Sénégal - Youssou N'Dour : " Je peux gérer l'Afrique "

Octobre 19, 2013 - 14:47
Octobre 19, 2013 - 14:47
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[caption id="attachment_175294" align="aligncenter" width="620"]Youssou n'Dour sera en concert à Bercy le 12 octobre. © Christine Olsson/AP/Sipa Youssou N'Dour sera en concert à Bercy le 12 octobre. © Christine Olsson/AP/Sipa[/caption] Il est monté de la Médina jusqu'au conseil des ministres. Rencontre avec le ministre et conseiller présidentiel avant son concert à Bercy.   Un jour de septembre, en costume et cravate sombres, Youssou N'Dour, le ministre du Tourisme, passe la main à son successeur pour devenir ministre conseiller spécial du président du Sénégal,Macky Sall. Un avion plus tard, la star se pose dans le hall d'un grand hôtel parisien, veste mordorée, avant de repartir pour New York, aux Nations unies, accueillir le président. Au retour, il endossera à Bercy les habits traditionnels de l'artiste, après deux ans sans être remonté sur une grande scène (1).     D'une phrase le chanteur résume son destin : " Je suis monté de la Médina jusqu'au conseil des ministres. Rien n'était prédestiné. " L'enfant né dans un quartier populaire de Dakar a été nommé d'abord ministre de la Culture, bien que sans diplômes et stigmatisé comme tel. Il s'est aussitôt rendu chez l'intellectuel le plus respecté du Sénégal, le sage Cheikh Hamidou Kane, auteur de L'aventure ambiguë (1961), un grand roman qui raconte la difficulté d'un jeune homme à choisir entre sa culture traditionnelle et celle de l'Occident, où il étudie.     Youssou N'Dour, lui, a choisi son Sénégal ouvert au monde entier, en artiste et en homme d'affaires, à la tête du groupe Futurs Médias (dont une chaîne de télévision), qui emploie 500 personnes. Jusqu'à s'engager en politique. La nouvelle tombe début 2012 : le chanteur annonce sa candidature à l'élection présidentielle. Elle sera invalidée. Youssou N'Dour fait alors campagne pour l'opposant de Wade, Macky Sall, qui, aussitôt élu, le nomme ministre de la Culture. Le chanteur engagé et ambassadeur de l'Unicef, " You ", comme le surnomment les Sénégalais, incarnation de la New Africa, est entré au coeur de l'Etat.     " Je suis là, donc j'en fais partie ".     "Ma participation quotidienne au gouvernement ne m'a pas révélé un monde complètement différent, mais je crois y avoir amené un peu d'émotion et reçu beaucoup d'humilité." Pendant vingt mois, son quotidien est métamorphosé." Dans ma vie, je n'avais jamais été commandé. J'ai vécu presque deux ans en suivant les règles de l'État. Cette discipline m'a fait l'effet d'une sorte de retraite spirituelle, une expérience extraordinaire qui s'achève à ma demande." Youssou N'Dour y a appris la patience, celle que le pouvoir, dépendant des organismes internationaux, exige des Sénégalais en attente des changements annoncés.     Désireux de renouer avec ses "sensations artistiques", il a repris sa liberté tout en continuant de travailler pour le président "de manière transversale". À son pays l'artiste apporte désormais "du Youssou"- traduisez : du réseau, une image, une facilité à communiquer avec la population et des connexions internationales. Et retrouve la musique. Son "grand bal sénégalais" de Bercy (douzième édition) est un rendez-vous presque rituel avec le public parisien. "On y verra l'Afrique de la joie, de la fête, celle qu'on ne montre pas souvent", dit le chanteur.     "Feke ma ci bollé", FMCB est le mouvement qu'il a lancé en 2010. En wolof, cela signifie : "Je suis là, donc j'en fais partie". Maintenant que l'artiste a goûté à la chose politique, la formule résonne comme la proclamation d'ambition sans le moindre complexe. " Je reste dans la politique, je suis ambitieux, je travaille aux côtés d'un leader avec lequel je m'entends très bien. On est ensemble, on continue. Mais moi, je suis capable de gérer l'Afrique. "     (1) Bercy le 12 octobre   Le Point - Publié le 10/10/2013  

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