Révision constitutionnelle : De l’inopportunité à l’opportunisme

Déc 13, 2011 - 18:30
Déc 13, 2011 - 18:30
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Face à la sollicitation d’une frange importante de la classe politique, la société civile et l’opinion publique nationale, le Président entendra –t-il raison pour renoncer à son inopportune, impertinente et anachronique réforme institutionnelle?                                                                                                           

      Sa politique de l’autruche et de pilotage à vue a montré toutes ses limites en cette chaotique fin de mandat caractérisée d’insécurité tous azimuts.                                                                                                       

Les lettres du ‘’collectif Touche pas à ma constitution’’ au Président de la République et aux élus sont plus que des avertissements, des invites à la raison et à la concentration sur l’essentiel démocratique : des élections présidentielles et législatives transparentes et crédibles pour mieux encrer la démocratie et la gofernance. Toutes choses qui conforteront ATT et sa présidence au Mali. Telle est la quintessence de la présentation faite par le Pr Mohamed Ali Bathily, universitaire et avocastre au barreau lors de la confédébat organisée, samedi dernier, dans la matinée par le collectif ‘’Touche pas à ma constitution’’ à la pyramide du souvenir.                                                                                                                           

Juridiquement, la révision constitutionnelle est inopportune et opportuniste parce que la nouvelle loi fondamentale révisée sera votée sur la base de la loi électorale elle-même adossée à une constitution qui est la remise en cause, selon le conférencier, qui poursuit : «adosser le référendum à la présidentielle est juridiquement injustifiable ».  

Des révélations de fond                                                                                                                                                                                  

Dans son exposé, le conférencier a levé un coin de voile référendaire en révélant les dessous des cartes. En effet, selon lui, la révision de l’article 30 de la constitution était l’objectif principal de l’initiateur du projet ; ce à quoi se sont opposés certains membres du comité d’appui à la révision institutionnelle. C’est gêné qu’ATT a décidé de continuer le processus de révision dans le but de provoquer un chao  dans le pays pour son maintien au pouvoir, a affirmé l’avocastre.                                                                          

Pour démonter le caractère irréversiblement antidémocratique de la révision constitutionnelle prévue pour être couplée à la présidentielle du 29 avril 2012, le Pr Mohamed Ali a mis à plat le texte constitutionnel, en passant en revue certaines dispositions dont les articles: 2 ; 12 ; 58 ; 59 ; 77 ; 95.                                                 Par rapport à l’article 2 qui fait référence à la charte du Kurukan Fuga, l’universitaire s’interroge : «est-ce que l’Etat démocratique est-il fondé à s’accommoder de quelque chose dont certains aspects sont incompatibles avec la démocratie ?»Il y a une grave restriction des libertés, a-t-il répondu. La démocratie ne peut s’accorder avec une charte qui reconnaît, dans ses dispositions, par ailleurs, l’esclavage et la servitude.   Pour l’exposant, la charte de Kurukan Fuga n’est pas déterrée pour en établir la réalité, la matérialité, sa constance. Elle n’est pas enseignée, il faut continuer à étudier cette charte, à rechercher son fondement, a-t-il suggéré.                                                                                             

Le Pr estime que l’article 58, relatif au parlementaires est une violation de la loi et du fonctionnement  parlementaire. ‘’C’est un moyen de chantage institutionnel ; c’est de la corruption» a-t-il renchéri étant donné que le siège du dépité devenu Ministre reste vacant tout le temps qu’il sera occupé au gofernement.                                                                                                                                                                            

 Le conférencier a aboré également les articles 59, relatif au BVG ; 77 concernant la cour des comptes et 95 relatif à la responsabilité pénale du Président de la République. La haute trahison en tant que responsabilité pénale du Président de la république n’est pas définie dans le code pénal malien, a laissé entendre le Pr Mohamed Ali. Dès lors que la cour constitutionnelle est créée, il faut trancher la question liée au concept de cour suprême en ce qui concerne l’article 77 devait clarifier l’exposant. Quant au BVG, les textes qui le créent ne sont pas clairs, à ses yeux. Pour Mohamed Ali, tout le danger de la révision constitutionnelle réside dans l’organisation de la consultation référendaire par le parlement ; ceci est une limitation du champ de la révision constitutionnelle dévolue au peuple souverain. D’où la nécessité de débarrasser le  texte des scories.                                                                                                                                                                                                                 Le Pr Mohamed Ali a , au cours de la confédébat, rappelé un grand principe conceptuel et récepteur de la démocratie, à savoir que «les constitutions sont faites pour les peuples dont l’adoption obéît à une exigence première, en partager la forme et la pertinence avec le peuple.» Le peule malien n’ayant  pas demandé au Président ATT l’organisation d’un référendum constitutionnel, n’y a-t-il pas une duplicité de vouloir faire adopter quelque chose qui n’est pas connu au peuple ? s’est-il interrogé.                                                                                                                                                                                                         

  En fin de débat, le collectif ‘’Touche pas à ma constitution’’ a annoncé une nouvelle marche pour le 30 décembre prochain. Elle vise à dénoncer une fois encore l’imminence d’une révision constitutionnelle. D’autres actions en direction des maliens de l’intérieur et de l’extérieur sont en vue.                                                                                                                                                                                     BT

 

 

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