Révision constitutionnelle : ‘’La Constitution n’est ni le coran ni la bible pour ne pas être révisée’’, dixit Madani Amadou Tall, Président de l’ADM
Le président du parti Avenir et développement du Mali (Adm) était le 5 septembre dernier face à la presse pour aborder la question des réformes constitutionnelles initiées par le président de la République, Amadou Toumani Touré.
Pour la circonstance, Madani Amadou Tall était accompagné par plusieurs de ses lieutenants : Fatou Meité, vice-présidente du parti, Aboubacar Makanguilé, secrétaire général, Abba Cissé président de la jeunesse, Moustapha Diallo, secrétaire général de la jeunesse, et Oumar Coulibaly membre engagé du centre stratégique. Le président de l’ADM avait fait appel au Dr Cheick Cissé, l’un des premiers constitutionnalistes de notre pays. Dans son discours liminaire, Madani Amadou Tall a souligné que la question de la révision constitutionnelle interpelle tout citoyen. L’ADM, en tant que parti citoyen, ne saurait rester en marge du débat en cours actuellement, a-t-il souligné. Pour lever toute ambiguïté, Madani Amadou Tall dira que la position de l’ADM sur la reforme constitutionnelle est claire avant de préciser que « L’ADM soutient sans réserve le projet de reforme constitutionnelle ». A l’en croire, l’ADM est résolument engagé à soutenir le président de la République dans son initiative de réviser la Constitution du 25 février 1992, avant la fin de son mandat.
Les raisons du soutien de l’ADM !
Les raisons qui justifient le soutien du parti ADM tiennent en quelques points. Tout d’abord, le parti, dès sa création, a inscrit ses actions dans le cadre de la mouvance présidentielle. ‘’Nous sommes une formation de la mouvance présidentielle. C’est une question de devoir citoyen’’, a-t-il souligné. Aux dires de Madani Amadou Tall, il y a trois points sur lesquels tous les acteurs de la vie publique de notre pays sont unanimes.
D’abord : tout le monde est unanime que la Constitution mérite d’être révisée. Pour le président de l’ADM, comme tout texte, œuvre humaine, la Constitution a besoin aussi d’une amélioration. ‘’La Constitution n’est ni le coran ni la bible pour ne pas être révisée.’’, a-t-il affirmé.
Ensuite : l’article 30 relatif au mandat du président de la République est un acquis de la révolution de mars 1991, donc du peuple malien ; il doit donc rester intact.
Enfin : l’article 118 de la Constitution malienne permet au président de la République, comme aux députés, de prendre l’initiative de réviser. « Cela signifie que le président de la République est dans son droit le plus absolu d’initier cette reforme constitutionnelle », a souligné Madani Amadou Tall avant d’ajouter que contester cela revient à s’opposer à la Constitution.
Sur la question du timing, le président de l’ADM a rappelé le contexte qui a prévalu à l’élaboration et à l’adoption de la Constitution de 1992. Selon lui, tout a été organisé en un laps de temps : référendum, élections législatives et présidentielles. Le conférencier a déclaré que l’actuelle loi fondamentale a été adoptée par voie référendaire à quelques mois des élections sans empêcher l’organisation de celles-ci. L’orateur a supposé que le gouvernement a les ressources nécessaires pour organiser le référendum sans que cela puisse avoir des conséquences sur le fonctionnement des appareils d’Etat et les élections générales. L’Etat, a-t-il dit, doit toujours trouver des équilibres optimaux pour gérer la société. A en croire Madani, l’Etat ne fait que face aux urgences, voire aux priorités.
Pour Madani, le processus actuel des reformes a été enclenché depuis trois ans avec la mise en place du comité d’appui aux reformes institutionnelles dirigé par Daba Diawara. Pendant ce temps, martèle Madani Amadou Tall, les gens se sont consacrés à tout sauf l’essentiel. On a longuement spéculé sur le 3è mandat avant la prolongation. ‘’Nous avons un chef d’Etat qui respecte l’ordre républicain ‘’, a affirmé Madani Amadou Tall qui se réjouit par le vote par les partis représentés à l’Assemblée Nationale du projet de réformes. Selon lui, ces partis ont apporté le plus grand soutien au président de la République. ‘’Le vote est le plus grand soutien en démocratie’’, a-t-il martelé.
