Nommé il y a environ un mois par décret présidentiel pour engager le dialogue avec le MNLA et d’autres groupes armés du Nord afin d’obtenir un consensus sur la tenue de la présidentielle dans la région de Kidal, le médiateur Tiébilé Dramé espère aboutir, ce week-end, à l’essentiel de sa mission pour vite se consacrer à d’autres choses.
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Tieblé Dramé[/caption]
Désigné conseiller spécial par le chef de l’Etat par intérim pour engager les négociations avec le Mouvement national de libération de l’Azawad, Tiébilé Dramé croit en son étoile pour mettre ensemble toutes les parties ce week-end dans la capitale burkinabé.
En prélude à cette rencontre de Ouagadougou entre les différents belligérants (l’Etat malien et les groupes armés), le médiateur désigné par Dioncounda Traoré, sur la base des dernières évolutions dans le dossier Kidal croit aux négociations pour aboutir à un consensus sur la question.
Jeudi lors d’un déjeuner de presse dans un hôtel de la place, M. Dramé a espéré pouvoir terminer sa mission dès ce 11 juin. Son optimisme se fonde sur la volonté de certains acteurs comme le Haut conseil uni de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) à participer au dialogue.
Ces groupes, a-t-il témoigné, n’ont jamais renié l’appartenance de Kidal au Mali. Selon Tiébilé Dramé, les négociations seront ouvertes à l’ensemble des groupes armés sans exclusive aucune pour que chacun y trouve son compte.
Mais une chose est sûre, il ne sera ni question de prendre de la liberté par rapport aux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies et des valeurs républicaines du Mali. Pour lui, la détermination de la communauté internationale, des Nations unies, de la Cédéao, de l’Union africaine à trouver une solution pacifiée à la crise du Nord, sans remettre en cause l’intégrité territoriale et la forme républicaine de l’Etat de la laïcité de la République, est un repère.
Il appartient au MNLA de comprendre cette volonté majoritairement exprimée en faveur du Mali pour désarmer et revenir à la table de négociations. Il faut rappeler que des actes racistes et d’autres exactions contre les Maliens de peau noire ont créé un désamour entre le MNLA et la communauté internationale.
"Le fantassin" de la CDR
Même si le médiateur n’a pas voulu trop s’étendre sur la question, le récent mouvement de l’armée vers Kidal pourrait bien peser dans la balance aux négociations du week-end qui s’ouvrent ce matin à Ouagadougou.
Parlant de sa mission, le médiateur de Bamako a précisé qu’il s’agit, pour lui, de ramener l’ensemble des acteurs autour de la même table pour obtenir la tenue de la présidentielle sur l’ensemble du territoire national y compris la région de Kidal. Cela, dira-t-il, passe par le retour de l’administration, des forces armées et de sécurité, l’acceptation de la souveraineté du Mali et la lutte contre l’économie de crime…
"Ma mission ne consiste pas à discuter avec le MNLA pour une résolution des problèmes du Nord. Il reviendra au président légitimement élu de discuter et d’engager les démarches pour la résolution des problèmes de fond", a-t-il précisé.
Pour M. Dramé, sa mission n’est pas un double emploi, mais elle consiste à baliser le terrain pour la Commission dialogue et réconciliation (CDR) dont il se dit être "le fantassin". Le médiateur Dramé a dit être en bons termes avec le président de la CDR, Mohamed Salia Sokona à qui il a rendu visite après sa nomination.
"Ma mission est une mission ponctuelle et avec un seul but : parvenir à la tenue de la présidentielle sur toute l’étendue du territoire. Je suis là pour débloquer la situation et la CDR continuera le travail pour toute sa durée. Sa tâche consistera, rappellera-t-il, à recoller les morceaux du tissu social déchiré".
Le médiateur Dramé espère que sa mission aboutira à un consensus pour la tenue de la présidentielle, le redéploiement de l’administration, des forces armées et de sécurité à Kidal comme partout au Mali. Cependant, il n’a pas dit s’il est prêt à sacrifier sa candidature à la présidentielle au cas où sa mission l’amènerait à poursuivre la tâche que Dioncounda Traoré lui a confiée.
Markatié Daou