Rétrospection : Nord-Mali : Les bénéficiaires collatéraux

Fév 29, 2012 - 18:40
Fév 29, 2012 - 19:12
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Alors que le président de la République cherche toujours des amis sincères et loyaux, que la France, inquiète pour ses ressortissants détenus en otage par AQMI, dépêche au Mali son ministre de la Coopération puis son homologue des Affaires étrangères, que Paris demande à Bamako de ne plus l’associer aux nombreux souteneurs du MNLA, et que pour cela ATT fait dire à certains média que son ami et frère Sarkozy n’est pour rien dans les attaques des bandits armés contre les populations et l’armée, la situation devient de plu en plus confuse et trouble. [caption id="attachment_46076" align="alignleft" width="400" caption="Des rebelles en patrouille dans le désert du Mali (photo New York Times)"][/caption] C’est ATT qui a dit que l’OTAN ne pouvait pas ne pas voir ces colonnes de véhicules et de déserteurs qui s’enfuyaient des rangs de l’armée libyenne pour regagner le Mali en passant par certains pays. C’est aussi lui qui a dit qu’entre son pays et celui de son défunt ami Kadhafi il y a plus de 700 kilomètres. Il faut croire que les pressions ont été suffisamment fermes et les promesses assez alléchantes pour que le général perde le nord. Mais il y en a qui savent toujours où se trouvent le nord et leurs intérêts. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vient de lancer un appel de fond pour pas moins de dix millions d’euros. La communauté internationale et toutes bonnes volontés sont sollicitées. L’organisme humanitaire ouvre ainsi la brèche dan laquelle ne manqueront pas de s’engouffrer très bientôt les ONG et organismes caritatifs. Tout cela pourquoi ? Pour venir en aide aux dizaines de milliers de personnes qui ont pris la clé des champs. Il faut croire qu’en plus des combats entre les FAS et le MNLA, beaucoup avaient d’autres raisons de se déplacer. En effet, les saisons 2010-2011 et 2011-2012 ont été particulièrement sèches et dures (pires, selon les connaisseurs que 1972-73 et 1984-85). La mauvaise pluviométrie a eu raison des terres agricoles et a décimé le cheptel. Les populations ne savaient plus quoi faire quand le MNLA leur a fourni gracieusement le prétexte idoine d’aller voir ailleurs. Dans le nord du Mali, toutes communautés confondues, il y en a qui, depuis plus de cinquante ans, ne vivent que de dons et d’aides d’urgence. Les projets, ça les connait. Planter des arbres pour fixer les dunes et ralentir l’avancée du désert ? Reconstituer le cheptel décimé ou déstocker pour éviter le surpâturage ? Creuser des puits pour qu’ils aient de l’eau eux et leurs bêtes ? Construire des latrines pour améliorer les conditions d’hygiène et leur éviter des maladies comme le cholera ? Les former pour qu’ils apprennent à pêcher ? Non. Pour tout ce qui est entrepris dans leurs propres intérêts, il faut d’abord les payer. Il faut que le Blanc mette la main à la poche. Encore heureux qu’on ne lui lance pas à la figure sa canne à pêche, préférant attendre du poisson tout frétillant. Le CICR, donc le Blanc, va donc encore une fois payer pour venir en aide aux éternels assistés du désert. Mais est-il assez échaudé pour faire attention à certains leaders communautaires, chefs de village, chefs de fraction, dirigeants d’ONG locales, responsables d’associations, ressortissants de…, administrateurs civils, élus locaux ? Si oui, le Blanc se serait rappelé que lors de crises similaires. Ceux-ci n’ont pas eu une gestion juste et équitable de l’aide de la communauté internationale. Les bénéficiaires de cette manne n’étaient pas ceux qui en avaient le plus besoin pour survivre, mais plutôt ceux qui l’ont utilisée pour se construire les fameuses villas de la sécheresse ou les châteaux de la démocratie. Cheick TANDINA

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