Cour d'assises 2e session 2011 : Un dément tente de tuer «sous inspiration divine» le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Ségou

Nov 17, 2011 - 18:30
Nov 17, 2011 - 18:30
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Se disant sous "inspiration divine" il fait irruption dans le bureau du magistrat et tente de le tuer avec un coupe-coupe.

Gaoussou Moussa Coulibaly, qui dit recevoir depuis un certain temps des révélations divines qui l'inciteraient à porter atteinte à la vie des personnalités politiques et religieuses parmi lesquelles le Président de la République Amadou Toumani Touré ou encore Nelson Mandela, décide de passer à l'acte sur la personne du substitut du Procureur de la République de la région de Ségou en s'introduisant dans le bureau de celui-ci avec un coupe-coupe. C'est là l'histoire bien singulière qu'a eu à juger, hier, la Cour d'assises de Bamako.

Les faits remontent au mardi 14 avril de l'année 2009. Gaoussou Moussa Coulibaly qui avait reçu, selon ses dires, une autre révélation lui demandant de passer par la personne du substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Ségou pour accomplir sa mission, s'introduisit brutalement dans le bureau de ce dernier.

Il tend au substitut  un cahier et lui demande de résoudre un problème qui serait contenu dans ce cahier.

 

Constatant une incohérence dans les propos de son visiteur, le substitut n'eut d'autre choix que de lui demander de sortir de son bureau. Gaoussou Coulibaly sortit subitement le coupe-coupe qu'il avait préalablement dissimulé sous son manteau et tenta d'asséner des coups au substitut avec la volonté farouche de le tuer. 

 

 

Cependant plus prompt que lui, le substitut réussit à esquiver le coup avant qu'une lutte acharnée ne s'en suive. 

 

L'arrivée inopinée du Procureur de la République près le tribunal de première instance de Ségou sauva donc le substitut d'une mort certaine, car celui-ci fit appel aux gardes en faction au tribunal qui parvinrent à  maitriser Gaoussou.

Interrogé, l'accusé reconnait sans ambages les faits. Il dit les avoir accomplis sous influence divine.

La personne indiquée pour le passage à l'acte était le substitut et si celui ci n'obéissait pas à ses ordres, il devait le tuer. Il ajoute également que "les 195 chefs d'Etat qui sont dans le monde devraient tous être tués".

Le ministère public, qui le présente comme un fanatique religieux de la même trame qu'Oussama ben Laden, écarta la théorie de la folie et demanda l'emprisonnement ferme.

L'avocat de la défense, Me Togola, n'a eu cesse d'évoquer l'état mental de son client pour demander  l'acquittement, d'autant plus que l'article 28 du code pénal  stipule "qu'il n'y à ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action".

Face à une telle personnalité, la question posée à la Cour d'assises n'était pas de savoir s'il était coupable ou pas mais s'il était plutôt responsable pénalement. L'expertise médicale versée au dossier fait état d'une psychose sans que l'on puisse identifier l'origine et l'enquête de personnalité signale que depuis 2 ans l'accusé présente des comportements troublants assimilables à des troubles mentaux.

La Cour l'a donc acquitté après deux ans de prison et a suggéré qu'il soit placé sous surveillance médicale

 

N'était -il pas nécessaire d'envoyer un tel personnage dans un asile psychiatrique   plutôt  qu'une prison dès le début? Puisque la promiscuité pouvait être source d'un autre danger à l'égard des autres détenus ou des surveillants.      

 

Kadiatou Y KEITA

*Stagiaire


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