Le transport public, urbain aussi bien qu’interurbain, a toujours été le parent pauvre au Mali. Toutes les initiatives entreprises sous les différents régimes se sont soldées par des échecs successifs. Il en est ainsi de la CMTR, de Bamabus et de Tababus. A Bamako, les privés qui s’y sont aventurés s’y sont régulièrement cassé les dents. Faute de professionnalisme et de soutien de l’Etat.
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![Les taxis](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/06/taxi-Anpe.jpg)
Les taxis[/caption]
Ce qui est déplorable, car la mobilité a une dimension à la fois économique et sociale et devrait être considérée comme un service social de base. Se déplacer dans un minimum de confort et dans la sécurité devrait faire partie des droits de l’homme en ce 21
e siècle. Ces échecs ont laissé le champ libre, tout d’abord, aux antiques dourou-dourouni, en voie de disparition, puis aux sotramas, qui règnent sans partage sur le secteur, surtout dans sa composante transport urbain.
Les usagers, qui se recrutent, la plupart du temps, parmi les économiquement faibles - les petits fonctionnaires et les femmes qui pratiquent le commerce de subsistance - ont pour lot le manque de confort et de sécurité, laissés qu’ils sont à la merci du lobby des chauffeurs – apprentis - transporteurs qui sont obnubilés par l’appât du gain.
Les passagers font le plus souvent le voyage dans des conditions infra-humaines, entassés comme des bêtes de somme. Ils sont vertement tancés, à la moindre occasion, par les apprentis et les chauffeurs, qui n’ont d’égard que pour leur argent. Ils prennent, pour la plupart d’entre eux, leur calvaire avec philosophie, en se disant que le supplice ne sera que de courte durée.
Là-dessus, force est de constater que c’est l’Etat lui-même, à travers ses démembrements, qui normalise la surcharge, en autorisant un véhicule qui a une capacité objective de 15 personnes à en prendre jusqu’à 23 et celui d’une capacité de 12 à prendre jusqu’à 17, voire 18 passagers. Les bancs qui font office de sièges sont le plus souvent défoncés.
Beaucoup de sotramas ne comportent pas dispositif auquel on peut s’accrocher en cas de secousse sur les routes. Et Dieu sait s’il y a des secousses sur nos routes. Dans ce monde bien coloré, ce sont des coups de poing propres à assourdir un sourd que les apprentis administrent magistralement sur le véhicule pour avertir leur patron de chauffeur qu’un passager veut descendre ou qu’un autre veut monter. C’est un petit jeu pratiqué à longueur de journée, propre à faire des acteurs apprentis de futurs champions du monde de boxe. Mais il n’y a rien de plus incommodant pour les passagers, en cette ère de pollution sonore tous azimuts
En attendant l’avènement de sociétés de transport dignes de ce nom, il y a de la place pour un projet d’amélioration des transports publics au Mali, en recomposant les sotramas, avec au centre des préoccupations un minimum de confort et de sécurité pour les passagers, sans lesquels il n’y a pas de transport public possible.
Yaya Sidibé