Sur le chemin de Koulouba : Soumana Sako, ex-premier ministre : Un opposant de la 25ème heure
Au crépuscule du second et dernier mandat du président de la République, Amadou Toumani Touré, son ancien premier ministre de la Transition, Soumana Sako, a décidé de porter ses nouveaux habits : ceux d’opposant.
Après quelques semaines d’interruption, nous reprenons notre rubrique ‘’sur le chemin de Koulouba’’. Cette fois-ci, c’est l’ancien premier ministre sous la Transition, Soumana Sako, qui a attiré notre attention. Et cela pour plusieurs raisons. Sou, comme l’appellent ses fans, ne fait pas mystère de son ambition de briquer la magistrature suprême en 2012. Aussi, Soumana Sako est-il l’un des rares candidats déclarés à s’insurger contre le projet de révision de la Constitution du 25 février 1992, initié par le président Amadou Toumani Touré. C’est donc à quelques mois de la fin du second et dernier mandat d’ATT que Soumana Sako décide de porter ses nouveaux habits d’opposant.
Refus d’affronter ATT en 2002 et 2007 ?
Revenu au pays après un exil doré à Harare, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances de Moussa Traoré (il a passé six mois et quatorze jours au sein du gouvernement) affûte ses armes dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Depuis un certain temps, Soumana Sako a un comportement hyper médiatisé à travers des sorties. Il publie des tribunes dans la presse comme ce fut le cas récemment avec l’affaire du Trésor et des réformes. Cet homme à l’ego surdimensionné se prend déjà à rêver président du Mali. Ce qui est bien son droit. Pour les responsables de la Convention nationale pour une Afrique solidaire Faso Hèrè (CNAS-Faso Hèrè), il est l’homme qui est capable de sortir notre pays de l’impasse. Technocrate brillant, jamais mêlé à un scandale d’Etat, Soumana Sako a fait des exploits à la tête du gouvernement de transition avant le ministère des Finances, de l’Economie sous le régime dictatorial du général Moussa Traoré.
Son intention est louable mais sa démarche actuelle risque de se révéler à la longue inefficace.
Voilà un homme qui, malgré sa carrière ministérielle et primatoriale (postes nominatifs) n’a aucune légitimité puisque Zorro n’a jamais brigué un poste électif, si petit soit-il. Si ce n’est pas au Mali ou encore en Afrique, cela relèverait d’une situation incompréhensible de la part d’un homme qui veut se donner un destin national. Sou a-t-il peur du suffrage de ses compatriotes ? Difficile d’y répondre. Donné partant en 1997, il s’est déclaré non partant. Le contexte socio-politique avec le boycott des élections par le Collectif des partis politiques de l’opposition (COPPO) de l’époque l’exonère.
En 2002 et 2007, il ne se signale pas. Ses farouches détracteurs diront qu’il a délibérément refusé d’affronter le président ATT à un moment où les Ibrahim Boubacar Kéita, Tiébilé Dramé, Blaise Sangaré et autres Oumar Mariko, se préparaient à entrer dans une opération que certains qualifieront de suicidaire. Pour justifier son absence, il avait expliqué, au cours d’une rencontre avec ses partisans, au Centre Djoliba de Bamako, le 11 avril 2009, que les Maliens n’auraient pas compris sa candidature contre celle d’ATT en 2002. Selon lui, beaucoup de sympathisants d’Amadou Toumani Touré étaient ses sympathisants et vice versa. Déjà, vers 2000, l’ancien premier ministre savait que ATT était candidat. ‘’En juin 2000, nous avons arrêté ensemble la stratégie.’’, avait-il déclaré.
Les réformes : un fonds de commerce pour Sou ?
Pour Soumana Sako, le pouvoir est plus d’origine divine que d’essence populaire. Comme en témoigne cette déclaration devant ses partisans toujours au Centre Djoliba : ‘’Nous sommes tous musulmans, chrétiens ou même animistes. Nous croyons tous au destin. Nous croyons en Dieu. Nous vénérons ce Dieu unique, commun, de différentes manières dans différentes langues. Fondamentalement, nous sommes tous croyants. Et nous savons que c’est Dieu qui donne le pouvoir…’’ Or, dans une démocratie, c’est le peuple qui, à travers un parti crédible et représentatif, donne cette indispensable onction à chaque candidat pour qu’il sollicite ensuite le suffrage des urnes.
Sur le projet de révision de la Constitution du 25 février 1992, la sortie de Sou n’est guerre surprenante. D’ailleurs, l’homme n’a jamais porté la Commission des experts dirigée par Daba Diawara dans son cœur. On se souvient de sa sortie au vitriol contre cette commission, sous prétexte qu’il n’avait pas été écouté par les experts, en sa qualité d’ancien premier ministre, comme d’autres l’ont été. Mais il a été vite recadré par Makan Moussa Sissoko. En plus d’être un constitutionnaliste réputé, ce dernier a le courage de défendre ses points de vue. Les réformes : un fonds de commerce pour Sou ? Difficile de répondre. Tout comme il est difficile de se prononcer à la place du peuple. Cette prise de position contre le projet de révision de la Constitution a au moins un mérite : Zorro se positionne comme ‘’un homme de la rupture’’.
Dans le contexte actuel, le référendum (s’il avait lieu) apparaît comme un vrai défi pour Soumana Sako. Il faut préciser que Sou a préféré assister à distance au lancement du parti politique de ceux qui se réclament de lui, urbi et orbi.
Par Boy Siby
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