Ticad : le Japon met en avant sa « qualité » dans la coopération avec l'Afrique

Promotion d'une trajectoire raisonnable de coopération
De concert avec nombre de présidents des 50 pays africains présents à Yokohama à cette 7e Ticad coorganisée avec l'ONU, la Banque mondiale et l'Union africaine, le Japon a jugé essentiel ce vendredi que les infrastructures construites en Afrique soient « abordables », dans une allusion apparente aux projets chinois pharaoniques des nouvelles routes de la Soie, accusés de précipiter les pays dans le piège du surendettement. « Nous estimons que des infrastructures de qualité, abordables sur tout leur cycle de vie sont fondamentales pour une transformation économique durable », selon le texte d'une déclaration finale publiée à l'issue d'un sommet de trois jours sur le développement de l'Afrique. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a mis jeudi en garde l'Afrique contre des niveaux excessifs d'endettement. « Si des pays partenaires sont profondément endettés, cela gêne les efforts de tout le monde pour entrer sur le marché », a déclaré M. Abe devant des dirigeants africains. Il en a profité pour faire la promotion de dispositifs de financement et d'assurance d'institutions japonaises soutenues par le gouvernement, lesquelles privilégient selon lui des investissements « de qualité ». Dans les trois prochaines années, le Japon prévoit de former dans 30 pays africains des experts à la gestion des risques financiers et de la dette publique, a ajouté M. Abe. Un nouveau chiffre du total des investissements japonais à venir en Afrique n'avait pas encore été divulgué vendredi, alors que le sommet touchait à sa fin. Et d'insister sur les investissements du secteur privé plutôt que des financements publics au développement. Belle illustration : l'accord préliminaire a par exemple été signé jeudi entre le gouvernement ivoirien et le géant automobile nippon Toyota pour implanter à terme une usine de montage de véhicules en Côte d'Ivoire, mais ce projet n'a pas été davantage détaillé.La Chine dans la ligne de mire argumentaire du Japon
Au-delà, c'est une allusion à peine voilée à l'approche de la Chine. Celle-ci a emboîté le pas du Japon avec sa propre conférence sur le développement en Afrique, l'a dépassé à présent largement par les sommes engagées : 60 milliards de dollars en nouveaux financements promis au cours du sommet Chine-Afrique de l'an dernier, le double exactement des engagements de la précédente Ticad, en 2016. De quoi conduire le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang à réagir vivement, qualifiant depuis Pékin les propos de Shinzo Abe de « spéculations déraisonnables ». Il faut dire que le gigantesque projet d'infrastructures des « nouvelles routes de la Soie », lancé en 2013 par Pékin pour relier l'Asie, l'Europe et l'Afrique à la Chine, a été accusé de favoriser les entreprises et ouvriers chinois au détriment des économies locales, d'enferrer les pays hôtes dans la dette et de ne pas tenir compte des droits humains et de l'environnement. Un duel verbal qui illustre la bataille que les grandes puissances ont engagée pour mieux se positionner en Afrique, considérée comme « le continent de l'avenir ». Publié le 31/08/2019 à 12:41 | Le Point.frQuelle est votre réaction ?






