Le dimanche 20 mai, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et les rebelles touaregs islamistes d'Ansar al-Din seraient parvenus à un accord visant à mettre en place un gouvernement intérimaire conjoint pour diriger l'Etat autoproclamé de l'Azawad. Du moins si l’on en croit certaines informations. Cependant, cette déclaration fait ces derniers temps l’objet de maintes contestations Vraie ou fausse ? En tout cas, les propos des responsables du MNLA en disent long sur cette situation.
[caption id="attachment_64403" align="alignleft" width="344" caption="Image d'un groupe de combattants du MNLA publiée sur le site internet du mouvement rebelle."]
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« Ansar al-Din et le MNLA sont convenus de désigner Belal Ag Sharif, le président du bureau politique du MNLA, pour diriger le gouvernement par intérim de l’Etat de l’Azawad », explique, en substance, un membre du bureau politique du MNLA, Nina Welet Ntalo, qui ajoute : « Mohamed Ag Nejim, un ancien officier dans l'armée malienne, a été nommé au poste de coordinateur général de l'armée. Bien plus, les deux groupes ont mis en place un comité de 40 membres, dont la moitié représente Ansar al-Din et l'autre le MNLA ». Si cette information s’avère fondée, il est évident qu’avec cet accord, c’est une grosse embûche qui vient d’être franchie par les séparatistes qui souhaitent un Etat indépendant dans le Nord du Mali. Mais cette situation ne résout pas la question de la présence des combattants d’AQMI et d'autres groupes terroristes. Aujourd’hui, cet accord intervient à un moment où l'on constate un déclin de l'autorité du MNLA laïc. Ce qui porte atteinte à ses arguments sur sa capacité à convaincre le monde de venir en soutien à son Etat laïc. Malgré les efforts consentis par les responsables du MNLA, ils n’arrivent toujours pas à convaincre le leader d'Ansar al-Din, Iyad Ag Ghaly, de les rejoindre et de renoncer à son alliance avec AQMI, même si des progrès ont été enregistrés lors des négociations. Selon un confrère de Gao, Mohamed Ag Ahmedu, l’une des parties essentielles de cet accord est l'inclusion de groupes ethniques multiples originaires du Nord du Mali.
En plus du MNLA et d’Ansar al-Din, ce pacte inclut le Front arabe pour la défense de l'identité et des groupes proches du Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), AQMI et les leaders de tribus arabes comme les Barabiche, les Kentah, les Amhar et d'autres encore présents dans le Nord visant à instaurer la République de l'Azaouad qui regrouperait des Touaregs et des Arabes aux côtés d'autres minorités ethniques qui partagent avec eux le sol, la religion, l'histoire et les aspirations . Il ajoute qu’entre Ansar al-Din et le MNLA, d'autres questions font encore l'objet de discussions comme le renoncement à une alliance avec les éléments d'AQMI qu'Iyad Ag Ghaly considère comme des immigrants qui ne peuvent être abandonnés. Le dimanche dernier dans la soirée, un haut responsable militaire du MNLA, qui a requis l’anonymat, a déclaré dans la Presse algérienne que son groupe est parvenu à un accord avec Iyad Ag Ghaly concernant le principe de l'indépendance de l'Etat de l'Azawad. « Quant à l'application de la charia islamique, nous sommes convenus qu'il appartiendra au peuple de l'Azawad de choisir, par le biais d'un référendum populaire, s'il souhaite la charia islamique ou un système laïc. Nous sommes également tombés d'accord sur le retrait du drapeau noir et son remplacement par le drapeau du MNLA », explique ce commandant du MNLA avant d’ajouter : « L'autre sujet encore en suspens, c’est la position d'AQMI. Iyad Ag Ghaly n'a pas souhaité l'abandonner et renoncer à son alliance, et il les considère encore comme des amis qui lui ont rendu des services militaires lors de sa guerre contre l'armée malienne ».
Et un habitant de Gao et non moins militant du MNLA, Adoum Ag El-Wali, de renchérir : « Un comité composé d'autorités religieuses de l'Azawad poursuit les discussions avec Iyad Ag Ghaly pour tenter de le convaincre religieusement de renoncer à son alliance avec les éléments d'AQMI. Nous sommes optimistes quant au résultat de ces négociations dans les prochains jours ». En attendant, les scissionnistes gagnent du terrain. Mais la décision prise par les populations arabes de joindre leurs forces à celles des rebelles de l'Azawad est une étape importante qui pourrait conduire à isoler partiellement et neutraliser AQMI.
Jean Pierre James