Depuis une certain, la polémique autour d’une probable candidature du Premier ministre ne serait que la face visible d’une connexion dangereuse qui se met progressivement en place contre Cheick Modibo Diarra. En effet, subitement, les ennemis d’hier sont devenus des alliés de circonstance dans l’objectif de déstabiliser le Pm à la veille de la tenue de la concertation nationale. Il s’agirait de Dioncounda Traoré, de la nouvelle version de la Copam, du Fdr et de Yèrèwolo ton, avec la bénédiction des militaires de l’ex-junte. Et les stratégies ne manquent pas pour écarter le Premier ministre devenu trop encombrant pour eux. En tout cas, le mot d’ordre «tout sauf Cheick Modibo Diarra» serait le leitmotiv de cette nouvelle alliance contre nature.
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Cheick Modibo Diarra, Premier ministre malien[/caption]
Au moment où les efforts doivent être concentrés sur la reconquête des régions sous occupation des groupes armés islamistes et que la nécessité d’acteurs et organes de transition légitimes s’impose dans le cadre d’une concertation nationale, une nouvelle alliance choisit de divertir le peuple au nom d’intérêts individuels et partisans sordides. Au vu de l’agitation des certaines forces vives de la nation, il semble qu’une coalition est formée autour du président de la République par le Fdr, la nouvelle Copam dirigée par Pr Younouss Hamèye Dicko, Yèrèwoloton et les auteurs du coup d’Etat du 22 mars dernier qui seraient dans une logique de repositionnement politique.
Bien avant la formation du gouvernement d’union nationale, le divorce était déjà consommé entre Cheick Modibo Diarra et les militaires. Pour cause, le Pm aurait refusé d’appliquer à la lettre le diktat des putschistes qui ne répondaient pas toujours aux aspirations du peuple malien. Dès lors, Cheick Modibo Diarra est devenu un homme à abattre pour l’ex-junte et tous les moyens sont bons pour l’éjecter de son poste de Premier ministre. Selon, certaines indiscrétions, à la faveur de la formation du gouvernement d’union nationale, l’ex-junte aurait dépêché certains de ses éléments auprès du Président burkinabè, médiateur dans la crise malienne, pour précipiter le départ de Cheick Modibo. Mais sans succès.
Tout comme les militaires, Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali ne serait plus disposé à accompagner Cheick Modibo Diarra, contrairement à l’engagement qu’il affichait il y a si peu auprès du Premier. La pomme de discorde entre le Pm et le Haut conseil islamique est né, suite à la reconduction de 18 anciens ministres du premier gouvernement de la transition et la nomination de conseillers spéciaux avec rang de ministre. Déçus de la démarche du Pm, le Hci accuse Cheick Modibo Diarra de tentative de restauration de l’Udpm et d’exclusion de la classe politique dans l’élaboration des termes de références de la concertation nationale.
En réalité, après des actions secrètes non productives, les anciens alliés du Dr Cheick Modibo Diarra se sont adonnés à une campagne de dénigrement. Ils ont voulu lui faire un procès d’intention de vouloir se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Il a clairement expliqué que sa priorité n’est nullement l’élection présidentielle. Mais plutôt la libération du nord tant souhaitée par les fils du pays. Après cet échec de monter les Maliens contre Cheick Modibo Diarra, place à une autre machination orchestrée par ses détracteurs.
Le volte-face de Yéréwolo-ton
Au lendemain du coup d’Etat, toutes les actions de Yéréwolo-ton étaient inscrites dans la logique de soutenir le tout puissant Premier ministre doté de pleins pouvoirs. De la descente des militants de Yéréwolo-ton sur l’Assemblée nationale, en passant par leur marche sur Koulouba et d’autres tentatives de dénonciation de la Cédéao et de Dioncounda, beaucoup ont cru, à juste raison, que les animateurs de cette association étaient motivés par un soutien total à Cheick Modibo Diarra. Mais tout d’un coup, ce mouvement se révèle comme le pire ennemi du Premier ministre. Ce retournement de veste s’est traduit par l’organisation de manifestations pour demander le départ de Cheick Modibo Diarra. Yéré wolo-ton n’a même pas hésité à menacer d’occuper la Primature dans les prochains jours, comme ses militants l’avaient du reste fait, en campant pendant plusieurs semaines devant l’Assemblée nationale pour en empêcher l’accès aux députés, jugeant leur mandat caduque. Et tout porte à croire que cette association, qui serait au service de la junte militaire, ne sera nullement inquiétée dans ses agissements contre le Premier ministre.
