Us, coutumes et traditions : Lorsque la future mariée est traitée de tous les maux, et qu’un « bilakoro » est mis à contribution pour présager le succès du mariage.
En milieu bamanan, la première démarche du mariage est effectuée par un adulte commis à cet effet. Ce messager se fait accompagner par un « bilakoro » (garçon non circoncis) pour voir si le mariage qui doit être scellé portera bonheur aux futurs conjoints.
Cette démarche est capitale pour la recherche et l’obtention de « la main » d’une fille en mariage. Aussi, les sages de la tribu se réunissent pour envoyer un des leurs à la recherche de la fille, même si le futur mari a déjà fait le premier pas. Ce messager est un adulte averti et doué dans de genre de recherche : on peut même dire qu’il est un véritable professionnel dans ce domaine. Pour l’occasion, il est investi d’une mission délicate par ses parents, les sages et les membres de leur « kabila » (vestibule familial). Il s’agira donc d’apporter les premières colas dans le vestibule de la future belle famille. Cette démarche s’effectue après que les sages et les vieux de la famille de la tribu se soient prononcés sur ce que leur avait dit le futur mari dès son retour du premier pas qu’il avait effectué avec son ami pour observer les faits et gestes de sa future épous. Cette deuxième démarche s’engage lorsque les parents du futur mari sont rassurés que la fille à marier est bien la bonne : « A nélé naa téré kagni » (ses augures sont favorables au mariage). Alors, les futurs beaux parents interrogent les devins, marabouts et charlatans pour se faire une idée de l’avenir du mariage qui va être scellé. Ensuite ils procèdent aux différents sacrifices nécessaires à la réussite de ce mariage. C’est ainsi que le second «fourou sira taamana » (démarcheur) va dans la belle famille accompagné d’un « un bilakoro » qui assistera aussi à toutes réunions et tous les débats tenus dans le vestibule entre le « fourou sira taamana », les sages et les parents de la future mariée. La présence de ce « bilakoro » est très significative. En effet, au cours de ces débats, il s’agira d’observer attentivement ce bambin : si ce « bilakoro » ne pète pas, cela veut dire que le mariage qui s’annonce sera un bon mariage. Mais si le « bilakoro » pète, cela veut alors dire que ce sera un mauvais mariage qui ne doit donc pas être scellé.
Lesdits débats obéissent à des règles particulières
Dans le vestibule des beaux parents, la fille qu’on cherche en mariage est traitée de tous les maux par ses propres parents. C’est ainsi qu’en présence de l’envoyé du futur mari, ces derniers diront que leur fille est une brigande, une voleuse, une menteuse, une trompeuse, une colporteuse de ragots, etc. Mais tout cela est fait exprès et à juste raison : en fait, ces fausses injures lancées à la fille par ses propres parents ne sont qu’une façon de la dénigrer pour tester la sincérité des beaux parents pour le mariage dont il est question. Par ailleurs, d’un côté, il s’agit de décourager le messager, et de l’autre côté, de voir si ledit messager est réellement au sérieux et que celui qu’il représente veut bien de la fille, quoiqu’il advienne. Aussi, si malgré tout, il veut la fille pour son envoyeur, il doit répondre : « Oui, nous la voulons, malgré tous ses défauts ! ».
Alors, le messager fait trois tours règlementaires pour que les beaux parents prennent les colas
Après une réponse positive donnée à toutes les questions sur les prétendus défauts et tares de la future mariée, les parents demandent au messager d’effectuer les trois tours règlementaires autour des membres de l’assistance pour qu’ils puissent prendre les colas qu’il a amenées. Après cela, il se retire avec son accompagnateur « bilakoro », va faire trois fois le tour hors du village et revient pour recueillir la réponse définitive des parents de la fille.
Abdoulaye Faman Coulibaly
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