Coup d’Etat du 22 mars : Une chance pour la démocratie malienne
Il importe de rappeler à nos lecteurs que le 26 mars 1991, notre peuple est venu à bout de l’apache régime de Moussa Traoré. Le mot d’ordre que notre pays chantait en chœur était : le changement («antè korolè fè fo koura»). Ce mot d’ordre entonné par des gens qui se faisaient appeler «démocrates» a suscité chez bien de Maliens un immense espoir de voir enfin leur vie changée positivement.
Hélas ! La grosse montagne de la démocratie a accouché d’une petite souris à la tête puante. Sous le régime et la gestion «démocratiques», la gabegie, l’escroquerie, la surfacturation à grande échelle, l’affairisme, l’achat des consciences, le népotisme, le clientélisme, le parentalisme, les détournements de deniers publics sont devenus, entre autres, les modes de gestion de nos affaires.
L’insécurité partout dans nos villes et campagnes est aujourd’hui nauséabonde. Surtout chaque fois que nos braves forces de sécurité mettent le grappin sur des voleurs, des bandits armés, c’est une certaine justice qui les libère au nom de la démocratie et des droits de l’homme.
Pendant ce temps, nos «démocrates» méditent sur les voies et moyens de mettre en œuvre pour piller nos maigres ressources. Aujourd’hui, les voleurs au haut sommet de l’Etat ne peuvent plus se compter au bout des doigts. Plus d’une quarantaine de milliardaires s’est constituée au Mali en l’intervalle de deux décennies de gestion «démocratiste» de nos affaires.
La démocratie, au lieu de soulager les nombreuses douleurs de nos masses laborieuses, elle les a plongées dans un marasme socioéconomique, politique et culturel sans précédent dans l’histoire de notre pays. La démocratie telle que pratiquée et gérée chez nous, est une insulte gravissime à la mémoire de nos femmes et de nos enfants qui ont donné leur vie pour que naisse la démocratie pluraliste au Mali.
Notre inquiétude était grande, lorsque pour la première fois nous avons lu sur notre petit écran de télévision l’annonce suivante : «dans un instant une déclaration des forces armées maliennes».
L’on se demandait : «les mutins de Kati ont- ils été écrasés par l’apache régime ATT ? Est- ce un coup d’Etat en cours ?
Le coup a- t-il réussi ? Et ces ministres ?»
Bref, toute la nuit, nous avons prié Dieu pour que ce soit un coup de force réussi contre le régime ATT. Cela nous semblait d’autant souhaitable qu’au même moment où des voix s’élevaient au Mali pour dire au président que le jumelage du référendum et du premier tour de la présidentielle était inacceptable, ATT continuait à battre tambour et trompette pour cette politique de couplage qui visait trois seules choses : faire avaler par notre peuple son tripatouillage de la constitution de 1992 qui s’est caractérisée pendant 20 ans par un défaut de bonne application.
C’est dire que notre pays n’a pas besoin de référendum au moment où nos enfants meurent sur les fronts dans le Nord par la culpabilité indémontable de ATT, de son régime et de ces politiciens en mal de crédibilité ; au cas où ces politiciens refuseraient, du coup ils ne seraient pas à Koulouba à la date du 8 juin 2012 ; ce qui laisserait présager des risques de non tenue des élections. Dans ce cas, ATT se maintiendrait à la tête d’une période de transition aux lendemains imprévisibles.
Les atrocités commises dans le Nord- Mali par les rebelles sur nos soldats et leurs familles ne devraient laisser aucun Malien indifférent.
Hélas ! De façon dédaigneuse, ces politiciens peu crédibles faisaient leurs ballets, leurs valses à travers toutes les régions où il n’y a pas de guerre. C’est bien là, une façon de dire à notre laborieux que ce n’est pas le Mali qui compte pour eux mais bien plutôt leurs intérêts individuels sordides. Mais ils doivent se rendre à l’évidence qu’ils se trompent gravement en demandant le retour à Koulouba de ATT qui était à la tête de ce grand gâchis dont notre pays reste victime. Ils doivent se détromper car les Maliens les connaissent très bien et n’ont rien à tirer de leur calcul machiavélique, sauf malheur.
Les gens qui s’agitent aujourd’hui pour le retour d’ATT au pouvoir sont convaincus qu’ils ne gagneront pas leur pari au Mali dans des élections crédibles. Ces faux démocrates ne sont que l’ombre d’eux-mêmes et de leurs familles nourries par la sueur du peuple laborieux du Mali.
Des rats d’église devenus des milliardaires
Bien de sociétés et entreprises d’Etat ont été mises à genou par des sangsues «démocrates» connus de toutes les Maliennes et de tous les Maliens. Parmi ceux qui s’agitent au nom de la légalité constitutionnelle, il y en a qui étaient pauvres comme des rats d’église, incapables autrefois d’assurer à leurs familles les deux repas par jour, mais sont aujourd’hui propriétaires de châteaux climatisés et de nombreuses voitures de luxe directement commandées de France et des USA et parachutées au Mali par des avions gros- porteurs. C’est cela leur démocratie !
Ces bourgeois sans scrupule, d’aucun avait toujours pensé que la «démocratie» au Mali est leur chose à eux parce que toujours prêts à escroquer et à tromper les Maliens qui les ont toujours crus et qui croyaient que la «démocratie» de leurs consciences soulagera un jour leur misère. Hélas, cette race de rapaces a honneur de voir les autres Maliens manger à leur faim, se vêtir, se loger et se soigner dignement. Cette race de rapaces Maliennes et de Maliens et que c’est Dieu qui a élu leurs familles aux dépens des masses travailleuses du Mali.
