Il n'avait pas été favorable à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Après avoir superbement ignoré les partis politiques dans la constitution de son équipe gouvernementale, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra veut-il se rattraper en appelant les différents regroupements politiques pour mettre en place un organe consultatif devant lui servir de … cuirasse ? En échangeant avec les acteurs politiques autour d'un tel organe le mardi après-midi à la primature, le chef du Gouvernement tend visiblement une perche pouvant le sauver du naufrage.
[caption id="attachment_69778" align="alignleft" width="350" caption="Le Premier ministre de la transition, Cheick Modibo Diarra"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/05/Cheick_Modibo.jpg)
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A la place du Gouvernement d'union nationale préconisée par l'accord-cadre du 6 avril 2012, l'on a assisté à la formation d'un gouvernement dit de "
technocrates ". Seulement, cette équipe de technocrates peine à prendre de l'envol pour sortir le pays de l'ornière.
Curieusement, après avoir snobé les principales formations politiques du microcosme national en ne les associant pas à la formation de son équipe, le navigateur interplanétaire Cheick Modibo Diarra avait voulu faire cavalier seul. Mais, le chef du Gouvernement comptait sur un accompagnement conséquent des
"seigneurs", putschistes de Kati.
Mais, du fait que cet attelage institutionnel n'inspire pas confiance aux partenaires du Mali-, le chef du Gouvernement se rend compte qu'il ne peut instaurer une gouvernance qui balaie d'un revers de main l'idéal démocratique né du 26 mars 1991. L'UA - avec un Jean Ping qui n'en démord pas - et d'autres institutions continuent de plaider pour un gouvernement plus crédible à Bamako. Les institutions de Bretton Woods continuent de faire la moue face au gouvernement de l'ancien patron de Microsoft Afrique. Pire, les partis opposés aux putschistes, regroupés au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) viennent de jeter un gros pavé dans la mare en évoquant, de façon audible, "
la mise en place d'un Gouvernement d'union nationale inclusif et représentatif, une feuille de route pour le Gouvernement de transition… "
Après avoir échangé avec les autres regroupements politiques tels la COPAM des Oumar Mariko et Hamadoun Amion Guindo, la CSM des Me Mountaga Tall, Housseini Amion Guindo, l'ADPS de Soumana Sako et la Coalition IBK-2012 de Bocar Moussa Diarra, autour de ces préoccupations, la classe politique est apparue menaçante pour le Premier ministre et son gouvernement. Le beau-fils du Général Moussa Traoré aura alors conclu qu'en invitant les acteurs politiques à "
la table du dialogue ", il se constituerait une ceinture de sécurité pouvant le mettre à l'abri d'une quelconque déstabilisation.
En proposant au FDR, à la COPAM, à la CSM et à la Coalition IBK-2012 la formation d'un organe consultatif devant servir de " cadre innovant de dialogue et de gouvernance ", Cheick Modibo Diarra fait preuve d'un repentir actif non désintéressé. Grâce à cet organe, qui serait une
" interface " entre le Gouvernement et les acteurs politiques, le président du RpDM convoite une certaine légitimation. Serait-ce là un appel à un accompagnement politique qui lui faisait défaut ? Cet organe consultatif devra servir de structure d'appoint au gouvernement pour mieux faire face aux défis auxquels le pays fait face.
En effet, pour affermir son pouvoir dans ce contexte post-putsch avec des militaires proches de l'ex-junte, qui continuent de faire parler d'eux -arrestations et intimidations à loisir-, le Premier ministre de transition avait plus que jamais besoin d'une solidarité dans les milieux politiques de la place.
Seulement, tous les regroupements politiques contactés ont fait comprendre au chef du gouvernement qu'il leur faut un temps de réflexion et d'analyse de cette offre suspecte avant de lui faire parvenir leur réponse.
Par ailleurs, on s'interroge sur la pertinence de cet organe consultatif dans la mesure où il existe déjà un cadre de concertation des partis politiques avec le gouvernement à travers le ministère de l'Administration territoriale et des collectivités locales. Ce cadre a, d'ailleurs, été réactivé récemment par le successeur du Général Kafougouna Koné à la tête de ce département, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly, qui annonçait sa volonté de lui imprimer un nouvel élan.
Bruno D SEGEBEDJI