Trois questions à Intalla Ag Bilal, Porte-parole de la jeunesse de Kidal : « Iyad est plus à l’écoute de la population de Kidal que l’Etat central ne l’a jamais été »
Présent aux assises nationales sur les régions du Nord occupées, Intalla Ag Bilal, porte-parole de la jeunesse de Kidal, a accepté de nous parler dans un entretien exclusif. Loin de ce qu’on raconte, selon, Intalla Ag Bilal, l’occupation de Kidal est différente de celle des autres régions du Nord.
Le Prétoire : On nous rapporte que des jeunes de Kidal se font enrégimenter par les mouvements islamistes armés comme combattants moyennant de l’argent. Est-ce vrai ?
Intalla Ag Bilal : Il y a une grande part de vérité dans ce que vous venez de dire. A Kidal, actuellement, il n’y a pas de nouveaux recrutements au niveau de la jeunesse locale. Il se pourrait qu’ils recrutent ailleurs. Mais ceux qui sont avec eux et qui ont été recrutés il y plusieurs mois, voire des années, il faut les comprendre. Il n’y a pas d’emploi, pas d’alternative pour ces jeunes dont l’Etat central ne s’est jamais soucié. L’Etat ne leur donne pas de travail. C’est simple, celui qui te paie, tu travailles pour lui, pour entretenir ta famille.
Parlez-nous de la vie quotidienne des habitants de Kidal sous le joug de Iyad Ag Aghaly.
L’occupation de la région de Kidal par Ançar Dine est différente de celle des autres régions du Nord. Depuis plus de dix ans, Iyad Ag Ghaly est présent auprès des habitants de Kidal, nous le connaissons. Présentement, l’absence de l’Etat nous désole. Mais force est de reconnaître qu’actuellement, avec Iyad Ag Ghaly, la vie coûte relativement moins chère à Kidal. Les denrées alimentaires, le carburant, sont à la portée de tous. L’eau, l’électricité et la prise en charge sanitaire sont gratuites. A Kidal, ce que les populations ont toujours demandé, c’est d’avoir à manger et Iyad leur donne à manger. Vous savez, loin de ce que les médias tentent de nous faire croire, Iyad Ag Ghaly, c’est le super chef charismatique, un leader religieux, un homme d’affaires, un grand donateur. Il a beaucoup investi sur le plan social et religieux. Iyad est plus à l’écoute de la population de Kidal que l’Etat central ne l’a été. A Kidal, nous n’avons pas encore connu d’amputations de membres, d’exécutions sommaires. Lui, il n’a jamais demandé la partition du pays, il parle uniquement de Charia. Je peux vous assurer qu’il est disposé à dialoguer. D’ailleurs, il a bien reçu la délégation de Ginna Dogon.
Selon vous, comment peut-on récupérer les régions du Nord ?
Moi, ma vision est très simple. La paix au Nord dépend de la stabilité de Bamako. Ces mouvements rebelles que l’on redoute tant ne sont que des petits groupes de narcotrafiquants armés. Bamako doit s’organiser et finir avec le tricéphalisme (ndlr, entre Dioncounda, Cheick Modibo et Sanogo, on ne sait pas qui dirige le Mali). Et s’entretenir avec les pays dont ces terroristes détiennent des ressortissants et aussi les pays qui sont soupçonnés de les soutenir, pour en finir avec ces gens qui n’ont pas de conviction. Vous savez, ce qu’ils racontent à propos de la charia et de l’indépendance, ce sont des bobards. Ils s’engagent uniquement pour l’argent. Une fois qu’ils seront affaiblis financièrement, beaucoup de leurs combattants partiront et ils seront faibles. En ce moment, Bamako sera en position de force. Bamako doit savoir que la guerre de libération des régions du Nord doit absolument être tactique.
Propos recueillis par Rokia Diabaté
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