Traque de bandits en commune V :Le 15ème arrondissement démantèle des réseaux, le tribunal libère les délinquants

Dans le cadre de la lutte contre les malfrats dans le District de Bamako, le commissariat de police du 15ème arrondissement fait partie du peloton de tête. En effet, en dépit de leurs moyens, ses éléments de la brigade de recherche (BR) et des renseignements généraux sévissent régulièrement pour la protection des personnes et leurs biens. Dans cette guerre ouverte contre les bandits, elle vient de mettre le grappin sur Mamady Karembé dit Sylla et Bakoroba Doumbia, deux voleurs notoires appartenant à des réseaux. Leur arrestation, qui a suscité beaucoup de joie chez leurs victimes, n'aura été que de courte durée. Car, pour des raisons qu'on ignore, il semblerait que certains de leurs complices auraient été élargis au Tribunal de la Commune V devenu tristement célèbre dans l'élargissement des malfrats et bandits.

Si Mamady Karembé dit Sylla excelle dans le vol des motos Jakarta, Bakoroba, lui, jette son dévolu sur les habits, les téléphones portables et autres. Mamady Karembé a été arrêté sur dénonciation d'un citoyen qui le connait et à qui, il souhaitait, en compagnie de son complice Ivo resté introuvable, vendre une moto Jakarta. Se disant mécanicien, il a été cueilli par les limiers de la BR et a tout de suite reconnu les faits qui lui sont reprochés.

Selon lui, c'est son ami Ivo qui est venu avec une moto Jakarta pour qu'il lui trouve un acheteur. C'est cet acheteur potentiel qui a alerté la police sur la provenance douteuse de l'engin. Après avoir établi la propriété, la police a restitué la moto, dont le N° de cadre est 6006856, à son propriétaire.

Mamady Karembé qui est très connu dans les registres de la police a déjà été poursuivi et condamné pour vol. "Il y a deux mois, j'ai bénéficié de la liberté provisoire" a-t-il indiqué. Contre quoi? Serait-on tenté de demander ?

Quant à Bakoroba Doumbia dit Bako, 20 ans, c'est un multirécidiviste qui a, à son actif, plusieurs cas de vols spectaculaires en Commune V. Selon lui, le vendredi 6 mai, quand il était au "tchapalodrome" c'est-à-dire là où on vend la bière traditionnelle, en train de se la couler douce, il a été rejoint par Mamadou Traoré dit Papa.

Ce dernier portait un sac contenant des habits. Ils se sont rendus chez une dame du nom de Fatoumata Guindo pour lui vendre le butin. "Le marché ayant été conclu, Mamadou Traoré devait repasser pour récupérer son argent. Dans la foulée, il m'a remis un téléphone portable pour que je le vende" a clamé Bakoroba Doumbia.

Malheureusement pour Bako, comme par une malédiction divine, il tombe sur le propriétaire de l'appareil. Confondu, il a reconnu les faits à la police qui l'a mis à la disposition du Parquet de la Commune V. Comme Mamady Karembé, Bako également est fiché dans les registres du 15ème arrondissement. En effet, pour coups et blessures volontaires, agressions à mains armées, il a déjà été déféré par le Tribunal de première instance de la Commune V.

Curieusement, lui aussi dit avoir bénéficié de la liberté provisoire. C'est pourquoi, de plus en plus, des voix s'élèvent pour dénoncer cette attitude du Tribunal de la Commune V qui consiste à accorder la liberté provisoire, synonyme de liberté totale au Mali, quasiment chaque fois que des bandits leur sont présentés.

On se rappelle le cas du fameux Cheick Oumar Dembélé, grand voleur connu de tous les commissariats de police de Bamako.

Arrêté en 2010, il a bénéficié de la liberté provisoire après avoir effectué un mois en prison alors qu'il avait été pris en flagrant délit. Arrêté une deuxième fois, cette année par les mêmes éléments du 15ème, après avoir menacé de faire la peau au reporter de l'Indépendant, lui et ses parents pressaient les enquêteurs de transmettre vite son dossier au Parquet. Pourquoi ? Allez savoir.

Ce qui ressemble à un pot-aux-roses a failli être découvert, la semaine dernière, lorsque le père de Bako s'est rendu au Tribunal de la Commune V pour porter plainte contre les policiers pour violation de son domicile. Là, le Procureur aurait instruit à un juge appelé "Simbo" de faire la lumière sur l'affaire.

Puisqu'initialement, c'est un des substituts du Procureur, en la personne de M. Samaké, qui avait le dossier faisant état de la mise à disposition des complices au Parquet, Simbo aurait souhaité les écouter. Coup de théâtre. On se rend compte que le substitut du Procureur les avait libérés.

Provisoirement ou définitivement? Contre quoi ? Nous chercherons les réponses à ces questions. D'ici là, nous disons bravo et courage au nouveau chef BR du 15ème arrondissement, l'Inspecteur de police Aboubacar Traoré et ses hommes, notamment l'adjudant Oumar Coulibaly dit Barou, Tahirou Koné et Cheick A K.

Diakaridia YOSSI