[caption id="attachment_70336" align="alignleft" width="350" caption="Des soldats maliens près du camp militaire de Kati, pr-s de Bamako, le 3 avril 2012 © AFP"]
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Au regard de tout ce qui s'est passé dans notre pays, il est important de souligner que des actes suffisamment graves se sont déroulés. Des faits graves se sont passés. Sur la scène, le Capitaine Sanogo et ses compagnons, une certaine classe politique, et la médiation sous- régionale. Les premiers se seraient retirés des affaires par le bout des lèvres. Avec leur entité, le CNRDRE, ils détiennent et maintiennent certains de leurs compagnons d'armes en prison. Ils ont eu des places dans le gouvernement de transition.
Sous leurs yeux, le président de la République, le Pr. Dioncounda Traoré, fut agressé à mort dans son bureau.
Quant à la classe politique, elle se débat et cherche des alternatives de sorties de crise.
Tout cela se passe sous les regards de la Communauté internationale. La médiation de la CEDEAO, mal entamée, a accouché un accord - cadre qui n'en est pas un en réalité. D'où tous les dérapages enregistrés ça et là. Le chef du gouvernement n'agirait que par la volonté des membres de l'ex - junte militaire. Il n'aurait aucune emprise sur ces hommes en tenue.
Ceci expliquerait cela. En tous cas, ils ont entre leurs mains le Général Hamidou Sissoko et autres. Les motifs sont désormais connus. L'opinion publique n'a en aucun moment été convaincue par ces allégations. Pour elle, ce qui compte avant tout c'est que la vaillante armée retrouve sa sérénité et sa cohésion pour faire face à l'essentiel. Pour les Maliens, continuer à emprisonner des éléments des forces armées et des services de sécurité en ces temps pénibles dans la vie de la nation ne servirait à rien. Pour nombre d'entre - eux, l'Armée sortirait grandie en s'engageant sur une autre voie que celle de la répression. De notre avis, cette voie, la meilleure est toute tracée. Et elle doit prendre le chemin de la réconciliation. Car, il ne fait pas de doute que les engagés volontaires que sont le Général Sissoko et autres n'avaient eu pour ambitions que de servir leur pays.
Pour rien au monde, nous confie t - on, ils n'échangeront pas le Mali contre l'ennemi. Leurs proches parents rapportent qu'ils seraient toujours prêts à se sacrifier pour la défense de leur patrie.
Leur sort est maintenant dans les mains de la justice. Leur destin dépendra du Bon Dieu. Mais, il est clair que le Capitaine Sanogo et ses compagnons ont une grande responsabilité dans la gestion de leurs dossiers. Ils peuvent et doivent s'assumer devant l'histoire. De la suite de l'affaire, le Capitaine aurait la conscience tranquille. La conscience de n'avoir pas envoyé à la vindicte des innocents, des pauvres compagnons d'armes, des chefs de familles de militaires et policiers.
Le Mali du Capitaine Sanogo ne devrait pas ressembler à celui des époques barbares où les purges avaient pignon sur rue. Car, mieux que quiconque, le Capitaine sait que le Général Sissoko et autres n'envisageaient pas de s'attaquer à la République. Il a sur lui suffisamment d'éléments d'informations, de renseignements, pour se rendre compte que toute cette histoire était basée sur du faux. En s'évertuant de les maintenir dans les liens de la prévention, sur la base de simples présomptions et de rumeurs colportées on ne sait comment, le Capitaine causerait un énorme préjudice à son armée.
Or, il a plus que jamais besoin de ces officiers de valeur pour faire face aux bandits armés. De même, les sous - officiers et hommes de rang ramassés dans la foulée devront retrouver leurs places dans la reconquête des zones occupées par la rébellion. Inutile de rappeler qu'une troupe divisée, victime de purges et de règlements de comptes, ne peut apparaître que fragile.
Face à la gravité de la situation, le Capitaine doit faire parler son cœur, son sens du pardon et de la réconciliation. Voyez - vous tout le tollé soulevé par les défenseurs des droits de l'Homme. A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, l'on s'inquiète du sort réservé à ces détenus de Kati. Dernière en date, c'est l'indignation d'Amnesty International. Pour démentir tout cela, le Capitaine devrait faire preuve de retenue, de sagesse, de capacité d'effacer ce qui s'est passé. Déjà, tout le monde sait que ces détenus n'aspirent qu'à la liberté, à leur présence au sein des puissantes forces armées nationales. Cette clé se trouve dans les mains du Capitaine. Et l'histoire le regarde. Le sait - il ?
B. Koné