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![Opération d’achèvement du RAVEC : Plus de 3.700.000 nouveaux électeurs seront concernés](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2014/10/sada-samake.jpg)
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Général Sada Samaké[/caption]
Répondant aux "attaques" successives, plus ou moins virulentes, du principal interpellateur du jour, le député Oumar Mariko, élu dans la circonscription de Kolondièba (localité du Sud du pays ayant subi récemment une attaque jihadiste), le ministre s’est voulu clair et précis. En effet, à l’endroit des "agitateurs de l’ombre", il a déclaré qu’"il n’y aura plus jamais de coup d’Etat au Mali". Et d’insister : "C’est fini ça ! Le Mali ne connaîtra plus jamais de coup d’Etat. Que les agitateurs dans l’ombre le sachent !".
La sagesse africaine recommande de se méfier de la parole, car, si ailleurs toute autre chose crée sa progéniture, la parole, elle, enfante sa génitrice (mère). Malgré cette anecdote pleine de sens pour des gens avertis, nombreux sont nos contemporains qui se laissent aller à bien des excès à la faveur d'envolées lyriques.
N'ayant jamais été partisan, ni de près ni de loin, des coups d'Etat qui sont toujours de nature anti-démocratiques et généralement anticonstitutionnels, j'aimerais bien croire à cette "prophétie" du ministre en charge de notre sécurité. Il sait certainement mieux que quiconque ce qu'il dit.
Cependant, à sa place, au regard des énormes déficits de gouvernance, du niveau d'injustice et d'inégalité de traitement jamais égalé auparavant dans notre pays ; de la dégradation exacerbée des conditions de vie des populations ; de l'impunité érigée en système de gestion ; de l'arrogance des plus nantis vis-à-vis des plus démunis ; de la volupté des décideurs à s'accaparer toute la richesse nationale à travers des voies détournées, indues et illégales, je me serais prémuni d'un minimum de précaution, de prudence et de modestie dans mes propos. Bien que rien de tout ce qui vient d'être énuméré comme maux ne puisse justifier à mes yeux un coup d'Etat.
Mais aussi, les mêmes causes pouvant toujours produire les mêmes effets, c'est aux politiques et aux décideurs de créer plutôt les conditions, toutes les conditions, pour que le Mali ne connaisse plus jamais de coup d'Etat. Sinon, en 1991 un autre général, de surcroît président de la République et chef de l’Etat à l’époque, avait promis de "faire descendre une couronne d’enfer sur la tête de quiconque s’aventurerait à s’en prendre aux institutions de la République pour quelles que revendications que ce soit".
La suite est connue. Excédées par le mal vivre, l’injustice et tous les maux qui gangrenaient alors la société, les populations n’en ont eu cure. Ainsi vint le 26 mars 1991. Le régime fut balayé par un coup d’Etat parachevant la lutte acharnée des populations civiles.
En la matière, les discours, les slogans creux, vides et insensés ainsi que les propos d'un ministre, fut-il général, visiblement perturbé par la témérité et la pugnacité de son interpellateur du jour, n'y feront pas grand-chose en lieu et place de mesures concrètes visant à soulager les populations des multiples souffrances constituant leur lot quotidien.
Le verbiage n’y peut rien et n’y fera rien !
B. Sidibé