Siaka Diakité - syndicaliste et ou homme politique: «L’évidence est bien loin de la réalité»
Nous sommes bien loin des années 80 où faute de partis politiques au sein desquels auraient pu s’exprimer les opposants au régime militaire, des enseignants, pour la plupart, ont investi le SNEC, le syndicat de l’Education et puis l’UNTM pour mener une réelle lutte politique contre le parti unique. La suite est connue, le régime du GMT est tombé avec pour conséquence une école fortement politisée.
Cependant après 20 ans de multipartisme intégral, il est inacceptable sinon intolérable que la même situation soit, d’une manière subtile, entretenue pour mener désespérément un combat d’arrière garde.
«L’Inter de Bamako» a toujours soutenu que de la déconfiture que nous vivons reste une responsabilité partagée entre les deux législatures de l’Assemblée nationale depuis 2002, les Gouvernements successifs et le Président ATT, mais aussi la Centrale syndicale pour son soutien complice.
Dès lors, l’opinion est en droit de comprendre ce lien étroit entre les politiques, qui ont toujours soutenu le régime ATT et la Centrale syndicale, à la limite déloyale vis-à-vis du monde du travail. On ne saurait, sans le bon vouloir d’ATT, être Vice président du CESC, une Institution de la République, Président du Conseil d’administration de l’INPS, tout en gardant les deux pieds à l’ANPE et assumer loyalement les fonctions de Secrétaire général de l’UNTM.
Point de doute donc, par rapport au dessein inavoué que nourrit cette classe de combinards venant d’horizons divers dont l’objectif réel est la défense des intérêts à eux concédés par le régime d’ATT. Leur tentative sera vaine car la défense des intérêts mesquins et individuels ne peut pas occulter la vérité nationale et freiner la marche en avant des forces vives de tout un pays.
Une des manifestations que l’on peut retenir des agissements de l’UNTM, composante du «Front du Refus», c’est qu’au moment où la vie de la nation fait l’objet de préoccupations majeures avec l’occupation d’une partie du territoire, la mise en place des nouvelles Institutions, l’incompréhension de nos partenaires extérieurs, le manque à gagner sur les recettes budgétaires des régions nord et surtout le ralentissement des activités économiques et financières de toute la Nation, que ce même syndicat choisit pour évoquer des revendications corporatistes dont la résolution avait été promise par l’ancien régime.
La question se pose donc de savoir le degré de patriotisme ou de conscience nationale qui anime les responsables du «Front du Refus». Le problème subséquent à cela est de savoir si l’on défend l’intérêt des travailleurs ou si l’on défend un régime ou l’intérêt de certains partis politiques en fonction du contexte actuel.
Tout laisse croire à cela, à la vue du balcon de la Bourse du Travail, où, se tenant au coude à coude Siaka Diakité, Ibrahima N’Diaye dit Iba, Me Kassoum Tapo, Soumaïla Cissé et bien d’autres, dénonçaient le coup d’Etat perpétré contre un ancien putschiste, qui, pourtant a toujours soutenu que le coup n’est qu’une réponse à la mauvaise gestion des politiques.
S’agit-il d’une mauvaise foi ? Il ressort dans leur argumentation que «les deux parties avaient convenu du paiement des indemnités dites de résidence en mars 2012.»
On voit bien que le régime défunt n’avait pas mandaté lesdites indemnités comme convenue, dans la mesure où les salaires du mois concerné ont été payés sans aucune augmentation.
L’UNTM ne saurait valablement retenir le renversement du régime ATT pour retourner l’opinion du monde du travail contre les nouvelles Autorités, car les salaires du mois de mars 2012 ont été techniquement traités dans la dernière semaine du mois de février 2012, donc bien avant le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Il est certain aujourd’hui que les rencontres des hommes politiques à la Bourse du Travail est en contradiction avec la vocation de ce lieu, qui est avant tout un lieu de défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs et non la défense d’un régime politique, quel qu’il soit.
Dès lors, il y a lieu d’éviter l’amalgame, si des syndicalistes se découvrent une vocation de politiciens, il leurs revient de rejoindre les lieux appropriés pour l’expression de leurs opinions politiques et pourquoi pas, mener le combat politique.
Brin COULIBALY
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