Comité de suivi de la Réforme des forces de défense et de sécurité : La présence du CNRDRE : une insulte à l’Union Africaine

Juin 13, 2012 - 18:30
Juin 14, 2012 - 07:12
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Alors que l’Union Africaine a demandé la dissolution pure et sans condition du  Comité  National pour le Redressement de la Démocratie et de la Restauration de l’Etat (CNRDRE) du Capitaine qui a renversé Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012, ainsi que le retour sans délai des militaires dans les casernes, le Gouvernement du Premier Ministre Cheick Modibo Diarra, vient de prendre une décision paradoxale : la création d’un Comité de suivi de la Réforme des forces de défense et de sécurité qui comprendra les membres du CNRDRE, de la classe politique et de la Société civile. Cette probable et troublante présence des putschistes au sein de ce futur Comité constitue une véritable insulte non seulement à l’endroit de la CEDEAO et de l’Union  Africaine, mais aussi de la Communauté internationale. Colmaté de toutes pièces le jeudi 22 mars 2012, suite au coup d’Etat perpétré contre le Général-président Amadou Toumani Touré, pour redresser la démocratie et restaurer l’autorité de l’Etat, le CNRDRE du Capitaine Amadou Haya Sanogo, n’a fait que «redressé la dictature et restauré la déconfiture de l’Etat». En effet, son coup de force du 22 mars dernier, au lieu de mettre le Mali sur de bons rails, n’a fait que l’enfoncer dans le gouffre avec l’occupation des 2/3 du territoire national (Gao, Tombouctou et Kidal) par des groupes armés et la situation chaotique qui prévaut actuellement à Bamako. C’est pour redresser la barre et sauver le Mali que la CEDEAO, sous la houlette de son médiateur, le président burkinabé Blaise Compaoré, n’avait pas hésité à voler au secours des Maliennes et des Maliens, en demandant tout simplement aux putschistes, au terme de l’Accord Cadre signé à Ouagadougou entre cette Institution sous-régionale et le CNRDRE, de quitter le pouvoir en œuvrant au retour à l’ordre constitutionnel. Chose que le Capitaine a accepté, suite aux multiples sanctions que brandissait la CEDEAO. Après le retour à l’ordre constitutionnel, la nomination d’un Premier Ministre et la formation d’un Gouvernement, la Transition allait être amorcée. Et pour ce faire, suite à un autre Accord signé entre la CEDEAO et le CNRDRE, la junte militaire a été amnistiée et son chef, le Capitaine Amadou Haya Sanogo a même eu le statut d’ancien Chef d’Etat avec tous les privilèges y afférents. De ce fait, les militaires putschistes devaient automatiquement regagner les casernes, conformément aux injonctions de la CEDEAO et de l’Union Africaine. Mais, voilà que depuis la semaine dernière, le Capitaine Sanogo se ballade de garnisons en garnisons. A quel titre ? Il n’est ni le président de la Transition, ni le Ministre de la Défense, encore moins le «tout-puissant» Cheick Modibo Diarra doté de pleins pouvoirs. C’est donc cette attitude de Sanogo qui irrite ces derniers jours l’Union Africaine qui demande du coup au Conseil de Sécurité de l’ONU, son aval pour l’intervention militaire d’une force africaine au Mali, en vue de sécuriser les organes de la Transition et d’aider les militaires maliens à reconquérir le nord du Mali sous occupation des assaillants. Alors qu’on était dans cette logique pour la résolution de la crise socio-politico-militaire, voilà que le 12 juin dernier, le Gouvernement de Cheick Modibo Diarra, réuni en Conseil des Ministres, a pris une décision tout au moins révoltante : l’adoption d’un projet de loi portant création d’un «Comité de suivi de la Reforme des forces de défense et de sécurité». Un Comité qui «absorbe» de nom le CNRDRE, mais qui, contrairement aux injonctions de la l’Union Africaine, inclura  les membres du CNRDRE (défunt). Selon le communiqué de ce Conseil des Ministres du 12 juin 2012, ce «Comité de suivi de la Reforme des forces de défense et de sécurité» aura pour objectif «d’améliorer les conditions de travail et de vie du personnel des forces armées et de sécurité, afin de lui permettre de s’acquitter de ses missions de défense de l’intégrité territoriale». Ce nouvel organe qui aura une mission consultative et de propositions, sera élargi aux membres des partis politiques et à ceux de la Société civile. Mais, de qui se moque le Gouvernement Cheick Modibo Diarra ? Au lieu de demander au putschiste Sanogo et à ses acolytes de regagner les casernes, il leur fait une part belle dans ce futur Comité, foulant ainsi aux pieds les efforts de la CEDEAO, de l’Union Africaine et de la Communauté internationale. Ces institutions sont d’ailleurs en train d’analyser «le cas» Sanogo à qui, elles veulent tout bonnement retirer son statut d’ancien Chef d’Etat, voire son amnistie. Sous cette double menace, le Capitaine va-t-il accepter la proposition du Gouvernement Cheick Modibo Diarra? Attendons de le voir. Mais, pour l’instant, il faut bien patienter d’autant ce projet de loi de la création de ce Comité devra passer à l’Assemblée Nationale afin que nos élus le votent ou le censurent. Adama L. COULIBALY

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