Réforme institutionnelle : ATT va-t-il abandonner son projet de révision constitutionnelle ?
C'est le 19 avril 2010 qu'ATT a exposé devant la Nation, au CICB, son Projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie au Mali (PRPCD). En juillet dernier, le projet de loi portant révision constitutionnelle a été adopté par l'Assemblée nationale après moult tractations entre Koulouba et des barons de l'ADEMA dont l'implication a permis le passage en force de cette loi. A laquelle s’opposent maintenant toute la société civile, le principal syndicat des travailleurs, l'UNTM, et une frange importante de l'opinion qui se demande réellement à quoi servira cette réforme qui vient si tard ? C'est-à-dire à huit petits mois de la fin du mandat d'ATT.
L'Adema-PASJ, qui est la principale force politique du pays, avait émis de sérieuses réserves sur le projet de loi portant révision de la Constitution que son Comité exécutif avait examiné le 15 juillet dernier lors de sa réunion ordinaire.
Mais suite à des tractations en coulisse et, aux dires de certains, au palais de Koulouba, le parti de l'abeille est revenu sur sa position et mené campagne pour le vote de la loi, après que le pouvoir ait pris en compte certains des amendements que le parti avait formulés. Il en est de même pour l'URD qui a voté également le projet d'ATT alors qu'il avait (le parti) beaucoup de réserves par rapport à différents points du projet de loi. Les autres partis dits de la majorité ont voté dans le sens de ne pas provoquer l'ire du palais en cette période de grave crise de confiance entre les acteurs de la vie politique de notre pays.
En tout cas, après l'adoption sans anicroche de son projet de loi portant révision constitutionnelle, le président de la République pouvait s'estimer soulagé car un éventuel rejet de ce texte par les députés aurait signifié un camouflet sans nom pour un ATT devenu quelque peu triste et moins reluisant, du fait des multiples préoccupations et maux qui jalonnent la fin de son régime. La corruption grandissante et généralisée, le détournement des deniers publics en toute impunité, l'insécurité visible même en plein cœur de la capitale, le soupçon qui pèse sur ATT lui-même de vouloir procéder à une manipulation de la Constitution dans le but de rester au pouvoir au-delà de son mandat légal…sont des situations qui ont fait naître un état de grande suspicion et d'un manque de confiance entre les acteurs de la scène politique. Et une incrédulité de l'opinion face à la pertinence des mesures prises ou envisagées dans la conduite de l'Etat. L'appel pour un troisième opérateur de télécommunication et le référendum font, par exemple, partie de ces sujets que le Malien moyen a du mal à comprendre.
D'un côté comme de l'autre, les gens pensent que le pouvoir en place est en train de préparer ses arrières étant sur le pied de départ. Avec la paupérisation graduelle de la population, et cela en dépit du prix de l'or, par exemple, qui ne cesse de flamber mais que la Malien lambda est loin de ressentir sur son pouvoir d'achat, le coût élevé des produits de grande consommation, tel le kilo de viande cédé actuellement à 2500F CFA alors que notre pays se prévaut de son statut de grand pays d'élevage, l'insalubrité sous laquelle ploient les différents quartiers de notre capitale…les Maliens sont en train de désemparer, petit à petit, quant à la capacité des leaders politiques à relever les défis actuels, multiples et multiformes.
C'est donc dans cette atmosphère nauséabonde, de méfiance et d'incrédulité de la population que le président ATT persiste et signe : " Je mènerai à bon port mon projet de réforme institutionnelle ". Comment pourra-t-il y arriver quand les électeurs ont le moral au talon ? Face à l'opposition tous azimuts que rencontre ledit projet, ATT ne sera-t-il pas obligé de reculer et de mettre son projet de révision constitutionnelle sous l'éteignoir ? Voilà toute la question que l'opinion nationale ne cesse de se poser en cette fin de règne d'un président, héros du 26 mars 1991, qui a été longtemps adulé.
Aujourd'hui, dans les grins et les salons huppés de Bamako, personne ne comprend le sur-place sur cette question de référendum affiché par le Gouvernement de Cissé Mariam K. Sidibé. Alors que l'équipe qu'elle conduit a eu comme priorité de réussir cette mission des réformes et des élections. Cinq mois déjà qu'elle est en place, très peu a bougé sur ce terrain. Madame le Premier ministre préfère visiter les champs de mil plutôt que de s'assurer du bon ou du mauvais état du fichier électoral dont la fiabilité doit être, à l'heure actuelle, sa préoccupation majeure. Un échec sur ce terrain, ce qui semble être déjà le cas, signifierait la fin avant terme de son bail à la Primature.
Pour le moment, on n'en est pas là. Sauf que le temps presse alors que le Gouvernement de Cissé Mariam K. Sidibé semble aller à un pas de caméléon. A ce rythme, les prochains jours risquent de réserver des surprises désagréables. Dans la mesure où il faudra que quelqu'un paye l'immobilisme de l'actuelle équipe sur les grandes questions qui constituent sa feuille de route. C'est dire qu'un recul sur la question du référendum n'est pas une simple vue de l'esprit. Le message à la Nation du 22 septembre prochain est attendu, de ce fait, avec beaucoup d'anxiété. D'abord pour le Gouvernement qui pourrait se voir remercier…avant terme.
Mamadou FOFANA
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