La Copam nouvelle version
Tout comme Yéréwolo-ton, la Copam a bénéficié des largesses du Pm dans son combat contre la Cédéao qui a eu le culot de transformer le mandat intérimaire de Dioncounda Traoré en mandat de président de la transition, sans consulter le peuple malien. Certains accusent le Pm d’avoir financé à hauteur de plusieurs millions de nos francs l’organisation de la parodie de concertation nationale organisée par la Copam, et qui a abouti à la marche sur Koulouba et à l’agression du président de la République dans son bureau. Curieusement, cette même association, Yéré wolo-Ton, fait partie aujourd’hui des plus grands détracteurs du Dr Cheick Modibo Diarra. Qu’est ce qui peut donc expliquer cette nouvelle attitude ?
Le Fdr passe à la vitesse supérieure
Le regroupement politique de Dioncounda Traoré, le Fdr, autrefois ennemi numéro un de la junte, est plus que jamais déterminé à bouder les concertations nationales. Au cours de sa conférence de presse du samedi 10 novembre, le Fdr a été clair: il n’entend pas participer aux concertations nationales telles que proposées par le Premier ministre. A leur entendement, ces assises risquent de nous ramener sur des questions déjà prises en compte. Notamment le délai et le chronogramme de la transition, de même que les tâches opérationnelles des différents organes définis par la Constitution ou la loi.
S’il est vrai que cette transition est confrontée à un conflit de compétence entre le président de la République par intérim et le Premier ministre aux pleins pouvoirs, les concertations doivent être mises à profit pour clarifier certains aspects. Mais aux yeux du Fdr, le schéma des concertations nationales peut présenter plusieurs inconvénients. Notamment l’équivoque autour de l’intérim et de la période de transition ; l’irruption d’une pluralité de textes et actes juridiques non conformes à la Constitution, dans l’ordonnancement juridique ; la difficile cohabitation entre les institutions classiques reconnues par la Constitution et les nouveaux organes qui ne tirent leur légitimité que d’une Assemblée Nationale dont le mandat est expiré. A cela s’ajoutent le chevauchement entre les organes consultatifs dont les missions sont similaires (Hcc, Cesc et Cnt) ; le bicéphalisme de l’exécutif entre le Président de la République de transition et le Premier Ministre. C’est suite à ce genre d’analyse que contre toute attente, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (Fdr) a conditionné sa participation aux présentes assises à la prise en compte de ses propositions au lieu de profiter de ces assises pour faire ses propositions. Il s’agit pour le Fdr de reprendre la mise en place du Comité technique chargé de l’élaboration des termes de référence dont la présidence doit être confiée à une personnalité neutre et consensuelle, ce qui est déjà le cas. Et que le Comité d'organisation soit composé de manière paritaire afin que tous les regroupements politiques y soient représentés de façon égalitaire, ce qui est pratiquement impossible avec une pléthore de partis politiques dont certains ne font partie d’aucun regroupement.
La concertation nationale est également le lieu de discuter de la question du nord, une question est toujours discutée ailleurs et par d’autres qui nous imposent des décisions en parlant de dialogue et de négociation au lieu de faire la guerre. Or, selon certaines sources, lors de son récent voyage au Qatar, le Président Dioncounda Traoré aurait reçu beaucoup d’argent pour éviter la guerre. A son retour, il aurait bien graissé certains putschistes et des organisations pour atteindre ses objectifs. Entre autres, selon certains proches de Cheick Modibo Diarra, se débarrasser de l’actuel Premier ministre dont la popularité va crescendo et qui devient de plus en plus gênant pour cette coalition infernale.
Oumar KONATE