Dans un de nos anciens numéro, nous écrivions ceci « ….En attendant, le Mali doit réussir à exploiter sa situation de pays victime du terrorisme international et du crime organisé qui lui confère un statut diplomatique exceptionnel et très favorable de fait. Par conséquent, les autorités de la République disposent de tous les outils pour transformer cette crise qu’on a imposé au Mali en atout et opportunités … ». Les récentes déclarations de Romano Prodi, émissaire des Nations Unies pour le Sahel, qui, tout en insistant sur le fait que sa mission à lui n’est pas militaire mais consiste plutôt à tout faire pour éviter la guerre, écarte toute probabilité d’une action militaire avant septembre 2013. Nous osons espérer que ces propos tenus après sa visite à Alger ne sont pas le reflet de la camaraderie socialo-communiste archaïque entre le diplomate italien et les autorités algériennes qui n’a pas sa raison d’être dans le cas de la crise au Mali. En tout état de cause, si on se réfère à de tels propos, on peut sans risque de nous tromper, dire que notre message n’a pas été suivi par les autorités maliennes en charge de notre diplomatie.
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Tieman Coulibaly, ministre des affaires étrangères et de la coopération[/caption]
Pour avoir pensé, à tort, que tout était acquis et qu’il pouvait désormais dormir sur ses lauriers en attendant tranquillement l’intervention militaire autorisée par l’ONU, l’Etat malien a grillé toutes ses cartouches diplomatiques par inaction. La diplomatie malienne a perdu la bataille diplomatique les armes à la main.
Pourtant, à travers le vote de la résolution du Conseil de sécurité, suivie d’une réunion de la Communauté internationale à Bamako, les grandes puissances de ce monde avaient montré leur soutien officiel au Mali dont les dirigeants devaient juste entretenir cette flamme allumée en leur rappelant régulièrement leurs engagements, en leur montrant la direction vers laquelle le Mali veut qu’ils projettent leurs regards, en les alertant sur les démarches contre les intérêts du Mali à ne pas soutenir et à combattre quand elles sont tenaces. Cette période devait être le prélude à une activité diplomatique intense pour la consolidation des acquis et la neutralisation des adversaires connus et cachés du Mali.
Au lieu de cela, on a laissé les « géants diplomatiques » africains que sont le Burkina et l’Algérie dérouler tranquillement leurs feuilles de route en s’appuyant sur les groupes armés agresseurs du Mali, à savoir le MNLA et Ançar-Dine. Et si ces rencontres entre des Etats membres de l’ONU et des groupes armés agresseurs ayant même fait l’objet d’une plainte auprès de la CPI, se font de manière ouverte et officielle, c’est parce que la diplomatie malienne a fini de faire la preuve de ses limites. Il est temps de se ressaisir.
Au moment où le MNLA est reçu par Compaoré, le ministre chef de la diplomatie malienne s’envole à Ouaga au même moment pour, dit-il, une mission d’Etat qui n’a rien à voir avec les négociations en cours au Burkina. Mais il dira aux journalistes qu’il a été certes interpellé par les autorités burkinabé à qui il a répondu qu’ « il n’avait pas de mandat de la République pour négocier avec les groupes armés ». S’empressant de lancer cette boutade lors de sa conférence de presse « pourquoi il va les (les groupes armés) laisser parler sans réagir……même s’il les entend à Bougouni il ira à Bougouni ». De qui se moque-t-on ?
Habi Kaba Diakité