Appui aux troupes maliennes dans la Guerre contre les jihadistes : Comment la pléthore de combattants sera-t-elle efficacement gérée?

Jan 22, 2013 - 06:45
Jan 22, 2013 - 06:49
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Le Nigéria avec ses 900 hommes, le Tchad avec ses 2000 militaires (stationnés à la frontière nigérienne), le Bénin, qui revoit son effectif à la hausse avec 650 soldats, le Togo, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso, le Burundi , le Rwanda et peut-être l'Afrique du Sud, l'Ouganda, le Ghana, la Guinée avec chacun des centaines d’hommes, le Mali sera, avec ses propres troupes et celles de l'armée française, fortement militarisé. Pourvu que la gestion de cet important effectif soit sans désagréments ; surtout que la question financière n'est pas encore réglée. [caption id="attachment_121106" align="aligncenter" width="615"] Militaires nigérians[/caption] Au risque de se faire reprocher une certaine ingratitude, le Mali ne peut dire non aux troupes désireuses de venir l’aider. Pourtant, l’Etat malien peut avoir l'inconfort de devoir accueillir un effectif trop important de militaires venant de plus d'une dizaine de pays africains. Tous ces combattants seront mobilisés dans le cadre de la mission internationale de soutien au Mali (MISMA), commandée  par le Nigéria. En coordination avec le ministère de la Défense du Mali, le Général nigérian Shehu Usman Abdulkadir, aidé du général de brigade nigérien Yaye Garba, peut être confronté à des difficultés pour la prise en charge efficace de tout ce beau monde. A titre d'exemple, le dimanche dernier, à l'arrivée des 50 officiers et sous-officiers sénégalais, les responsables du ministère de la défense ont eu quelques soucis pour trouver leur site d'hébergement, en attendant le reste de la troupe. A une question posée au colonel Guirane N'Diaye du Sénégal sur le matériel de guerre dont il va se servir, celui-ci dira que ses troupes pourront compter sur le matériel que l'armée malienne mettra à leur disposition. Or, l'équipement militaire malien est justement insuffisant. Le Nigéria avec ses 900 hommes (effectif qui pourrait être revu à la hausse selon certaines sources), le Tchad avec ses 2000 militaires (stationnés à la frontière nigérienne), le Bénin, qui revoit son effectif à la hausse avec 650 hommes le Togo, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso, le Burundi et peut-être l'Afrique du Sud et l'Ouganda avec chacun au moins 500 hommes, le Mali sera, avec ses propres troupes et celles de l'armée française, fortement engorgé. Or, selon les experts, il n'est point aisé de coordonner des troupes d'autant de combattants venant de divers horizons et ayant des capacités opérationnelles différentes. Et il est à signaler qu'en dehors des troupes nigériennes, nigérianes et tchadiennes, les combattants des pays de la CEDEAO comme le Togo, le Bénin, le Burkina Faso n'arriveront pas au Mali avec du matériel lourd, vu les difficultés de transport. Il s'ensuit que la force de frappe de ces bataillons sera moins efficace que celle des troupes françaises, qui ont déjà, estiment certains spécialistes du dossier, fait 30% du travail. En outre, même s'il n'est un secret pour personne que l'armée malienne a besoin d'un renforcement de capacités, il n'est pas judicieux de verser simplement dans un accroissement des effectifs sans une réelle opérationnalité des contingents. Certains observateurs affirment que les troupes des pays côtiers comme le Togo, le Bénin, le Burundi n'ont pas une expérience avérée des combats dans le désert et que leur apport se limitera à renforcer le dispositif de sécurisation des zones du sud du pays menacées par les jihadistes. Un apport pour lequel le sacrifice consenti, en terme de prise en charge, suscite des interrogations. Par ailleurs, avec cette pléthore d'intervenants dans le conflit armé sur son sol pour anéantir la menace terroriste et jihadiste, qui plane sur le monde entier, on s'interroge sur le prix que l'Etat malien va devoir payer à ses nombreux amis. La crise économique et financière que traverse le Mali et qui oblige tous ses fils à contribuer à l'effort de guerre permettra-elle de motiver les contingents qui volent ainsi à son secours? Comment se manifestera cette reconnaissance de la nation malienne envers ses nombreux amis? Cette mobilisation extraordinaire de plusieurs nations ne va-t-elle pas peser dans d'éventuelles négociations post-conflit pour dicter à nos autorités des attitudes à adopter? Ce sont là des questions qui préoccupent d'ores et déjà au moment même où la communauté internationale n'a pas encore assumé ses responsabilités dans la prise en charge financière de l'effort de guerre. En effet, le coût financier de la MISMA est évalué à près de 500 millions d'euros. Le financement de cette mission est aujourd'hui loin d'être bouclé. Il n'est pas certain que la conférence des donateurs, prévue pour le 26 janvier prochain au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, permettra de combler les attentes. Si l'Union européenne a promis une contribution de 50 millions d'euros, les Etats unis sont encore à l'étape des tergiversations par rapport au déblocage d'une quelconque enveloppe financière, se contentant de gloser sur l'apport en logistique. Réunis en session d'évaluation le week-end dernier à Abidjan, les chefs d'Etat de la CEDEAO, auxquels s'étaient joints le président Idriss Déby Itno du Tchad et le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ont lancé un appel pressant à l'ONU pour "fournir immédiatement l'appui logistique et financier pour le déploiement de la MISMA". Les Nations Unies, dont la lenteur dans les procédures est connue de tous, tardent à prendre toutes leurs responsabilités dans la mise en œuvre de la résolution 2085. Pendant ce temps, plusieurs pays ne cessent de décider d'envoyer des troupes sans mesurer le risque que le Mali pourrait être simplement… débordé. Bruno D SEGBEDJI  

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