Selon les explications du Pr Oumar Kanouté, le président de la commission d'organisation des concertations nationales, c'est le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré qui a fixé la date de la tenue de ces assises aux 26, 27 et 28 novembre prochains. Au jour d'aujourd'hui, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) persiste et signe qu'il ne participera pas à ce forum tel que défini par ses termes de référence. Selon le programme, c'est le président Dioncounda Traoré qui va présider l'ouverture et la clôture de ce conclave. Le chef de l'Etat parraine ainsi cette tribune de discussions entre Maliens, qui se tient huit mois après le coup d'Etat du 22 mars 2012. On se demande alors si Dioncounda entérinera les résultats auxquels des assises boycottées par ses amis du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), parviendront.
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Le Président malien par intérim, Dioncounda Traoré[/caption]
A propos des termes de référence qui leur avaient été soumis, les responsables du FDR assurent que les concertations nationales ne doivent point remettre en cause les institutions de la transition, ni dépouiller de leurs prérogatives les institutions constitutionnelles, encore moins revenir sur les questions déjà prises en charge par l'accord-cadre ou la loi. C'est ainsi résumées les explications des responsables du Front samedi, 10 novembre face aux médias à la Maison de la Presse.
Deux schémas institutionnels sont proposés dans le document de travail produit par la commission d'organisation des assises. Tous les deux ne satisfont pas les responsables du FDR, parce que, commentent Iba N'Diaye et ses amis, ils remettent en cause ou affaiblissent les institutions actuelles. Certains analystes, comme le Conseiller juridique Aguibou Bouaré, estiment qu'en créant le Haut Conseil d'Etat (HCE), le président de la République sera affaibli puisqu'il devra partager certaines de ses prérogatives avec ce nouvel organe. Même s'il préside cet organe, il ne pourra prendre certaines décisions qu'après avoir consulté notamment les deux vice-présidents du HCE. Ce qui entrainera une lourdeur préjudiciable à la célérité dans la prise des décisions durant la transition.
Pour le Front, la détermination des critères de sélection des participants constitue l'un des points les plus importants pour la réussite des concertations. Le contexte actuel étant totalement différent de la transition de 1991/1992 où les institutions étaient dissoutes ou inexistantes, explique les cadres du FDR, les institutions de la République (surtout celles représentatives des populations), de même que les collectivités territoriales doivent jouer un rôle déterminant afin de respecter la dimension nationale de l'activité. Le contraire ramènerait, explique-t-on, à des "
consultations bamakoises et non nationales ".
Pour les responsables de la commission d'organisation des assises, ces concertations nationales sont plus que nécessaires. Elles sont réclamées par les partenaires extérieurs du Mali. Elles doivent être, souligne le président de cette commission, un moment de convergence, de communion et de réconciliation nationale afin de relever les défis auxquels le Mali est confronté. "
C'est à ces assises qu'il revient de faire le choix judicieux pour sortir le pays de cette situation de crise", déclarait Pr Oumar Kanouté, non moins Directeur de Cabinet du Premier ministre.
C'est dans ce climat de divergence de vue que nous tendons lentement mais sûrement vers la tenue de ces assises. Car, comme le disait Pr Kanouté, elles vont se tenir avec ou sans le FDR les 26, 27 et 28 novembre prochains au centre international de conférence de Bamako. Ces dates auraient été fixées, à en croire Pr Oumar Kanouté par le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré.
Selon le programme, c'est le président Dioncounda Traoré qui va présider l'ouverture et la clôture de ce conclave, avec à ses côtés le Premier ministre et le président des assises. Le chef de l'Etat parraine ainsi cette tribune de discussions entre Maliens, qui se tient huit mois après le coup d'Etat du 22 mars 2012. On se pose alors la question de savoir si le président de la République pourra se désolidariser de ses alliés du FDR et accorder son quitus à un forum qui ne sera pas rassembleur de la toute la classe politique. Certes, Dioncounda Traoré est le président de tous les Maliens, mais il lui sera difficile de sceller une forme de rupture entre ses amis du FDR et lui, quand on sait que ceux-ci se sont beaucoup battus pour le retour à l'ordre constitutionnel. Lequel ordre constitutionnel a servi de rampe d'ascension à celui qui n'était alors que président de l'Assemblée nationale. Celui qui demeure virtuellement président de l'ADEMA-PASJ aura-t-il le courage de lâcher ses soutiens du FDR, qui n'ont ménagé aucun effort pour le faire monter sur la colline de Koulouba ? Ce sont là des questions qui suscitent des réflexions. Ce qui est sûr, c'est que l'ex-junte s'est beaucoup rapprochée du président intérimaire. Si celui-ci trouve en Kati un nouvel allié pour conduire les affaires du pays, osera-t-il cracher dans la soupe FDR en les abandonnant dans leur logique de la chaise vide ? Le doute est permis. Mais il est fort plausible que Dioncounda Traoré use de toute son influence pour pousser les missions de bons offices à ramener le FDR sur sa décision de boycott. Cela passera peut-être par un toilettage que la commission d'organisation des assises apportera aux TDR contestés.
Par ailleurs, on se demande si le président Traoré, dont la caution morale sera donnée à la conférence (par sa présence à la clôture et à l'ouverture), entérinera les résultats auxquels elle parviendra. En clair, boycottées par les amis et alliés politiques du Pr Dioncounda Traoré réunis au sein du FDR, les concertations nationales auront-elles l'onction nécessaire du président de la République par intérim? Autrement dit, quelle attitude le chef de l'Etat adoptera-t-il si des décisions préjudiciables aux intérêts des partis membres du FDR venaient à être prises par ces assises ? Le président de la République signera-t-il des décrets entérinant des décisions prises en l'absence des représentants des partis comme l'Adéma, l'URD, le PARENA, le PDES et d'autres ? Rien n'est moins sûr. Tout compte fait, le contexte même de la transition ne sied pas à des assises auxquelles ne participeront pas une frange si négligeable soit-elle du peuple. Il est donc plus que souhaitable que les uns et les autres arrivent à se surpasser pour instaurer le climat de confiance dont parlait Pr Oumar Kanouté. Afin de tenir des concertations véritablement nationales dont les décisions ne seront pas contestées. Même si le prix à payer sera un nouveau report de la date des assises. Car en optant pour le refus de "
la prise en otage des concertations par un regroupement ", le forum pourra se tenir mais risque de créer plus de problème qu'il n'en résoud.
Bruno D SEGBEDJI