La ville stratégique de Tessalit, théâtre de violents affrontements entre l’armée régulière et les forces rebelles, est passée, tôt dimanche matin, dans le giron de la rébellion. Cette situation intervient après le siège des rebelles autour de ce camp militaire érigé en poste de contrôle depuis les accords d’Alger de 2006. Le gouvernement malien parle de repli tactique. Or, en matière de guerre, un repli constitue une défaite militaire.
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Il y a quelques semaines, l’armée malienne et les forces rebelles se regardaient en chiens de faïence dans cette vaste zone comprenant une piste d’atterrissage, relais puissant pour les ravitaillements. Pourtant, les rebelles ont réussi à faire échec à la colonne qui avait débarqué pour venir ravitailler les militaires maliens. Prise dans l’étau en deux feux, l’armée se battait désespérément avec comme risque l’épuration des munitions et autres denrées de première nécessité, à leur portée. C’est dans cette situation extrêmement délicate que les Américains ont tenté et souvent réussi le parachutage des vivres et autres matériels à nos soldats. Mais, selon des sources bien introduites dans le conflit, ces vivres étaient insuffisants pour nourrir, à la fois, l’armée et les populations. A long terme, un soulèvement des populations contre notre propre armée était prévisible et cette hypothèse était la plus plausible. Toutefois, c’est la rentrée des troupes qui ont contournée les positions rebelles pour entrer dans la ville de Tessalit qui ont réveillé le courroux des rebelles lesquels auraient fini par entamer une offensive de grande envergure. Les militaires maliens, selon nos sources, n’ont pu contenir les assauts répétés de la rébellion et auraient, par la suite, craqué permettant ainsi aux forces rebelles de se passer maître de Tessalit, une ville tant convoitée de par sa position stratégique.
Peur sur la rébellion
Après la prise de Tessalit par les rebelles, personne n’est aujourd’hui en sécurité au Mali. Malgré un impressionnant dispositif en place cumulé aux renforts envoyés sur le terrain, la situation à Tessalit reste sous contrôle rebelle. Faut-il conclure que nos militaires ne sont pas expérimentés face à des situations du genre ? Les rebelles sont-ils mieux équipés que l’armée nationale ?
Selon un Malien, c’est la stratégie même du recrutement dans le corps de l’armée qui est en cause. Des fils des barons du régime, ventre bedonnant, nombreux dans l’armée, auraient tendance à fuir les combats car n’ayant pas été préparés dans ce cas de figure. Selon notre interlocuteur, les enfants du pays qui veulent intégrer le corps militaire par amour et conviction en sont empêchés. Et c’est eux qui deviennent des militaires professionnels aptes à braver n’importe quel adversaire contrairement aux fils d’officiers engagés dans l’armée plutôt pour résorber le chômage dans la famille.
ATT interpellé
Quand le pays souffre, tous les regards sont braqués sur le président de la République. Le repli tactique vanté à tour de bras par nos autorités n’a pas convaincu grand monde surtout dans une ville tenue par nos militaires, il y a quelques heures. ATT en tant qu’ancien Général d’armée doit trouver rapidement une solution à cette crise qui mena ce les fondements de la Nation malienne. Le président de la République doit tout faire pour récupérer les villes sous contrôle de la rébellion et éviter de s’attirer les foudres de la population. Car la situation devient de plus en plus insoutenable et intraitable. Comment faire pour éviter un nouveau mécontentement populaire né de la crise au nord ? C’est à cela qu’il doit s’atteler.
Issiaka Sidibé