Violente manifestation contre les autorités intérimaires : Mardi noir à Gao
C’est une marche pacifique des jeunes de Gao contre la mise en place des autorités intérimaires et « l’injustice » dans le processus de cantonnement qui a tourné hier au drame dans la ville. En fonction des sources, on parle de 3 et 5 morts et plusieurs blessés alors que les manifestants et les forces de sécurité se rejettent la responsabilité de cette nouvelle journée meurtrière dans la capitale de la 7e région.
Organisée par les mouvements de résistance civile et les organisations et associations de la société civile de la région, cette manifestation avait pour objectif de « protester contre la mise en place des autorités intérimaires et la non-implication des mouvements de résistance civile dans le processus de cantonnement et de réinsertion ». Réunis devant « le Tombeau des Askia », les manifestants devaient se diriger vers la gouvernorat. La marche a été dispersée par les forces de sécurité, et le bilan est lourd : 2 morts selon les autorités locales et plus de 4 à en croire les manifestant qui dénoncent également plusieurs arrestations.
Sur les antennes de Studio Tamani, le président des Mouvements de résistance civile Moussa B. Yoro, a déclaré ceci :
« Nous sommes venus aujourd'hui (NDLR : hier) parce que nous avons promis aux autorités maliennes que si elles ne répondent pas à notre lettre de la marche du 23 mai 2016, nous allons revenir. Nous avons déposé une demande de marche à la mairie qui a été carrément refusée, nous avons aussi écrit à la police et à la gendarmerie pour encadrer la marche. La mairie a rejeté cette demande aussi. Voilà donc que depuis hier l’État malien procède à la provocation en pénétrant dans nos maisons pour arrêter 21 personnes. Et ils sont passés porte par porte pour prendre les gens. Vous pensez vraiment que cela est démocratique ? Dans un pays de droit, est-ce qu'on a le droit de pénétrer dans la maison des gens sans mandat pour les arrêter. Mais c'est ce que l’État malien est en train de faire. Nous sommes donc devenus les esclaves de l’État malien et nous disons que nous ne serons pas d'accord. Il faut que nous soyons cantonnés, et nous serons cantonnés avec la manière. Pour les autorités intérimaires, nous ne serons pas d'accord ».
Face à la situation tendue dans la ville, les autorités régionales appellent au calme et invitent les manifestants au dialogue. Le gouverneur de la région dénonce « des événements malheureux », et regrette que « les tentatives pacifiques n'ont pas pu empêcher la marche ». Joint par nos confrères de Studio Tamani, Seydou Traoré a expliqué :
« Nous avions les informations depuis le jeudi, et nous avons mis tout le monde en concours pour pouvoir trouver un compromis, poser le problème sans effectuer la marche au regard même de la situation précaire qui prévaut dans la région Gao. Nous n'avons jamais souhaité nous opposer à la marche, mais nous n'avons pas voulu aussi aller à la marche. Nous disons que quand il y a un problème, les portes sont ouvertes et il faut venir les poser calmement. Si c'est du ressort de la région on les règles, si ce n'est pas du ressort de la région, on envoie alors à qui de droit. Pour parvenir à un compromis, nous avions mis à contribution la CMA, la Plate-forme, les chefs religieux, toutes personnes que vous pourrez imaginer afin de pouvoir amener les jeunes à la raison. Malheureusement, ce qui s'est passé est regrettable.
La situation reste tendue dans la ville. Selon confrère de la Radio « Annia » de Gao, Kader Touré, «. les forces de sécurité et les jeunes de Gao se regardent en chien de faïence. A tout moment ça peut dégénérer et personne ne peut imaginer ce qui va se passer dans les heures qui vont suivre. Au moment où je vous parle, les jeunes sont dans la rues et les forces de sécurité sont en position pour défendre les bâtiments administratifs et empêcher le mouvement de se tenir ».
En tous cas, cette situation est prévisible et pourrait toucher d’autres localités.
Maliki
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