Si l’élection d’un président légitimement élu consacre pour le Mali la fin d’un long processus démocratique ; elle n’en demeure pas moins le point de départ d’un nouveau processus : celui du changement, le vrai, auquel aspirent tous nos concitoyens. Les défis du changement, pour notre jeune nation, sont immenses. Le changement que nous souhaitons tous est de voir émerger un malien de type nouveau et de renforcer notre société.
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![Moussa Mara,](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/07/moussa-mara.jpg)
Moussa Mara,[/caption]
Le changement passera par la création et la répartition équitable de richesses suffisantes. Le changement pour notre pays aujourd’hui repose aussi sur trois défis dont l’anticipation des enjeux stratégiques, la promotion d’un nouveau leadership au service d’une nouvelle gouvernance et enfin la relance de l’Etat. Les onze (11) propositions pour remettre l’Etat en marche, présentées dans les lignes suivantes, sont des contributions au débat démocratique que nous souhaitons voir émerger. Pour que plus jamais le Mali n’ait besoin d’assistance extérieure afin d’assurer et maintenir son existence. Les autres défis, bien entendu, feront l’objet de propositions dans les prochaines communications.
1. Reformer les forces armées et de sécurité, sur une période de cinq ans, pour leur permettre d’assurer la sécurisation totale du territoire national, celle des grandes agglomérations en particulier et des voies de communication ; rendre opérationnel le dispositif militaire du pays au sein du grand ensemble sahélien pour lutter efficacement contre les menaces régionales (terrorisme, trafic de drogue, rebellions…). Il faudra pour cette occasion mobiliser une somme globale de 1000 milliards de FCFA dont 60% supportés par le budget national et 40% par les concours extérieurs repartis équitablement entre les dons et les prêts ;
2.
2. Accroitre le stock de sécurité alimentaire pour le porter à 100 000 tonnes, y opérer une variation en fonction des circonstances et le rapprocher des populations pour accroître la réactivité de l’État et tendre vers l’approche régionale (UEMOA ou CEDEAO) en matière de sécurité alimentaire ;
3. Reformer la justice en privilégiant les méthodes alternatives de règlement des conflits (médiation, arbitrage), une plus forte implication des citoyens, l’amélioration des conditions de travail des acteurs judicaires, le renforcement de la transparence dans le fonctionnement de la justice et un contrôle plus effectif des décisions judiciaires. Ces reformes nécessiteront un coût annuel de 5 milliards de FCFA dont les 10% pourraient être financés par des subventions extérieures ;
4. Finaliser le dispositif du RAVEC avec la prise en compte de tous les compatriotes, notamment de la diaspora, et instaurer un système de gestion de l’État civil plaçant à son cœur la biométrie, la centralisation du fichier des identités et la connexion de toutes les bases de données nécessitant l’identification des citoyens (naissance, mariage, décès, délivrance de diplôme, de papiers administratifs…). Il faudra dégager pour cette action environ 10 milliards de FCFA chaque année, supportés à 90% par les ressources internes et à 10% par des dons de l’extérieur ;
5. Améliorer le sort des agents publics en augmentant de 10% la rémunération de tous les agents publics, en instaurant un plan de carrière servi par un dispositif plus objectif de recrutement, d’évaluation et de suivi des agents. Cette mesure mobilisera un coût annuel de 30 milliards de FCFA entièrement pris en charge par le budget d’État ;
6. Imposer l’exemplarité de l'État dans ses rapports avec les citoyens : ponctualité, respect des usagers, systématisation des bureaux d’accueil et d’orientation, vulgarisation des droits des usagers, esprit de résultat, respect du patrimoine public, sanctuarisation des services publics ;
7. Régionaliser le pays en augmentant le nombre de régions (25 à 30) dont les noms doivent être familiers pour le malien, supprimer les cercles pour simplifier le maillage administratif, renforcer la déconcentration administrative ; pour un coût de 2 milliards de FCFA par an supporté par le budget national ;
8. Décentraliser véritablement le pays en accroissant les transferts de moyens humains, matériels et financiers aux collectivités pour atteindre 30% des ressources publiques utilisées par les collectivités, en instaurant un statut des élus locaux à qui des obligations de résultants seront fixées ; le coût de cette reforme sera de 10 milliards de FCFA chaque année, à la charge de l’État à 80% et des concours extérieurs sous forme de subvention à hauteur de 20% ;
9. Reformer le dispositif de contrôle de l’État, des services publics et du fonctionnement de l’administration et de la gestion des finances publiques, optimiser le rôle des contrôleurs, leur donner plus de moyens, accroître leurs domaines d’investigations et leur indépendance, pour un coût de 10 milliards de FCFA supportés à 80 % par l’État et à 20% par les dons de pays et d’institutions partenaires du Mali ;
10. Sacraliser la planification urbaine avec le respect scrupuleux des outils disponibles (schéma d’urbanisation, plans sectoriels, programmes de développement…), procéder à la mise en œuvre effective de la stratégie de développement des villes maliennes, interdire les cessions de parcelles nues par les collectivités, impliquer les collectivités dans le dispositif des logements sociaux, instaurer le cadastre informatisé et global pour sécuriser et crédibiliser les titres fonciers, éliminer les titres précaires et systématiser les titres fonciers. Ces actions nécessiteront 12 milliards de FCFA supplémentaires chaque année financés par l’État (7 milliards) et par les partenaires techniques et financiers (1 milliard de dons et 4 milliards de prêts) ;
11. Mettre en place une diplomatie de développement et d’intégration africaine, servie par des diplomates compétents et inscrite dans une doctrine cohérente reposant sur les intérêts stratégiques du Mali : accélération de la construction de la CEDEAO, mise en place du concept de « pays frontières », priorité accordée à l’intégration économique et aux projets structurants, conduite d’initiatives bilatérales originales (secteurs agricoles, défense, sécurité,…) avec les voisins, relations spécifiques avec les puissances économiques et politiques internationales liées aux opportunités offertes par chacune pour le Mali, promotion de l’image du Mali et des cadres maliens au sein des organisations internationales, protection et soutien à la diaspora ;
L’ensemble des actions présentées ci-dessus nécessiteront un coût global estimé à 1395 milliards de FCFA financé à hauteur de 942,5 milliards de FCFA par le budget de l’État, 552,5 milliards de FCFA par les concours extérieurs (232,5 milliards de FCFA par des dons et 220 milliards de FCFA par l’endettement).
MOUSSA MARA
Chevalier de l’ordre national
Président du Parti ‘’Yelema’’
Maire de la Commune IV