Sans violer le code de bonne conduite, les quatre candidats du FDR à la présidentielle du dimanche dernier, Modibo Sidibé, Soumaïla Cissé, Dramane Dembelé et Jeamille Bittar sont sortis de leur silence pour décrier l’attitude de certains médias, d’avoir publié, tôt, les résultats favorables à un seul candidat, source de nombreuses troubles.
Part de vérité, d’entrée de jeu le candidat de l’URD, Soumaïla Cissé a rappelé que « si nous sommes là aujourd’hui à parler d’élection c’est par ce que le FDR s’est battu pour que cela soit ». Selon lui, en tant que premier front anti putschiste le FDR a payé le lourd tribut pour le retour à l’ordre constitutionnel. C’est pourquoi, il a affirmé que leur regroupement respectera la décision de la Cour Constitutionnelle. Mais en attendant, il affirme qu’il est de leur devoir de condamner certains manquements graves à la bonne conduite du processus électoral.
Concernant les faits, il dira que le soir du scrutin, deux heures seulement après la fermeture des bureaux de vote, une radio de la place s’est mise à décliner les résultats. « Nous sommes des Maliens, nous avons assisté à de nombreuses élections, jamais on a proclamé les résultats quelques instants après le scrutin, nous savons que cela n’est techniquement pas possible », a-t-il indiqué, avant de préciser qu’ « au Mali, il ne pouvait pas avoir des résultats deux heures après la fermeture des bureaux de vote ». Pour preuve, qu’il y’a des zones enclavées en cette période hivernale, pour acheminer les résultats de làbas, il faut parfois deux jours.
Aussi, il dira qu’il existe une centaine de radios à Bamako, ce n’est qu’une seule et même radio qui paradoxalement à tous les résultats et en détails, cela, pour lui est une manipulation. Que cette manipulation a créé une fausse situation d’éphorie dans la ville de Bamako. « C’est ça que nous avons dénoncé », a-t-il déclaré.
Un deuxième tour indispensable, inévitablement !
Par rapport à l’hypothèse d’un deuxième tour au compte de cette élection présidentielle, l’ancien président de la Commission de l’UEMOA a été on ne peut plus clair : « nous connaissons les forces politiques dans ce pays depuis 1992, nous savons la répartition globale des intentions de vote, et compte tenu de ce que nous avons comme chiffres, nous pensons qu’aujourd’hui, un deuxième tour est indispensable inévitablement ».
Abondant dans le même sens le candidat des FARE, Modibo Sidibé dira qu’il faut que : « la sincérité du vote des Maliens soit respectée, c’est le caractère serein qui a dominé la campagne et la journée du vote. Les Maliens et les Maliennes ont voté en discipline et affluence, le reste du processus doit suivre la même voie, qu’on reste dans le cadre de respect de procédure ». Et d’ajouter : « Nous savons conformément aux textes qui et qui doivent déclarer les résultats, qu’on attende que ceux-ci déclarent les résultats, je crois ce serait plus serein pour tout le monde ».
Selon lui, la chance qui a été redonnée à notre démocratie avec le vote massif des Maliens, mérite d’être entretenu pour voir comment nous pouvons aller plus loin dans la consolidation de notre démocratie. Il poursuivra son propos en ces termes « Si chacun devait publier ses tendances, il y’aura une guerre des chiffres, ce qui n’est pas l’idéal pour notre démocratie ». Et d’inviter les uns et les autres à attendre que les autorités compétentes publient les résultats. « En ce moment nous pourrions faire la comparaison avec ce qu’on a pour ensuite user de toutes les voies qui existent afin de les contester, lorsqu’il y a matière » a-t-il martelé.
Une situation qui dépasse l’entendement !
Dramane Dembelé, sans tomber dans l’ironie a décrié les résultats publiés, ne serrait ce qu’avec le seul exemple de la circonscription électorale de la CVI. Ainsi, il affirmera qu’au niveau de la CVI « un candidat a eu 90% des voix et les 26 autres sont confinés dans les 10% ». Et du coup, il s’est exprimé en ces termes « même du temps de l’UDPM, cela n’était pas possible ». C’est pourquoi, il a dit qu’il urge d’interroger les aberrations, trouver les bons arguments pour partir en deuxième tour, qui est inévitable à son égard, à tout point de vue.
Sans détour, Soumaïla Cissé affirmera que le scénario qui est sur le fameux document, découvert sur les traces des acolytes du vainqueur autoproclamé, est celui qui est en train de se dérouler. « Il y’a eu des manifestations brusques pour dire qu’un candidat a été élu, cela est prévu dans le document, et pour la même date, le 28 juillet au soir. Il y’a un passage sur le document qui dit qu’il sera élu avec un taux de 50,10%, c’est ce qui est annoncé aussi à travers la ville » dira-t-il.
Par rapport toujours au document concerné, Iba N’Diaye dira que c’est un document troublant. « C’est pourquoi, nous avons tenu à ce que l’ensemble des autorités et des partenaires en soient informés. A notre avis, compte tenu de la nature des informations qui sont tenues dans ce document, nous avons pensé qu’il devait donner lieu à des investigations pour rétablir la vérité si tel est le cas » a-t-il laissé entendre avant de préciser qu’ils n’ont reçu aucune suite à leur demande. Au même titre que l’affaire des 1million neuf cent cartes non personnalisées. Nous avons saisi la CENI, pour signaler que les cartes n’ont pas été mis sous scellé, comme promis par le ministre, mais restées en France. Sur cette demande nous n’avons pas été répondus » s’insurge-t-il.
Soumi, indiquera qu’il n’y a pas une guerre des chiffres, qu’on est à une phase où ils souhaitent que les gens restent sereins pour le bien de tous. « Nous sortons d’une crise grave, au sortir de cette crise nous ne souhaitons pas une nouvelle crise, c’est pourquoi le FDR a toujours attiré l’attention sur les dérives probables.
C’est ce qui fait que nous continuons, même avec cette conférence, à apaiser les tensions, à attirer l’attention des uns et des autres sur des dérives éventuelles.
Moustapha Diawara