Tombouctou : Mohamed Lamine Ould Sidatt, maire de Ber et chef du FNLA
Le jeudi dernier, la ville de Tombouctou (située au Nord-ouest du pays) était en partie contrôlée par un nouveau groupe armé formé d’Arabes et qui s’identifie comme ni rebelle ni islamiste : le Front national de libération de l'Azawad (FNLA). La colonne du FNLA composée de quarante véhicules a été bloquée par le groupe Ançardine à l'entrée de Tombouctou. Il n'y a pas eu d'affrontements, mais la centaine d'hommes du FNLA a forcé le passage pour pénétrer dans la ville.
A la tête de ce groupe se trouve le maire de Ber (localité de la région de Tombouctou), Mohamed Lamine Ould Sidatt, désormais secrétaire général de ce Front qui prend ses distances vis-à-vis des autres groupes armés présents dans la zone. « On ne veut pas être avec Ançardine, on ne veut pas avoir une collaboration quelconque. On ne veut pas quitter la ville comme ça. Personne ne peut nous faire quitter la ville, que ce soit le MNLA ou Ançardine. Tombouctou, c'est chez nous », a-t-il indiqué.
Selon des sources islamistes et du FNLA, ce nouveau mouvement, qui a vu le jour jeudi 26 avril 2012, contrôle les entrées Est et Sud de la ville où sont arrivés une centaine de ses hommes. Les entrées Nord et Ouest et le reste de la ville étaient tenus par deux autres groupes armés : le MNLA et Ançardine. « Les Arabes ont décidé de défendre leur région », a déclaré Mohamed Ould Fany, un des responsables du FNLA, joint par l'AFP à propos de l'entrée du mouvement dans la ville de Tombouctou. « Nous avons demandé à ceux qui réclament l'indépendance du Nord du Mali de quitter notre région. Nous, nous sommes pour la paix, et nous ne sommes au Mali, pour créer une République à part », a-t-il précisé.
« Il y avait plus d'une centaine d’hommes, des combattants armés dans les véhicules », a de son côté affirmé un responsable de la Police qui ne travaille plus depuis que cette cité mythique du vaste Nord malien est tombée en début d’avril sous le contrôle d'Ançardine, du MNLA, d'AQMI et de divers groupes criminels.
« Ce sont des Arabes qui ont pris le contrôle de deux endroits aux entrées Sud et Est de Tombouctou », a précisé ledit responsable, mais sans plus de détails.
Une source d'Ançardine (qui prône l'instauration de la Charia au Mali) a affirmé qu’avec le MNLA, son mouvement gardait le contrôle des entrées Nord et Ouest de la ville, ainsi que le Centre de la cité et l'aéroport. « Les questions que se posent aujourd’hui les habitants de Tombouctou, c’est de savoir : qu’est-ce qui motive tant tous ces rebelles à vouloir coûte que coûte s’accaparer et contrôler la ville ? Est-ce parce que c’est une ville sainte ou qu’elle renferme d’autres secrets que nous ignorons ? », ajoute ladite source. Avec l’entrée en jeu d’un nouveau mouvement, le risque d’hostilité entre les différents acteurs de la ville est pour bientôt car les divergences de point de vue entre ces différents acteurs ne manqueront pas de surgir. Et comme il ne pourrait y avoir plusieurs commandants dans une seule ville, imaginez ce qui se passera dans quelques jours... Paul N’guessan
Quelle est votre réaction ?