Une intervention militaire va finir d'achever le Mali
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/10/Camp_entrainement.jpg)
«Il s'agit pour les Etats africains de mettre en place un plan d'action qui doit être soumis à nouveau au conseil de sécurité dans un délai d'un mois.»Ce sont les Africains qui sont à l’initiative et doivent reconquérir leur territoire, a ajouté le ministre, la France limitant, selon la doctrine officielle, son rôle à la formation des combattants, à un soutien logistique et à l’apport de matériel. Trois mois après les premiers bruits de bottes, on n’a donc guère avancé sur le plan militaire. Pourtant le temps presse car les puissants vents de sable, qui surviennent dès fin janvier dans cette partie du désert, compliqueront les interventions aériennes et des centaines d’Islamistes venus d’Algérie, du Sahara occidental, de Libye viennent renforcer les troupes islamistes. On se demande même s’il n’est pas trop tard pour agir sur un continent où le médecin (dans le cas présent, il s’agit d’un chirurgien) arrive bien souvent après la mort. Pourtant, le Mali donnait depuis des années au moins quatre signes de mauvaise santé qui auraient dû alerter la France, la communauté internationale et l’ONU.
1— Les barbus ont pris Tombouctou avec une poignée d’hommes décidés
On savait pourtant que l’armée malienne était minée par la corruption et les clans. Tandis que la pléthore (on en comptait près de soixante-dix) de généraux en place avant la chute de l'ex-président Amadou Toumani Touré, la myriade de chefs de bataillon (une dizaine pour un bataillon vraiment opérationnel) faisaient leurs affaires dans divers trafics de marchandises, de drogue, y compris avec les islamistes. Les troupes ne disposaient par mois que d’une quinzaine d’euros pour se nourrir. Les soldats avaient aussi en mémoire le massacre de 85 policiers et gendarmes maliens en janvier àAguelhok, retrouvés égorgés, éventrés et même émasculés par les rebelles. Avec une armée constituée de chefs hommes d’affaires et de troufions crève la faim, le résultat des combats était connu d’avance.2— Le mal vivre des soldats a été le détonateur
Mais l’Etat malien, miné par la corruption, est tombé comme un fruit pourri. Les révoltés sans chef sont allés chercher le capitaine Sanogo. Les islamistes ont certes profité du coup de force à Bamako pour conquérir tout le nord du pays mais la déliquescence de l’Etat malien était si grande que cette issue fatale était inéluctable.3— La question Touareg ne date pas d’hier
Depuis un demi-siècle, les nomades du désert se sont révoltés à trois reprises. Les accords d’Alger, signés après le soulèvement de 2006 (ces accords fixent les modalités du développement du nord du Mali et permettent un retour à une normalisation des rapports entre les Touaregs et Bamako, Ndlr), n’ont rien réglé. Ils prévoyaient des aides importantes pour le développement du nord Mali qui se sont perdues dans les sables du désert. La quatrième rébellion, instrumentalisée par les islamistes, a été la bonne4— Les fous de Dieu sont arrivés au milieu des années 2000
Cela a commencé avec l’arrivée dans la région de Barbus venus d’Algérie, mais aussi d’Arabie Saoudite, du Qatar, du Pakistan, d’Afghanistan. Ils ont lentement tissé leur toile, organisant leurs trafics, se mariant sur place, aidant financièrement les populations abandonnées par Bamako. Ils ont été renforcés l’an passé par des Libyens désoeuvrés après la chute de Kadhafi. Le Mali était donc très malade depuis des années mais personne ne s’en est vraiment soucié. Maintenant que la menace islamiste frappe aux portes de l’Europe, on sonne le tocsin. Mais, en déclenchant une intervention lourde, on court aussi le risque d’achever un malade trop faible pour la supporter. De précipiter une population où l’insécurité alimentaire est déjà présente dans une détresse encore plus profonde. D’envoyer des jeunes urbanisés, qui s’enfoncent dans une misère sans issue, dans les bras des islamistes. De donner un terrain du djihad à des Maliens, exilés en France et déjà convertis à l'islamisme radical. Que faire alors? Comme de nombreux Maliens, le docteur Ibrahim Kissima Kandia est désespéré par la situation de son pays. Il affirme avoir «vidé ses comptes bancaires» pour venir début septembre au secours du Nord-Mali, sa région d'origine. De ce voyage chez les fous de Dieu, il est revenu avec une série de constats: pillage systématique des biens, minorités religieuses pourchassées, persécutées, forcés à l’exil ou tout simplement abattus de sang froid, centres de santé, hôpitaux et écoles saccagés, banques et les caisses d’épargne communautaires dynamitées et pillées, archives administratives détruites, intimidations, menaces, viols en série et en réunion de femmes, sévices sexuels, assassinats et exécutions sommaires. Et pour couronner le tout, la charia, des lapidations de couples, des amputations de membres, la flagellation, l'interdiction de jouer de la musique, de sortir à certains moments pour les femmes, de se baigner dans les cours d‘eau, des camps d’entraînement pour l’enrôlement et le lavage de cerveau des enfants de 4 à 17 ans pour en faire des soldats et surtout des bombes humaines. Qui peut rester les bras croisés face à une telle barbarie? Philippe Duval / slateafrique.com/ 31/10/2012Quelle est votre réaction ?
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