Volonté de négociation d'Ançar Eddine A quoi joue Iyad Ag Ghali ?

Iyad Ag Ghali a déjà averti, son groupe est prêt à négocier tout sauf la charia ; alors finalement rien si l'on se comprend. Cette semaine encore avec l'envoi de deux délégations à Ouagadougou et à Alger, Iyad affirme être prêt à accepter la démocratie, mais est-il prêt à renoncer à la charia ? On raconte aussi que Ançar Eddine va se démarquer du MUJAO et d'AQMI, mais qu'est-ce que cela change ? Décidément que IYAD Ag Ghali est devenu un vrai leader politique qui a mûri et a gagné en maturité à force de côtoyer l'international. En effet, il est important de rappeler que Iyad Ag Ghali a d'abord été indépendantiste touareg, par la suite il devient citoyen malien, diplomate, oligarque avant de virer récemment dans l'islamisme. C'est important de savoir aussi que c'est de son poste de diplomate depuis l'Arabie Saoudite qu'il rejoint le maquis, y fonde Ançar Eddine et même le Djihad avec son corolaire de désastre. Ainsi après avoir conquis Kidal à coup de dizaines de morts, Iyad veut simplement négocier. En effet, avec la préparation du déploiement militaire, Iyad prend les devants et affiche sa volonté de négocier et alors c'est lui qui envoie des délégations à Ouaga et à Alger. A Bamako personne n'est dupe. Vouloir négocier avec les données actuelles, c'est tout simplement permettre à Ançar Eddine de mener les débats puisque c'est ce groupe qui occupe le terrain. Pourtant avec cette volonté affichée Iyad met Bamako dans l'embarra, surtout qu'aujourd'hui l'armée malienne n'a pas forcément les moyens de se défendre. Alors cette volonté affichée de négociation embarrasse d'autant plus que la négociation est encouragée et vue comme le préalable à toute autre option. C'est dire que l'imbroglio politico-sécuritaire n'est pas prêt de s'arrêter et le calvaire des populations va davantage se prolonger. En tout cas, c'est le temps qui va nous permettre de comprendre davantage les positions Ançar Eddine. La crise sécuritaire que traverse le Mali est très complexe avec des acteurs souvent complexes ; ainsi même en obtenant la paix avec Ançar Eddine qui règne à Kidal le problème est loin d'être réglé. Car des acteurs comme le MNLA ou MUJAO ou AQMI sont tous bannis par les Maliens au même degré, alors qu'à l'international on pense que l'on peut discuter avec les éléments maliens tout en oubliant que ce sont ces Maliens qui ont livré le septentrion aux djihadistes. Alors il est impérieux d'aider le Mali à recouvrer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire pour empêcher les terroristes de s'y installer bien en tirant toutes les leçons des gestions ultérieures de cette situation. Youba KONATE