Le chef d'état-major de l’armée américaine, le général Mark Milley, a annoncé le 13 décembre 2019 la volonté de son pays de réduire les ressources matérielles et humaines que le
Pentagone consacre à l'Afrique et au Moyen-Orient, indiquant qu’elles pourraient être «ensuite redirigées soit vers le Pacifique soit vers les États-Unis pour améliorer la préparation de[s] forces».
Le «Monsieur Afrique» des États-Unis, Tibor Nagy, a laissé entendre mardi 28 janvier à Khartoum, au Soudan, que Washington allait mettre à exécution sa volonté. En effet, à l’issue d’une tournée africaine de deux semaines qui l’a conduit en Centrafrique, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan, M.Nagy a affirmé que c’était aux pays de la région de prendre leurs responsabilités pour venir à bout du terrorisme au Sahel.
La France qui s’est engagée dans
le cadre de l’opération Barkhane au Mali craint un retrait militaire des États-Unis du Sahel. La ministre française de la Défense Florence Parly s’est d’ailleurs rendue à Washington pour dissuader les responsables américains de suspendre leur aide.Dans un entretien accordé à Sputnik, le docteur Abdelkader Soufi, enseignant à l’Université de Blida en Algérie et expert en études stratégiques et politiques de défense, a écarté l’éventualité d’un retrait total des États-Unis. Il affirme que les intérêts américains en Afrique sont colossaux, ce qui rend leur présence militaire nécessaire conformément à leur politique internationale.
«Un retrait tactique»?
«Il s’agit vraisemblablement d’un retrait tactique en raison des priorités qui s’imposent à l’armée américaine dans d’autres régions du mondes», suppose l’expert qui ajoute qu’un retrait total l’étonnerait.
M.Soufi indique que «la plupart des forces américaines, entre 5.000 et 6.000 hommes, qui sont stationnées en Afrique ont pour mission de sécuriser les ambassades américaines». «Le reste sont des forces spéciales qui sont là pour former les forces locales et les aider dans la lutte contre les organisations terroristes», soutient-ilL’expert ajoute que «les États-Unis ont des
bases militaires en Afrique, dont une flambant neuve au Niger où 800 soldats sont stationnés, équipée de moyens d’espionnage et de renseignement sophistiqués et de drones». «L’armée américaine a dépensé 100 millions de dollars pour construire la base du Niger qui représente un intérêt majeur, sachant que d’un point de vue géostratégique, ce pays est un point pivot par rapport à la Libye, au Mali, au Nigeria et au Burkina Faso», explique M.Soufi, précisant qu’il ne pense pas que «les Américains vont abandonner une base d’une telle importance et qui leur a coûté autant d’argent».
Comment comprendre la stratégie des États-Unis dans la région?