Trois questions à : Adama Sissouma, Directeur National des Collectivités
Pour savoir davantage les raisons qui ont poussé le Gouvernement à tenir un Forum national sur la décentralisation, nous avons approché le Directeur national des collectivités. Lisez donc ses propos.
Le Prétoire : Pourquoi maintenant un Forum national sur la décentralisation au Mali ?
Adama Sissouma : Depuis l’avènement de la décentralisation, le Mali a entamé le processus sur l’ensemble du territoire national. Nous avons 703 Communes, 49 Cercles, 8 Régions administratives et le District de Bamako qui sont toutes des Collectivités territoriales qui ont des organes élus et qui dirigent ces entités. Depuis 1999, il y a eu l’installation de ces différents organes. Et ces Collectivités connaissent des succès, mais aussi des difficultés. La décentralisation au Mali a certes d’avancées, mais aussi beaucoup de contraintes. Alors, le Ministre de l’Administration Territoriale a souhaité que l’on s’arrête et qu’on jette un regard sur ce qui s’est passé, ce qu’il y a eu de positif et les contraintes pour qu’on envisage avec l’ensemble des acteurs, l’avenir en dégageant les grandes axes stratégiques, les recommandations pertinentes qui permettront que notre décentralisation soit une référence en Afrique et puisse continuer à l’être .
Pouvez-vous nous parler des forces et faiblesses de la décentralisation ?
D’abord, il y a des acquis du point de vue démocratique. Les populations participent à la gestion des affaires publiques en se faisant élire leurs conseillers communaux, maires, membres de Conseil de cercle, présidents du Conseil de cercle, membres d’Assemblée régionale et président d’Assemblée régionale. Donc, du point de vue démocratique, la population participe à la mise en place de ces organes. Pour la petite histoire, je dois dire que ce sont les élections communales qui mobilisent plus de personnes que les autres élections. On a environ 42% de taux de participation pour ces élections.
A noter que les Collectivités élaborent elles-mêmes leur budget, leur programme de développement économique, social et culturel, mais aussi et surtout font des réalisations en matière de santé, d’éducation, d’hydraulique, de l’eau potable pour creuser des puits à grand diamètre ou des pompes au profit des populations. Les Collectivités livrent aussi des services de base tels que l’état civil, la police administrative, l’hygiène et l’assainissement. Donc, c’est au plus près des populations que les Collectivités réalisent leurs services de base. Avec la décentralisation, l’Etat et les partenaires mettent les fonds au niveau de l’Agence Nationale d’investissement des Collectivités territoriale. On est à plus 150 milliards que les collectivités ont géré depuis 10 ans. Tout cela en école, en centres de santé, en dispensaires, en points d’eau pour les populations. Donc, il y a eu un accroissement de l’offre de service de proximité. Cela est un acquis majeur de la décentralisation.
Quant aux difficultés, les Collectivités sont confrontées à la faiblesse des ressources humaines et financières. Ressources humaines, parce que la gestion des Collectivités est un apprentissage. Les élus ont la confiance tout juste pour venir gérer, ils sont assistés d’une administration de la Collectivité. Par exemple, le Secrétaire général de la Mairie, les régisseurs et les agents chargés du développement sont en apprentissages. Ils ne sont pas suffisamment étoffés. Même les services techniques de l’Etat qui doivent les accompagner sont en difficulté souvent liées à ces mêmes problèmes de ressources humaines ou matériels. Mais, c’est surtout la question des ressources financières qui est préoccupante. Les ressources propres des Collectivités sont très maigres et ne permettent pas de satisfaire les attentes innombrables et légitimes des populations. Parce que toute population souhaiterait avoir un cadre de vie plus agréable. Les différents services, l’hygiène de vie, l’assainissement, tout le monde souhaiteraient que des réalisations soient faites dans ce cadre. Les impôts et taxes qui ont été transférés, sont quasiment difficiles à mobiliser parce que nos populations restent dans le manque d’information par rapport à ce qui est l’avantage de payer les impôts et taxes.
La deuxième chose c’est que le transfert des ressources est lié au transfert des compétences. Certaines compétences en matière d’éducation, de santé, d’hydraulique, n’ont pas été transférées aux Collectivités. C’est pour cela que vous entendez parler que l’Etat n’a pas transférer les ressources. Ces ressources sont humaines, matérielles et financières.
Au niveau de l’hydraulique, il a été transféré des infrastructures, mais la réalisation de ces infrastructures est toujours du ressort de l’Etat. Il y a d’autres secteurs comme l’assainissement, la protection de l’environnement dont les ressources n’ont pas encore été transférées aux Collectivités. Cela fragilise suffisamment notre décentralisation.
En troisième lieu, le socle de tout cela est l’homme. Le citoyen doit être suffisamment informé, formé pour connaître ses droits et ses devoirs. Les autres catégories d’acteurs, les élus et les agents qui sont dans les Collectivités, les services techniques doivent avoir une bonne formation en décentralisation pour que chacun joue à fond son rôle. Il y a aujourd’hui un centre de formation des Collectivités territoriales que l’Etat a créé pour appuyer les élus et les agents en matière de formation. En trois en d’opérationnalité, le centre a fait déjà de nombreuses.
Peut-on savoir davantage les perspectives du Forum ?
C’est la question des ressources des Collectivités. Il s’agit des ressources que ces Collectivités mobilisent. Comment faire en sorte qu’elles aient des ressources plus importantes, plus sûre et comment collecter et mieux gérer ces ressources ? Il y a aussi les ressources extérieures que l’Etat ou les partenaires mettent à la disposition des Collectivités.
La deuxième chose, c’est l’accélération du processus de transfert de compétences et de ressources dans les meilleures conditions. C’est pour cela qu’on est ensemble avec tous les acteurs pour voir quelles sont les meilleures conditions pour trouver des solutions à ces problèmes.
La troisième chose, c’est la question du développement local et régional. Cela est l’un des objectifs de la décentralisation après l’approfondissement du processus démocratique. Mais, le développement économique et régional est la perspective incontournable de la décentralisation.
Propos recueillis par Oumar KONATE
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