Fin de la Présidence de la République par intérim : Voici le pouvoir, Capitaine !

Peut 22, 2012 - 10:06
Peut 22, 2012 - 06:21
 0  8

Du 22 mars 2012 à nos jours, malgré le "retour" à l’ordre Constitutionnel normal qui ne lui conférait aucune légitimité d’exercer le pouvoir, le capitaine Sanogo ne s’est pas effacé de la scène politique. Au contraire, il aura pleinement joué le rôle de chef d’Etat, chef suprême des armées. [caption id="attachment_57849" align="alignleft" width="400" caption="Le capitaine Sanogo (ici, le 30 mars, près de Bamako) photo : AP"][/caption] Avec le départ du Président de la République par intérim, il ne lui restera donc plus que de légitimer "son" pouvoir. A peine quelques semaines après la prise du pouvoir par le capitaine Sanogo et ses hommes, en mars dernier, la Communauté internationale s’était mobilisée contre son coup d’Etat.

Ainsi, après la Banque Mondiale, l’Union Européenne, les Etats Unis, et d’autres pays, c’est la CEDEAO qui avait décidé de sanctionner économiquement le Mali. Des lors, l’inquiétude s’était généralisée dans notre pays, car Tous, nous savions que, sans l’aide internationale et des pays (cités plus haut), le Mali connaîtrait des difficultés insurmontables. D’ailleurs, quelques jours seulement après le 22 mars 2012, les prix des denrées de premières nécessité avaient connu une hausse vertigineuse. Mais, le capitaine Sanogo et ses camarades, galvanisés par quelques hommes politiques (comme le Dr Oumar Mariko, ne jouissant d’ailleurs d’aucune crédibilité au Mali) et de badeaux étaient restés indifférents face aux menaces de la Communauté internationale. Déterminée, la CEDEAO ira jusqu’au bout, procédant à une fermeture de ses frontières avec le Mali, l’accès aux ports des pays côtiers de son espace et en décrétant un gel du compte du Mali à la BECEAO. Quelques jours après, le capitaine Sanogo et sa junte capitulaient.

"Retour" à une vie constitutionnelle normale

Très vite, les institutions de la République avaient repris vie et le président de l’Assemblée nationale a été investi président de la République par intérim. Mais, personne au Mali ne se faisait l’illusion de voir le capitaine Sanogo et ses hommes regagner leur caserne. D’ailleurs, le CNRDRE et son président seront plus actifs que jamais. Un grand bâtiment est rénové pour servir de quartier général, (une sorte de palais présidentiel), le président CNRDRE procèdera à des arrestations de personnalités accusées de corruption (ou d’être auteurs de complots). Aussi, le capitaine Sanogo est omniprésent dans les médias d’Etat, (et même privés) reçoit et convoque dans "son palais", même le premier ministre ou le président de la République par intérim. En somme, du 22 mars 2012 à nos jours, celui qui aura été le président de la République, n’est autre que le capitaine Sanogo. Et, trop pressé de "légaliser" "son pouvoir", le chef d’Etat, pardon, le capitaine Sanogo, sûr de sa puissance, en est même venu à déclarer publiquement que le président de la République par intérim, n’assurera plus ses fonctions, "ni même une heure de plus", après le 22 mai.

"Convention Nationale"

Le capitaine Sanogo, comme pour rappeler à certains hommes politiques ou Syndicalistes ("ressuscités" après les événements du 22 mars dernier) a l’habitude de dire : "Nous n’avons agi avec la collaboration de personne, en dehors des membres du CNRDRE." Alors, pourquoi, voudrait-il faire recours aujourd’hui, à une convention nationale ? Afin de légitimer un pouvoir qu’il a, en réalité entre les mains depuis le 22 mars 2012 et qu’il a conquis avec seulement ses hommes et la force du feu ? A notre analyse, la réponse est toute simple. Le capitaine Sanogo est véritablement un assoiffé de pouvoir. Et aussi, un grand stratège. L’homme a en effet compris, que, pour accéder de nos jours au pouvoir par la force et y séjourner, (ne serait-ce que pendant un certain temps), il faudrait absolument jouer sur les cordes du nationalisme. Un concept qui, d’ailleurs, dans le cas Malien, ne peut être payant. Parce que, de nos jours au Mali, l’Armée Nationale a autre chose à faire que de chercher à vivre dans des palais ou à jouer au damier. Les 2/3 de territoire national sont occupés par des terroristes, des violeurs voleurs et brigands. Ceux-ci y ont détruit tous les symboles de l’Etat, de notre culture, de notre dignité, de notre honneur. Dans cette situation, est-il vraiment compréhensible et admissible que ceux qui doivent défendre notre patrie, s’occupent de questions d’exercice du pouvoir, plutôt que de défendre nos vaillantes populations, le Mali ? L’argument de manque de matériel de combat ne saurait justifier l’affront (à jamais enregistré dans l’histoire du Mali) que des petits apatrides, des délinquants et bandits de grands chemins, originaires souvent des quatre coins du monde ont lancé au Mali. Samory Touré, Babemba, Tiéba, Firhoun et tant d’autres avaient affronté le puissant et surarmé colonisateur pour défendre l’honneur et la dignité du Mali. Ils s’étaient battus jusqu’au bout, ou préféré la mort à la honte. Revenant au contexte actuel du Mali, la situation est gravissime parce que, vraisemblablement, il y en a qui, pour le pouvoir sont prêts à tout. A ceux-ci, le message du président de la République par intérim, le Pr. Dioncounda Traoré est une véritable leçon de patriotisme : "le Mali et seulement le Mali". Et pour le Mali, afin qu’aucune vie de plus ne soit fauchée, afin que lui, le Pr Traoré ne soit (si c’était le cas) un problème, il a promis de partir. Et, il le fera. S’il le faut. Et, vraisemblablement, c’est le cas. Voici donc le pouvoir, Capitaine. Bon appétit ! Boubacar SANKARE  

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow