Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition : «La liberté d’expression a été chahutée dans notre pays par les autorités»

Jan 10, 2016 - 19:22
Jan 10, 2016 - 13:20
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Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition : «La liberté d’expression a été chahutée dans notre pays par les autorités»
Ce samedi 9 janvier 2016, le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, s’est livré à son traditionnel exercice de présentation de vœux à la presse. Par la même occasion, il a décrié la dégradation des conditions de travail de la presse avant de peindre en noir la gestion d’IBK. En guise d’hommage à la presse, le Président de l’URD, non moins chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a présenté ses vœux les meilleurs aux hommes de média. A cette occasion, il a salué le courage des journalistes pour leur   «surveillance» de la gestion des affaires publiques. Car, leurs dénonciations des maux et intrigues et leurs révélations constituent un apport inestimable dans la quête de la bonne gouvernance et de la gestion saine des deniers publics. Toutefois, regrette-t-il,  malgré les efforts louables de la presse pour la développement du pays, elle ne bénéficie pas de l’attention des autorités à la dimension de leur mission. «Nous tournons la page d’une année noire, particulièrement éprouvante pour vous de la presse et des médias. 2015 a commencé avec le terrible et sanguinaire attentat contre le journal «Charlie Hebdo «le 13 janvier 2015.  Et l’assassinat odieux   de trois jeunes dont l’animateur et Directeur des programmes d’une Radio privée dans la nuit du 17 au 18 décembre 2015 à Tombouctou.  Le bilan lourd présenté par Reporters Sans Frontières fait état de 110 journalistes tués ou décédés de mort suspecte durant 2015. C’est triste et inadmissible !!! Aucun démocrate, épris de paix et de justice, ne doit rester simple spectateur face à une situation aussi préoccupante qu’intolérable», a-t-il déclaré. En ce qui concerne le Mali, Soumaïla Cissé se dit indigné par la violation des libertés d’expression. «Au cours de l’année 2015, la liberté d’expression chèrement acquise au prix du sang a été fortement chahutée dans notre pays par les plus hautes autorités de notre pays qui n’ont pas hésité à s’en prendre nommément à un dirigeant de l’opposition à tort et dans des termes empreints de menaces. Notre vigoureuse réaction, votre prompte désapprobation, l’indignation citoyenne de nos compatriotes ont démontré l’indéfectible attachement du peuple malien aux valeurs fondatrices de notre démocratie». S’agissant de la liberté de  presse malienne, il estime que la situation est désastreuse. «Reporters Sans Frontières nous informe que le Mali s’est classé en 2015, 118eme  sur 180 en matière de respect de la liberté de la presse. Ce rang n’est pas digne de notre pays quand  on sait qu’il y a 6 ans seulement nous occupions la 26eme position sur 173 pays évalués», ajoutera-t-il. Partant, il affirme partager  la proposition de Christophe Deloire de Reporters Sans Frontières. Il s’agit de la mise en place d’un mécanisme concret pour l’application du droit international sur la protection des journalistes.  Avant de préciser que  l’URD est disposée à approfondir et à appliquer toutes les initiatives visant à protéger les journalistes contre ces exactions indignes de notre époque. C’est pourquoi l’inscription budgétaire pour 2016 de l’aide à la presse de 190 millions de francs CFA a été jugée dérisoire par le chef de l’URD. Car, explique-t-il, une presse de qualité, disposant de moyens adéquats et de personnels bien formés est un gage de saine information. La gouvernance d’IBK vue par Soumaïla Cissé De l’avis du chef de file de l’opposition, la gouvernance de son challenger politique, Ibrahim Boubacar Keïta, est caractérisée par la corruption, la concussion, la gabegie financière et les mensonges que la presse et l’opposition ne cessent de dénoncer. Pour lui, en 2015  comme en 2014, la déception est grande pour notre peuple face aux promesses non tenues  sur le plan de la sécurité et de l’amélioration des conditions de vie des Maliens. Sur le plan sécuritaire, argumente M. Cissé,  en 2015, au moins 346 personnes ont été tuées au cours d’une centaine d’incidents. Au  moins 170 personnes sont mortes au cours de 44 affrontements armés  depuis la signature de l’Accord d’Alger le 20 juin. « Le 20 novembre 2015, l’attaque de l’hôtel Radisson au cœur de Bamako, notre capitale, en plein jour, est venue brutalement mettre à nu notre vulnérabilité, par le laxisme dans la gestion sécuritaire et l’extrême dénuement de nos forces de défense et de sécurité», dit-il. Inquiet  de la détérioration de la situation sécuritaire, le conférencier exige du Gouvernement plus d’efforts pour doter nos forces armées et de sécurité en équipements adéquats leur permettant d’assurer efficacement leurs missions de protection des personnes et de leurs biens. Aussi, a-t-il souligné la nécessité de bâtir une armée forte, professionnelle, et républicaine capable de garantir de manière durable la sécurité et l’intégrité du territoire national.  