Changement de centre d’intérêt : L’Adema prend ses distances avec le Fdr
‘’La transition ne durera pas un, mais deux ans. Ça peut même être cinq ans’’. Ainsi parla le professeur Aly Nouhoum Diallo, soutien inconditionnel de Dioncounda Traoré, au Comité Exécutif de l’Adema. C’était au lendemain du sommet des chefs d’Etat de la Cedeao d’Abidjan du jeudi 26 avril dernier. Le parti dit des Abeilles (ou des Frelons), avait réuni son CE pour saluer les décisions prises lors dudit sommet. Quelles résolutions ? Etendre les 40 jours d’intérim de Dioncounda à un an, dissoudre le Cnrdre avec effet immédiat (donc officiellement, ce comité n’existe plus). Envoi au Mali de 3000 hommes armés, avec effet immédiat pour protéger le président par intérim, son Pm et son Gouvernement contre les militaires ; lancer un sévère avertissement à l’armée contre toute arrestation’’ arbitraire’’, etc.
Ces décisions ont été prises sous les yeux de Dioncounda Traoré, le seul Malien présent autour de la table. Ce sommet et ses résultats ont grandement contenté l’Adema, surtout sa branche qui soutient Dioncounda (Moustaph Dicko, Aly Nouhoum Diallo, Ousmane Sy, Mme Conté Fatoumata Doumbia, etc.). Du coup, l’arme et le bouclier Fdr a cessé d’être important. L’Adema’’ savait’’ très bien que la monture Fdr n’était qu’une course d’étape passagère.
C’est pourquoi les Abeilles, qui ne souffrent de laisser aucune place de direction à autrui, ont confié la cabine de pilotage du Fdr à Siaka Diakité, un syndicaliste. C’était pour, le moment venu, pouvoir fausser la compagnie en douce. Et ce moment est venu avec la condamnation à mort du Cnrdre par la Cedeao et l’extension du pouvoir de Dioncounda dans le temps et dans la profondeur. Surtout que la communauté ouest-africaine, avec la bénédiction de Barak Obama, a décidé d’accompagner tout ça avec l’envoi de 3000 hommes armés jusqu’aux dents.
Après tout ça, quel besoin de se coltiner les Fatoumata Siré Diakité (la très acariâtre Jeanne d’Arc malienne), les Tiébilé Dramé (véritable initiateur du front calqué sur celui de 2007 qui était opposé à l’Adp, la mouvance présidentielle), les Hamidou Diabaté, etc. dans un Fdr désormais en deçà des ambitions du parti le plus politique du pays, l’Adema. Après le sommet d’Abidjan, le parti s’est aussitôt mis au travail. Le CE s’est réuni et a décidé de l’organisation, sans délai, d’une conférence des cadres afin de montrer à ces derniers le chemin sur lequel ils devraient conduire les militants par rapport et des missions dudit sommet et de l’Accord cadre (ce fut le samedi 28, trois jours après le sommet).
L’Arp, le conglomérat de miettes de parti, qui avait décidé de soutenir le candidat Dioncounda aux élections d’avril 2012, était invité et la parole fut pompeusement donnée à leur chef, le colonel Youssouf Traoré. Par contre aucune trace du Fdr qui n’a point été invité. Durant plus de trois heures de débats passionnés, le nom Fdr a été mentionné une et une seule fois, et ce par incidence.
Faut dire que l’objectif visé avait été atteint à Abidjan le 26 avec des décisions de la Cedeao qui étaient celles de la communauté internationale. Ainsi, Makan Moussa Sissoko, le spécialiste maison et principal conférencier du jour, pouvait dire aux cadres réunis : “il ne s’agissait plus d’un simple transfert de fonction au président de l’AN, mais de faire de ce dernier le président de la République’’. Et à Aly Nouhoum Diallo d’ajouter que : « ça peut être pour cinq ans ». Alors le Fdr ? Aux oubliettes !
Amadou Tall
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