Entamées le vendredi dernier à Ouagadougou, les discussions entre la délégation du groupe Ansar Eddine et le médiateur de l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne, le président burkinabè Blaise Compaoré, ont abouti mardi dernier sur une déclaration de l’organisation islamiste dans laquelle elle a déclaré sa disposition à trouver une solution négociée à la crise malienne, et à rejeter « toute forme de terrorisme ». Un engagement qui ne semble pas convaincre tout le monde car, Iyad Ag Ghaky et ses camarades n’ont pas clairement rompu avec les groupes terroristes et la charia.
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On est-il allé trop vite en besogne ? c’est la question qu’on se pose 48 heures après avoir applaudi à deux mains les représentants d'Ansar Dine qui ont dit rejeter dans une déclaration lue après l’audience accordée à eux par le médiateur de l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne, le président burkinabè Blaise Compaoré, toute forme d'extrémisme et de terrorisme, promettre de lutter contre la criminalité transfrontalière. Ces engagement qui sont certes des avancées importantes, ne satisfont pas les principales exigences de la communauté internationale, notamment la prise de distance avec Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique, et le Mujao, Mouvement pour l’unicité et la justice en Afrique de l’Ouest. Ansar Eddine n’a pas explicité les conséquences de sa position, énoncée après une rencontre avec le président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré. « Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est partout. Sa force c'est la mobilité, on ne peut pas dire qu'on va s'attaquer à lui dans telle ou telle zone, il est dans tout le territoire malien, voire saharien », a fait valoir Mohamed Ag Aharid, porte-parole de la délégation de Ansar Eddine présente au Burkina Faso. Celui-ci élude par ailleurs la question de la charia, pourtant une revendication centrale d’Ansar Eddine jusqu’à présent.
En effet, dans sa déclaration, Ansar Eddine ne fait pas non plus de référence même floue à la charia, pourtant appliquée dans des zones sous son contrôle. « Nous n'avons pas évoqué [dans la déclaration publiée mardi, NDLR] le problème de la charia parce que ce sont des détails qui ne doivent pas nous bloquer », a déclaré Mohamed Ag Ahari. « Ce n'est pas ici qu'il faut évoquer la charia, c'est peut-être plus tard quand on aura trouvé des compromis pour nous permettre de travailler ensemble, de ramener la paix dans le pays ».
« Nous condamnons le règlement du problème par la force, mais si on est obligé d'aller à la guerre, on fera la guerre, (...) on se battra jusqu'au dernier sacrifice », a-t-il poursuivi, prétendant que son groupe représentait l’ensemble de la population touarègue. Car, selon lui, en cas de recours à la force, « l'histoire retiendra que c'est une coalition internationale contre le peuple touareg ».
Ansar Eddine se dit prêt à dialoguer avec les autorités de transition de Bamako en appelant aussi au dialogue avec les autres groupes armés maliens. Il faut attendre de voir tout ce que cela donnera dans les prochains jours.
Abdoulaye Diakité