Projet de réforme : un fonds de commerce pour les contestataires !
Certes, le Parti ADM n’est pas d’accord sur certains points mais il trouve que le projet comporte de nombreux avantages pour la République. Dans le projet de texte adopté par l’Assemblée nationale, le président de l’ADM affirme ne pas voir des matières qui renforcent les pouvoirs du président de la République. Aussi a-t-il souligné qu’il n’y a pas de changement qui consacre le passage à une nouvelle Constitution. Donc, il n’y a pas un changement de régime politique ou de République. A en croire Madani Amadou Tall, la révision de la Constitution qui devrait consacrer la victoire d’un peuple et non d’un homme permettra au nouveau président de s’occuper des problèmes urgents de la nation. Il voit en cette réforme un cadeau d’ATT à son successeur.
Madani Amadou Tall estime que chacun est libre d’exprimer ses opinions. En tant que démocrate, il faut accepter les contradictions. De son avis, les contestataires du projet de réforme veulent faire de ce projet, leur fonds de commerce. ‘’Le monopole ne doit pas être laissé à ceux qui veulent faire de la contestation un fonds de commerce….Chacun devient brave à huit mois des élections’’, a-t-il souligné. Le président de l’ADM qui est convaincu que la démagogie a plus de force que la défense ne conteste pas la position des opposants aux réformes. Selon lui, tous les démocrates doivent faire des propositions constructives. « Il ne faut pas laisser aux contestataires le monopole de la réaction. On ne peut pas permettre à certains contestataires d’avoir le monopole de la vérité. Nous sommes d’avis que tout démocrate doit proposer ses solutions aux problèmes de la nation », a-t-il martelé.
Par ailleurs, économiste de son état, il tire la sonnette d’alarme : après 2012 la situation économique du monde connaîtra un bouleversement total. Les pays donateurs, à savoir les grandes puissances, commencent à se chercher à plus forte raison les pays sous la perfusion de l’aide de la communarité internationale. Pour les prochaines années, Madani Amadou estime qu’il serait important pour le Mali de consacrer sa gouvernance afin de trouver des solutions aux problèmes élémentaires du pays.
‘’Alpha Oumar Konaré n’a pas connu un échec ’’
Répondant à la question d’un confrère, le conférencier a estimé que l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, qui a été le premier à entreprendre l’initiative d’une révision constitutionnelle, n’a pas connu un échec. A l’époque, il y avait beaucoup de passion. Et certains n’étaient pas prêts à une évolution. Selon Madani Amadou Tall, le Mali a eu deux chefs de l’Etat (Alpha Oumar Konaré et ATT) qui ont aimé leur pays. ‘’Dans la réalité des faits, nous avons a faire à des patriotes. Ils ont aidé leur pays avec leur intelligence, leur savoir-faire.’’, a-t-il souligné. Il a salué leur grandeur d’âme et leur sens de responsabilité. Ce sont des démocrates et des républicains qui respectent l’ordre constitutionnel. Les présidents Alpha et ATT ont travaillé à améliorer le cadre de vie de leurs concitoyens. Donc, ils ont travaillé dans l’intérêt du peuple.
La logique d’une démarche, le sens d’un engagement
Dans un pays où tout ce qui brille est assimilé à de l’or, il n’est pas facile de trouver des hommes courageux qui bravent certaines règles non écrites de la classe politique pour pouvoir s’afficher publiquement. Dans le contexte politique actuel marqué par une montée en puissance des opposants aux réformes, cette prise de position a le mérite de nous prouver que Madani Amadou Tall est un homme de devoir qui ne réfléchit pas pour sa propre personne. Mais pour son pays.
Contrairement à certains hommes politiques qui ont pris la très mauvaise habitude de se cacher derrière des anonymes, ce jeune politicien a le courage de ses opinions. En démocrate et républicain, il défend, sans verser dans la grossièreté, ses positions. Et cela partout et en toute circonstance. On peut ne pas être d’accord avec lui. Mais une chose est sûre, sa prise de position force le respect. Dans le contexte politique africain, lorsqu’un conseiller aux affaires économiques du président de la République affirme qu’il n’a jamais été pour un troisième de son patron, cela s’appelle de la témérité !
Porteur de véritables projets, homme de conviction, Madani est un leader libre, trop libre pour être classé parmi les béni-oui-oui.
Modibo Fofana
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