[caption id="attachment_175096" align="alignleft" width="350"]

Thomas Sankara[/caption]
Thomas Sankara est un homme politique anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste burkinabé. Il est né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute Volta et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina.
Il incarne et dirige la
révolution burkinabé du
4 août 1983 jusqu'à son assassinat lors d'un coup d'État qui amène au pouvoir
Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987. Il fait notamment changer le nom de la
Haute-Volta, nom issu de la colonisation, en un nom issu de la tradition africaine :
Burkina Faso, qui est un mélange de
moré et de
dioula et signifie pays des hommes intègres. Il conduit une politique d'affranchissement du peuple burkinabè. Son gouvernement entreprend des réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l'éducation, l'agriculture et le statut des femmes.
Thomas Isidore Noël Sankara était un «
Peul-
Mossi » issu d'une famille catholique. Son père était un ancien combattant et prisonnier de guerre de la
Seconde Guerre mondiale. Il fait ses études secondaires d'abord au lycée
Ouezzin Coulibaly de
Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, puis à partir de la seconde et jusqu'au bac à Ouagadougou, au PMK, le
Prytanée militaire de Kadiogo. Il suit tout comme son ami Blaise Compaoré une formation d'officier à l'École militaire inter-armée (EMIA) de Yaoundé au
Cameroun, puis à l'Académie militaire d'
Antsirabe, à
Madagascar, et devient en 1976 commandant du CNEC, le Centre national d'entraînement commando, situé à
Pô, dans la province du
Nahouri, à 150 km au sud de la capitale. La même année, ils prennent part à un stage d'aguerrissement au
Maroc. Ensemble, ils fondent le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les autres membres les plus connus sont
Henri Zongo, Boukary Kabore et
Jean-Baptiste Lingani.
En septembre 1981, il devient secrétaire d'État à l'Information dans le gouvernement du colonel
Saye Zerbo. Il démissionne le 21 avril 1982, déclarant « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! »
Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d'État porte au pouvoir le médecin militaire
Jean-Baptiste Ouédraogo. Sankara devient Premier ministre en janvier 1983, mais il est limogé et mis aux arrêts le 17 mai, après une visite de
Guy Penne, conseiller de
François Mitterrand1,2,3. Le lien entre la visite de Guy Penne et l'arrestation de Sankara reste sujet à controverse, même si les soupçons d'une intervention française restent forts
4.
Un nouveau coup d'État, le 4 août 1983, place Thomas Sankara à la présidence du Conseil national révolutionnaire. Il définit son programme comme
anti-impérialiste, en particulier dans son « Discours d'orientation politique », écrit par
Valère Somé. Son gouvernement retire aux chefs traditionnels les pouvoirs féodaux qu'ils continuaient d'exercer. Il crée les CDR (Comités de défense de la révolution), qui auront toutefois tendance à se comporter en milice révolutionnaire faisant parfois régner une terreur peu conforme aux objectifs de lutte contre la corruption
[réf. nécessaire]5.
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d'un coup d'État organisé par celui qui était considéré comme son frère,
Blaise Compaoré. Plusieurs jours plus tard, il est déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. L'absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabé sera condamnée en 2006 par le
Comité des droits de l'Homme des Nations unies
6. Par ailleurs, le gouvernement français de l'époque - un gouvernement de
cohabitation avec
Jacques Chirac Premier ministre et
François Mitterrand président de la République - est soupçonné d'avoir joué un rôle dans cet assassinat, ainsi que plusieurs autres gouvernements africains proches de la France
7,4.
Son frère d'armes, Blaise Compaoré, qui lui succédera à la tête du Burkina Faso, est soupçonné d'être le principal responsable de son assassinat avec d'autres acteurs politiques.
Kadhafi pourrait aussi être impliqué et avoir utilisé ce meurtre pour redevenir un ami de la France.
C'est notamment la famille Sankara, réfugiée en France, qui soutient ces hypothèses. Cette hypothèse est aussi soutenue par la plupart des historiens africains.
