Bintou Founè Samaké, présidente du réseau Femmes, Droit et Développement en Afrique (WiLDAF – Mali) était, avec deux autres panélistes, les invités du 5ème numéro du Café Citoyen. C’était le jeudi 13 août dernier à l’hôtel de l’Amitié, sous le thème «Problématique de l’implication des femmes dans le processus de consolidation de la paix».
Les femmes sont-elles sous-représentées dans le processus de paix au Mali? Pas totalement indique Oumar Hassèye Touré, Commissaire de la Sous-commission Genre à la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Selon Oumar Hasseye Touré, sur les 25 commissaires de la CVJR, 05 sont des femmes; sur 14 chargés de mission, 05 sont aussi des femmes. La volonté politique est là, estime le Commissaire Hassèye. Le problème, dit-il, c’est que la désorganisation au sein des organisations féminines joue contre elles. Parfois, la réponse à un simple mail est anormalement longue.
Oui ! Les femmes sont sous-représentées dans les mécanismes de paix au Mali. Selon la présidente de WiLDAF – Mali ,les mécanismes du processus de paix excluent parfois les femmes. Ainsi, dans le Comité de suivi de l’Accord pour la paix, les femmes n’étaient pas représentées, parce qu’elles ne sont pas considérées comme partie prenante au conflit.
«Les femmes doivent parler en leur nom et au nom de toutes les femmes du Mali», a indiqué BintouFounè Samaké.
A qui la faute? Aux dires de la présidente de WiLDAF - Mali, les femmes veulent que les lois soient respectées.
«On a un gouvernement de six hommes, où est la loi 052 ?», a interrogé la militante des droits de l’homme. Et de protester:
«Un Etat doit avoir des principes et en aucun cas on doit déroger à cela. Quand on veut faire plaisir à X on le nomme, quand on ne veut pas faire plaisir à Y on ne le nomme pas». «On veut nous laisser de côté, le combat n'a même pas commencé», a proclamé Bintou Founè Samaké, dans un tonnerre d’applaudissements.
Pour Fatoumata Sall du bureau des affaires du genre de la Minusma, la participation des femmes au processus de paix est faible. Selon les chiffres fournis par Sall, dans le
DDR, il y a une seule femme sur 1000 ex combattants. A Tombouctou, seulement deux femmes inscrites parmi les ex combattants. Selon Fatoumata Sall, les problèmes liés à la participation des femmes au processus de paix sont dus au contexte social, à la crise sécuritaire, aux préjugés et aux stéréotypes sur les capacités des femmes.
Organisé par l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté active et la Démocratie (AJCAD), le Café Citoyen est un espace d’échange entre les jeunes et les pouvoirs publics, institué depuis 2015. Cette cinquième édition du Café Citoyen était aussi le lancement de la Campagne Benkadi. Un projet d’AJCAD-Mali en partenariat avec l’Aide de l’Eglise Norvégienne pour la sensibilisation des pouvoirs publics sur la participation des femmes/filles dans le processus de paix.
Mamadou TOGOLA/Maliweb.net