Vers la formation du nouveau Gouvernement : Les défis du Premier ministre Diango Cissoko

Déc 13, 2012 - 02:30
Déc 13, 2012 - 04:17
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Réputé discret, conciliant et ayant une dense expérience politique, le nouveau Premier ministre aura pour tâche première de rassurer la classe politique, l'ex-junte et le peuple malien sur sa capacité à réussir là où Cheick Modibo Diarra a honteusement échoué : libérer le Nord et organiser des élections propres dans quelques mois.   [caption id="attachment_111603" align="alignleft" width="350"] Django Cissoko[/caption] Au sortir du coup d'Etat du 22 mars 2012, suivi du retour à  un ordre constitutionnel fragile, le Mali devait trouver un Premier ministre pour établir un équilibre entre le clan des putschistes et la mouvance du refus du putsch. Cet oiseau rare n'a malheureusement pas été l'ex-chef du gouvernement, Dr Cheick Modibo Diarra. Il vient de partir sur la pointe des pieds par la toute petite porte avec un grand ouf de soulagement pour tout un peuple.  Les circonstances du départ de l'astrophysicien, qui a tiré un léger profit d'une grosse erreur de casting, mettent davantage de pression sur son successeur. On pourra tout reprocher à Diango Cissoko, mais nul ne saura évoquer une moindre immaturité politique chez ce natif de Kita âgé aujourd'hui de 63 ans. Il a passé au moins 30 ans dans la haute administration où il a côtoyé divers milieux politiques du pays. Ce grand commis de l'Etat a l'avantage d'avoir su être à l'écoute  et surtout collaborer avec différents courants de pensée politique qui ont jalonné l'histoire du Mali depuis l'indépendance. Son récent manteau de Médiateur de la République lui a d'ailleurs permis de  s'ouvrir encore aux sollicitations d'un peuple meurtri, d'une armée traumatisée, d'une classe politique divisée. Le nouveau Premier ministre doit d'abord chercher à rassurer les acteurs politiques sur sa neutralité vis-à-vis des états-majors. Le fait que son prédécesseur est le chef d'une formation politique, le RpDM, membre d'un regroupement politique, la CSM, a pesé dans ses dérives. L'ambition de ce potentiel candidat à l'élection présidentielle  n'a pas du tout arrangé les choses pour lui. Diango Cissoko est, lui, a priori, à mille lieues de tout calcul électoraliste. Ayant servi sous les régimes UDPM, Adéma-PASJ et sous l'indépendant ATT, Diango Cissoko devra renforcer son capital confiance tant auprès de l'ex-junte qu'aux yeux du président intérimaire. Celui-ci aura  aussi pour souci de voir en son nouveau Premier ministre, non le frondeur invétéré qu'à été Cheick Modibo Diarra, mais le collaborateur loyal avec lequel il voudra nouer quasiment des relations de complicité au sommet de l'Etat. Dans ce sens, ce sera une complicité à trois têtes entre le chef de l'Etat, le PM et le chef de l'ex-junte, non moins président du comité militaire de la réforme des forces armées et de sécurité. Ce rôle du Premier ministre doit lui permettre de fédérer les énergies entre pro et anti-putschistes pour un meilleur climat de compréhension et la stabilité de la transition. Les tempéraments de conciliateur et de discrétion, doublés d'une grande intelligence et d'une capacité d'écoute extraordinaire chez le désormais ex-Médiateur de la République lui permettront de réussir là où le colosse ségovien à échoué. Par ailleurs, après avoir instauré la confiance dans la sphère politique, Diango doit, à travers des actes de haute portée, montrer que l'ère Cheick Modibo Diarra est une triste expérience à oublier rapidement. Cette phase sera entamée après la formation du nouveau gouvernement, annoncée pour cette semaine. Une équipe gouvernementale qui, n'aura visiblement, pas besoin de grands chamboulements pour ne pas  reprendre presque à zéro. Les dossiers sensibles comme la dotation des militaires en moyens adéquats doivent être impulsés de façon remarquable. L'arrivée imminente à Bamako des formateurs  et experts militaires européens (pour rehausser les capacités d'intervention de l'armée) sera l'occasion pour le nouveau PM de convaincre la grande muette sur sa volonté de régler militairement aussi le drame du Nord. En outre, à propos des concertations nationales, Diango doit donner un coup de pied dans la fourmilière constituée par le président de la commission d'organisation de ces assises, le Directeur de cabinet de l'ex-PM, Pr Oumar Kanouté. Ce geste permettra, rapidement de remodeler cette commission de concert avec le président intérimaire pour que ces assises se tiennent dans les meilleurs délais et que le pays reparte sur de meilleures bases.En posant ces bases, le PM devra ensuite redorer le blason du Mali auprès des partenaires dont certains ne cachaient pas leur froideur à l'égard de l'ancien chef du Gouvernement. Ce qui lui facilitera les discussions avec eux pour appuyer le processus électoral. Grand commis de l'Etat, le Talleyrand malien a la faveur des pronostics. A lui de tirer profit de toutes les cartes qu'il a en main pour marquer définitivement l'histoire du Mali. Bon vent ! Que Dieu protège le Mali! Bruno D SEGBEDJI djitosegbedji@yahoo.fr

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