Soldats, à vos marques
Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu en même temps que la consultation référendaire, le 29 avril 2012. Les membres du gouvernement n’ont appris cette proposition du général Kafougouna Koné que quelques heures avant le Malien ordinaire.
Pour commenter cette décision, le porte-voix du gouvernement, Sidiki N’Fa Konaté, à la suite de son vieux mentor Amadou Toumani Touré, souligne que le Mali «commence» un processus électoral l’an prochain. Lapsus ou ignorance ? Dans les deux cas, il convient de relever que depuis 1991, le Mali a entamé son processus démocratique, qui est un processus continu, dialectique. Partant, le processus électoral, aussi. Affirme l’inverse, c’est reconnaitre que ces processus, au Mali, sont menés par intermittence, avec des moments d’interruption voire de rupture. Du coup, personne ne devrait plus s’étonner que le fichier électoral prête à confusion, n’étant élaboré qu’à la veille de consultations, que les réformes institutionnelles et politiques soient décriées par certains, qui jugent qu’elles interviennent à des moments inopportuns, que la révision constitutionnelle fasse autant de boucan contestataire, parce que plusieurs élèves de la classe politiques estiment ne pas avoir participé aux étapes préparatoires, que l’adoption d’un «bon» Code des personnes et de la famille soit sans cesse remise, car personne ne veut assumer le changement pourtant nécessaire car tendant vers une société plus moderne et plus juste envers la femme.
Mais, c’est véritablement, le texte fondamental qui est à l’honneur. «Touche pas à ma constitution», s’insurge le front du refus pour qui la constitution doit rester en dehors du processus évolutif de la société, de l’Etat et de la nation. Le texte doit rester tel qu’il a été adopté et promulgué en 1992. Pas question qu’il suive le mouvement.
Les autorités ne l’entendent pas de cette oreille. Le projet, adopté par les députés de tous les partis politiques hormis ceux de la SADI, sera consulté par le peuple. Nouveau problème : la date retenue par le gouvernement est également contestée. Notamment par un certain Groupement des partis solidaires (GPS). Ils sont quarante quatre et sont drivés par Younouss Hamèye Dicko. Leur argument ? «Il n’existe aucune loi qui autorise le couplage des élections», (premier tour de la présidentielle et référendum, NDLR). Sans entrer dans un juridisme ou dans un débat sur la loi, il est important quand même de noter qu’il n’existe aucune loi qui interdit le couplage des élections. Et tout ce qui n’est pas interdit par la loi est permis.
En outre, le couplage des élections et du référendum permet au gouvernement de faire une économie substantielle, en finances et en temps, et offre la possibilité de booster le taux de participation. Or, cela est un véritable défi qui s’impose au chef de l’Etat sortant, lequel, depuis 1992, voit le taux d’abstention grossir au point de faire accepter le vote sanction.
Mais pour l’heure, les positionnements intempestifs du GPS et les incommodités de la COMODE n’émeuvent guère les généraux au pouvoir. Ils ont d’autres fronts autrement plus préoccupants. Car cette fois, il s’agit véritablement de guerre dont la déclaration vient du nord. «Nous n’accepterons jamais que des armes et des armées étrangères inondent la bande sahélo saharienne et agressent nos pays », a déclaré ATT suite aux événements de Hombori et de Tombouctou. Le président Touré aurait dû dire : nous n’accepterons plus. Car il sait plus que tout autre, bénéficiant de ses services de renseignements et de ceux des Américains et des Français, que depuis des années le septentrion malien est le paradis des terroristes et bandits armés de tout genre. Il est vrai que la sanctuarisation du septentrion par AQMI et les ex-MFUA est due essentiellement au manque de moyens financiers, matériels et humains dont souffre le gouvernement, à la complaisance et à l’hypocrisie de certains cercles algériens, mais elle est également due au laxisme du gouvernement malien ayant privilégié une gestion basée sur un dialogue de sourds et un marché de dupes. En outre, ces armes et armées qui inondent la bande et agressent « nos » pays ont longtemps été tolérées par les forces armées et de sécurité maliennes. Seulement, au nom d’un semblant de pacte de non agression semblait, les Maliens étaient jusque-là épargnés. Il a fallu l’exécution du colonel Ould Bouh, en 2008, pour que le président donne de la voix et en appelle à une gestion internationale et concertée de la menace. Aujourd’hui, avec l’enlèvement de cinq Européens et la mort d’un Allemand, le général monte sur ses grands chevaux.
Mais cela ne suffira pas. Les (trop ?) nombreux officiers supérieurs de l’armée et des forces de sécurité doivent enfin mériter leurs galons et étoiles. Autrement dit, déserter leurs somptueuses demeures pour les bivouacs, troquer leurs luxueuses 4X4 japonaises contre des Jeeps, BRDM et VLRA, fermer leurs comptes bancaires pour ne se contenter que de la solde, quitter les boubous Bazin et wax pour le treillis. C’est en cela qu’on reconnait le véritable militaire.
Cheick TANDINA
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