Face à cette race de rapaces qui ne jurent que par la délinquance financière et croient déjà à Koulouba ou qui espèrent être remorqués par leurs camarades voraces, il n’y avait qu’une seule solution : un coup de force militaire pour mettre fin à leur rêve machiavélique de continuer à se nourrir du sang de nos femmes et de nos enfants.
Pendant que des soldats maliens subissaient les pires atrocités dans le Nord- Mali, ces politiciens véreux tiennent des rencontres sur la fallacieuse question : «comment avoir le maximum de voix pour arriver à Koulouba et cela quelque soit le prix à payer ?»
Ces politiciens qui sont conscients qu’ils n’ont même pas la totalité de leurs familles avec eux, ne peuvent compter que sur l’achat des consciences avec la sueur des masses laborieuses du Mali. Ils doivent à présent faire la bonne lecture et comprendre que les Maliens ont compris de leurs richesses insultantes. Ils doivent aussi se rendre à l’évidence que les Maliens ont compris que sans ce coup d’Etat, ces voraces continueront à sucer leur sang sous la couverture de la démocratie ou plus exactement de ce qu’ils appellent honteusement «démocratie». Ces vautours du Mali ne pouvaient pas ne pas accompagner ATT dans sa gestion catastrophique de nos affaires parce qu’ils ne peuvent pêcher que dans les eaux troubles et sans vergogne.
La CEDEAO, un instrument de domination au service de la France
Au Club des chefs d’Etat de la CEDEAO, il faut dire que pendant qu’on massacrait nos soldats dans le Nord- Mali, ils n’ont pas daigné lever le petit doigt accusateur en direction des rebelles maliens et de la France. Mais il ne pouvait être question d’une telle protestation parce que ces chefs d’Etat ont soit tripatouillé leur constitution ou ont été installés dans leur fauteuil par la France coloniale qui n’a que faire de la démocratie.
Ces chefs d’Etat, en demandant à nos militaires patriotes de remettre ATT dans son fauteuil à Koulouba, ont fini par prouver à notre peuple laborieux que le Mali n’est pas leur affaire mais plutôt ATT. Ces chefs d’Etat doivent d’abord s’occuper de leurs oignons au lieu de chercher à sauver celui qui a tué notre armée. Ils doivent savoir que le Mali n’est pas leur pays et qu’ils doivent d’abord balayer devant leurs portes déjà suffisamment éprouvées par les ordures qu’ils y ont déposées, hélas !
Ces chefs d’Etat étrangers doivent se rendre à l’évidence que le Mali ne sera pas ce qu’ils veulent qu’il soit. Ils doivent faire la bonne lecture des attitudes peu recommandables des politiciens qui sollicitent leur concours. Ils doivent comprendre que notre peuple travailleur a compris qu’ils sont engagés aux côtés de la France pour l’humilier. Mais ils ne doivent pas s’endormir dans les fausses illusions démocratiques.
Ils doivent, ces chefs d’Etat de la CEDEAO et la France, se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas d’école de vérité et qu’en conséquence ils ne peuvent pas mesurer notre bonheur à notre place. S’ils ferment les yeux sur ces quelques vérités, ils apprendront que les dignes fils du Mali approuvent tous le coup d’Etat intervenu jeudi 22 mars pour soulager nos douleurs et nos tristesses.
Ici, au Mali, nous sommes prêts à mourir pour sauver notre peuple travailleur, n’en déplaise à nos «sangsues» de mœurs légères ! Aujourd’hui, une seule chose est à l’ordre du jour : «ceux qui se sont rendus coupables des forfaitures rendront compte.»
Les militaires, qui ont pris leur responsabilité pour débarrasser le Mali de cette farce «démocratique», doivent se rendre à l’évidence que le peuple est débout derrière eux et que le Mali n’est ni un département de la France, ni une propriété des chefs d’Etat de la CEDEAO.
En conséquence, ils ne doivent pas se laisser distraire par les faucons de la politique politicienne au Mali. On parle plus de 40 partis politiques, de 50 partis opposés au coup d’Etat. Ils ont des gens prêts à prendre des miettes pour s’assurer un ou deux repas surtout en période électorale. Mais ils n’ont pas de militants.
Au Mali, on peut dire courage à notre armée. Elle ne doit plus laisser aucun politicien élu agir à sa guise au nom de la légalité constitutionnelle. Elle doit s’inspirer de l’expérience du Niger et de la Mauritanie. C’est leur devoir d’arbitrer le jeu politique et d’empêcher les faucons souillés l’honneur et la dignité de nos masses laborieuses.
Ils doivent (nos militaires), initier à présent le «kokadjè» tant souhaité par nos travailleurs depuis 1991. Ceux qui ont trahi notre peuple doivent payer leur trahison. Aussi, pour une indépendance réelle, le Mali doit- il sortir de la ‘’zone franc’’ et frapper sa monnaie comme la Guinée, le Ghana.
La paix d’abord au Mali, les élections ensuite, l’assainissement complet de la situation, les élections ensuite car on ne peut continuer à soigner la plaie sur le pus.
Pour redonner confiance à notre peuple travailleur, il faut désormais des hommes crédibles à la tête de ses affaires.
Fodé KEITA
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