En novembre 1986, Thomas Sankara avait attaqué la France de la cohabitation en présence de François Mitterrand et devant les caméras pour avoir accueilli
Pieter Botha, le premier ministre d'Afrique-du-Sud, et
Jonas Savimbi chef de l'
UNITA, l'un et l'autre « couverts de sang des pieds jusqu'à la tête »
9. De ce fait, aux yeux de Thomas Sankara, ces gouvernants « en portent aujourd'hui et toujours la responsabilité »
10. Si la décision de condamner l'absence d'enquête constitue une première mondiale dans la lutte contre l'impunité, elle est insuffisante, puisqu'elle n'a conduit à aucune condamnation.
Thomas Sankara et certains de ses camarades tués lors du coup d'État sont enterrés sans tombe au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou (
12° 21′ 55.58″ N1° 29′ 01.05″ O). Plus tard, de simples tombes en ciment furent construites. Thomas Sankara a été proclamé modèle par la jeunesse africaine au
forum social africain de Bamako 2006 et au
forum social mondial de
Nairobi en 2007.
Depuis le
28 décembre 2005, une avenue de
Ouagadougou porte son nom, dans le cadre plus général d'un processus de réhabilitation décrété en
2000 mais bloqué depuis lors
11. Diverses initiatives visent à rassembler les
sankaristes et leurs sympathisants, notamment par le biais d'un comité national d'organisation du vingtième anniversaire de son décès, de célébrer sa mémoire, notamment par des manifestations culturelles, tant au
Burkina Faso qu'en divers pays d'implantation de l'émigration burkinabé. En 2007, pour la première fois depuis 19 ans, la veuve de Thomas Sankara, Mariam Serme Sankara, peut aller se recueillir sur sa tombe présumée lors des 20
e commémorations à Ouagadougou
4.
Idées et actions politiques
Thomas Sankara est un des chefs du
Mouvement des non-alignés. Il côtoie beaucoup des militants d'
extrême gauche dans les années 1970 et se lie d'amitié avec certains d'entre eux. Il met en place un groupe d'officiers clandestins d'influence marxiste : le Regroupement des officiers communistes (ROC).
Dans ses discours, il dénonce le
colonialisme et le
néo-colonialisme, notamment de la France, en Afrique (notamment les régimes clients de
Côte d'Ivoire et du
Mali, lequel lance plusieurs fois des actions militaires contre le Burkina Faso, soutenues par la France).
En octobre 1986, peu avant le sommet
Gorbatchev-
Reagan à
Reykjavik, il se rend une semaine en
URSS. Devant l'
ONU12, il défend le droit des peuples à pouvoir manger à leur faim, boire à leur soif, et à être éduqués. Pendant ces quatre années le Burkina-Faso est ainsi, selon les critères géopolitiques nés au milieu des années 1970, la dernière révolution de l'« Afrique progressiste », opposée à l'« Afrique modérée ».
Souhaitant redonner le pouvoir au peuple, dans une logique de démocratie participative, il crée les CDR (
Comités de défense de la révolution) auxquels tout le monde peut participer, et qui assurent la gestion des questions locales et organisent les grandes actions. Les CDR sont coordonnés dans le CNR (
Conseil national de la révolution). Cette politique visait réduire la malnutrition, la soif (avec la construction massive par les CDR de puits et retenues d'eau), la diffusion des maladies (grâce aux politiques de « vaccinations commandos », notamment des enfants, burkinabés ou non) et l'analphabétisme (l'analphabétisme serait passé pour les hommes de 95 % à 80 %, et pour les femmes de 99 % à 98 %, grâce aux « opérations alpha »)
13.
Sankara tente également de rompre avec la société traditionnelle inégalitaire burkinabé, en affaiblissant le pouvoir des chefs de tribus, et en cherchant à intégrer les femmes dans la société à l'égal des hommes.
Il institue la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification.
Il est le seul président d'Afrique à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l'État pour les remplacer par de basiques
Renault 5. Il faisait tous ses voyages en classe touriste, ses collaborateurs étant tenus de faire de même. Il est célèbre aussi pour son habitude de toujours visiter
Harlem (et d'y faire un discours) avant d'arriver à l'ONU.