Scandale des 33 bébés morts à la Pouponnière I de Bamako: Des soupçons de trafic international d’enfants

La  pouponnière I de Bamako est au cœur d’un scandale. La directrice de cet établissement, qui accueille des petits enfants abandonnés de 0 à 4 ans, a été déférée le lundi dernier à la prison des femmes de Bollé. Elle est accusée d’actes de négligence qui auraient provoqué la mort de 33 bébés entre août 2010 et février 2011. Cette affaire qui serait la face cachée de l’iceberg du trafic des enfants, continue de faire grand bruit au Mali.

La directrice de la pouponnière I de Bamako a été arrêtée le 26 mai dernier par la brigade des mœurs. Depuis plusieurs semaines, ce service mène une enquête sur la mort suspecte de 33 bébés entre août 2010 et février dernier. Dans un rapport datant du 17 février 2011, publié dans la presse malienne, la brigade des mœurs note tous les manquements au bon traitement des nourrissons alimentés seulement à base du riz. Ces bébés ne porteraient aussi ni couche ni habit adapté à la saison. Ils souffraient aussi d’un manque de soins et d’hygiène.

Un trafic international d’enfants dénoncé
Lundi dernier, Diallo Aminata Kéita a été placée sous mandat de dépôt dans le centre de détention pour femmes de Bollé. Selon une source judiciaire, « la directrice devra répondre des chefs d’accusation de non assistance à incapable mais aussi de faux et usage de faux et de détournement d’argent ».

Faut-il le rappeler, la pouponnière dépend de la direction nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille. Elle vit notamment de dons versés par des associations spécialisées dans l’adoption. Des associations basées en France, en particulier.

A lire les nombreux témoignages sur les forums de familles adoptantes, la Pouponnière I de Bamako avait, jusque là, bonne réputation. A Bamako, au plus haut niveau de l’Etat, on cherche à minimiser les accusations. Le site internet de la Primature reproduit le 4 avril dernier un article de l’Essor qui s’interroge : «La pouponnière serait-elle victime d’accusations injustes ? ». Une question qui ne devrait pas tarauder les esprits puisque sa réponse ne pourra être donnée que par la justice. En attendant, des voix se lèvent pour dénoncer un trafic d’enfants maliens à l’étranger organisé par les maisons d’accueil. Selon différents témoignages, des couples maliens auraient soutenu avoir versé d’importantes sommes à des intermédiaires qui disent travailler au compte des responsables de maisons d’accueil d’enfants. Des révélations confortées par l’adoption en 2010, en catimini, d’un enfant d’une malade mentale par un couple canadien qui a d’ailleurs retourné le bébé après la découverte du scandale à la Pouponnière I de Bamako où la directrice avait soutenu que le bébé était mort. On doit donc approfondir les enquêtes pour savoir si les 33 bébés annoncés morts le sont réellement.
Abdoul Karim Maïga