Et la mise en œuvre scrupuleuse et transparente de la loi de programmation militaire votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. S’agissant du  processus de paix, il dénonce l’attitude solitaire et suicidaire du gouvernement. «Nous avons redouté la signature d’un accord dont l’application entraînerais le pays vers une autre crise. Nous ne sommes pas loin d’un tel scénario aujourd’hui dans la mesure où les formats et les calendriers ne sont pas tenus, la confiance se fait attendre et nous sommes devenus tributaires des évènements. L’histoire nous donne malheureusement raison», a déclaré Cissé. Pour lui, les discours d’autosatisfaction prononcés par le Président IBK sont en contraste avec la réalité que vivent les Maliens.  La cacophonie autour de la communication gouvernementale sur l’Etat d’urgence a finalement été le cadeau désastreux de fin d’année offert aux Maliens pour boucler une année noire. Jugeant  2015, d‘année de la déception et de la désillusion,  le président de l’URD invite le Président de la République   à mieux tenir le gouvernail du bateau Mali en constante perdition. Pour ce faire, il suggère : d’assainir la gestion des fonds publics en général et l’attribution des marchés publics en particulier; de faire en sorte que la corruption, l’indiscipline budgétaire et les détournements soient sanctionnés conformément aux textes en vigueur; de rendre désormais transparents les travaux de la commission d’attribution des logements sociaux; de mettre immédiatement et définitivement fin aux dépenses de prestige; de renforcer les moyens des forces de sécurité;  de porter le montant total de l’aide à la presse à un seul niveau comme ce fut toujours le cas et d’envisager une augmentation sensible pour les prochains exercices;  d’élaborer enfin une véritable politique de formation et d’emploi des jeunes par la multiplication et la décentralisation des centres d’apprentissage aux métiers de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’artisanat. Oumar KONATE   SOUMAILA CISSE FACE A LA PRESSE «L’implication de la religion dans la politique nous préoccupe tous» A l’occasion de sa présentation de vœux à la presse ce samedi 9 janvier 2016, le président de l’URD, Soumaïla Cissé s’est prononcé sur les sujets d’actualité. Parmi lesquels, l’immixtion de la religion dans la politique. La semaine dernière a été marquée par les déclarations fracassantes du Guide spirituel d’Ançardine, Chérif Ousmane Madani Haïdara contre les politiques. Notamment le Président de la République, IBK. Frustré par l’absence des forces de l’ordre et de sécurité à son lieu de prêche, qu’il qualifie de tentative de sabordage de ses festivités de Maoloud, Haïdara avait menacé. «Si vous ne faites pas attention, ce sont les musulmans qui vont prendre le pouvoir. Si nous voulons qu’un Imam soit au pouvoir, il le sera», prévenait-il. Ces déclarations qui ont paniqué le chef de l’Etat ont été suivies d’une rencontre entre lui et le prêcheur, au cours de laquelle les deux protagonistes se sont expliqués. Au regard de ce malaise qui s’était installé entre religieux et politiques, nombreux sont les hommes politiques maliens qui ont fui ce débat tout au long de la semaine dernière. Les journalistes ont donc profité de la présentation de vœux de Soumaïla Cissé pour lui tirer le vers du nez. En réponse à leur question sur ce sujet, le président de l’URD a fait preuve de courage politique. Dans sa réponse, il fera savoir que  l’implication de la religion dans la politique est un phénomène qui les préoccupe tous. Avant de donner son avis sur ce scénario qui assaille les esprits. A l’en croire, après une fouille minutieuse, des renseignements et lecture pour comprendre la situation, il est arrivé à la conclusion que le prophète Mahomet (PSL) avait clarifié les choses.  Il a dit  à Médine que «le pouvoir reste dans sa loge et la religion dans sa loge», expliquera Soumaïla Cissé. Donc, pour lui, le prophète Mahomet avait déjà résolu ce problème, il faut revenir à cela, conclura-t-il. Oumar KONATE

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