Commune rurale de Dianweli à Mopti : Un affrontement intercommunautaire fait un mort et deux blessés
Un mort, deux blessés, dont un grave : c’est le triste bilan d’un règlement de comptes entre les villages Wakara et Béni, respectivement dans les cercles de Badiangara et de Douentza.
Ce qui s’est passé dans la nuit du 2-3 octobre dans la commune rurale de Dianweli (région de Mopti), revêt de la difficile cohabitation qui persiste encore (malheureusement) entre certaines communautés dans notre pays. Cela malgré le brassage interculturel et le sentiment de fraternité et d’appartenance à une même nation. Un conflit de longue date, aussi vieux que l’indépendance du pays entre deux villages, vient de refaire surface au grand dam des discours politiques prônant l’unité nationale.
Un conflit territorial de plus de 50 ans
Nous sommes le 31 mars 1956, un litige territorial oppose le village Wakara à celui de Béni, tous en 5ème région administrative du pays. L’affaire est portée devant le commandant d’alors du cercle de Douentza, M. Berthault Pierre. Statuant sur la question, l’administrateur colonial tranche le contentieux en faveur du village de Béni. Depuis ce jour, l’affaire est donc jugée et classée. Car, dit-on, en matière de droit « on ne peut juger deux fois la même affaire ». C’était sans oublier que les démons de la discorde ne dorment jamais. Des émissaires du village de Wakara informent les populations de Béni qu’ils viendront récolter ce lundi les champs de mil cultivés sur leur territoire. Ceux qui avaient présagé le pire à travers cette note d’information, font vite dépêcher des émissaires auprès des autorités du cercle de Douentza, leur informant du risque imminent d’affrontement. Malheureusement, apportent nos sources, ni le préfet, ni le sous-préfet, n’ont pu être joints. Mais la nouvelle atterrit chez le maire de Douentza, qui se charge d’informer à son tour les autorités administratives ci-dessus citées. Le matin, ils se transportent sur les lieux, mais trouvent que les deux communautés étaient lourdement armées.
Les 11 gendarmes, accompagnant les autorités, donnent l’ordre aux villageois (notamment à ceux de Béni) de se retirer afin de « faire la part des choses ». « Aussitôt cet ordre donné par la gendarmerie, un coup de fusil retentit du camp du Wakara et fait un mort sur le champ du côté de Béni » nous indique notre source. La victime, qui s’appelle Issa Kagoe, n’a pu en effet survivre à ses blessures. Voilà le coup de fusil qui fera déclencher les hostilités. Les deux villages vont s’affronter comme dans un champ de bataille et de conquête des grands empires.
Difficile cohabitation entre certaines communautés
Les 11 gendarmes présents sur le terrain et débordés par la situation seront contraints de se retirer. C’est dans cette situation que la loi du plus fort prévaudra et les populations du village de Wakara récolteront les 10 hectares de mil appartenant à Béni sous prétexte que les champs sont sur leur territoire. L’information sera remontée ainsi au niveau de la Direction nationale de l’intérieur, qui instruit aussitôt le gouvernorat de Mopti de « prendre des dispositions ». Le lendemain matin des affrontements, c'est-à-dire mardi, un impressionnant renfort, dit-on, de gardes et de gendarmes, est dépêché sur les lieux. Joint hier au téléphone, notre source rassure que la situation est redevenue calme, et que « les forces de l’ordre veillent au grain ». Mais pour combien de temps ? Et quelle suite les autorités donneront à la mort du ressortissant du village de Béni, Issa Kagoe, quand on sait que tous les pourparlers (entrepris récemment dans l’affaire) et le verdict de l’administrateur colonial Berthault Pierre (daté du 31 mars 1956), avaient donné raison au village de Béni.
Le triste bilan meurtrier de ce conflit dans la commune rurale de Dianweli entre les villages Wakara et Béni, relance une fois de plus le débat sur la difficile cohabitation entre les communautés dans certaines localités du pays. On se rappelle encore des malheureux évènements survenus il y a deux ans dans le cercle de Bougouni, où des populations s’en étaient pris violemment aux Minianka venus de Koutiala, parce qu’ils avaient cultivé « leurs champs ». Les nombreux conflits (très souvent armés) intervenus entre éleveurs et agriculteurs dans la région de Kayes, à Nion (très fréquemment) ou encore les conflits liés au territoire comme celui intervenu en 2009 dans la région de Gao, etc. sont autant de faits qui compromettent dangereusement l’unité nationale, et surtout le processus de décentralisation entamé par notre pays. Les autorités nationales, à travers le ministère de l’administration territoriale, doivent véritablement prendre le taureau par les cornes pour mettre fin à ces agissements qui n’honorent pas notre pays.
Issa Fakaba Sissoko
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