interpellés par la DSM. Leur déposition incriminerait fortement le général Sanogo. Sentant le danger venir, Sanogo sollicita l’aide de ses amis généraux, qui lui ont portés mains fortes avec la manière. Le général Koumaré aurait donc usé de son influence pour obtenir des enquêteurs de la DSM le transfèrement des détenus et la copie originale de leur déposition à la SE. Mais, l’officier de la gendarmerie qui était en charge de l’enquête aurait eu le réflexe d’enregistrer les éléments sur support électronique, qu’il garde soigneusement en lieu sûr. « Sait-on jamais, » se disait-il. Heureusement que son sixième sens l’a bien conseillé. Car, quelques jours plus tard, des informations relatives à leur exécution sommaire surgissent. Toutefois, depuis leur transfèrement à la SE, ils demeurent introuvables. Nos sources nous rapportent qu’ils auraient été tués et dépecés, les parties jetées dans un puits.
Faut-il le signaler que la liste des disparitions ne cesse de s’allonger. Aux dernière nouvelles, c’est le secrétaire particulier du général Sanogo, un certain Madou Blé qui est lui aussi porté disparu.
Pour élucider toutes ces affaires sombres, le juge Karambé aura du pain sur la planche.
Mohamed A Diakité