Le théâtre politique, comme cela ne se conçoit pas aisément, est animé depuis quelques temps par les deux acteurs majeurs du syndicalisme : Siaka Diakité de l’Untm et Hammadoun Amion Guindo de la Cstm. Le premier est à la tête du Fdr, le second préside la Copam. Ils poursuivent leur antagonisme.
[caption id="attachment_27961" align="alignleft" width="350" caption="Mr Siaka Diakité secrétaire de l'UNTM"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2011/08/Siaka-Diakite-UNTM.jpg)
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Les acteurs politiques, d’habitude prompts à se faire valoir, se sont mis depuis quelques temps en retrait sur la scène politique. Ils ont laissé le devant à deux ennemis intimes et jurés : Siaka Diakité et Hammadoun Amion Guindo. Le premier est le tout-puissant secrétaire général de la première centrale syndicale du pays, l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm). Le deuxième est également tout-puissant, président aux destinées de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm), la deuxième centrale syndicale, fruit d’une dissidence avec la première. Depuis leur querelle de positionnement pour prendre le contrôle de l’Untm, les deux hommes se vouent une inimitié profonde qui est exacerbée à la moindre petite occasion. De fait, ils ne s’entendent plus sur rien du tout. Leur présent antagonisme, cependant, n’a rien de syndical, mais se situe sur le plan politique et gouvernance.
En effet, Siaka Diakité est également le président du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République, le Fdr qui s’est constitué en opposition au coup d’Etat du 22 mars 2012. Et depuis, sa formation par les principaux partis politiques et des associations et mouvements, le Fdr réclame le retour à une vie constitutionnelle et le rétablissement de l’ordre institutionnel. Son ennemi intime et juré, lui, s’est retrouvé dans le camp d’en face, président de la Coordination des organisations patriotiques du Mali. La Copam également compte dans ses rangs, des partis politiques dont le plus emblématique est la Codem du député Housséni Amion Guindo, et dans une moindre mesure, la Sadi, formation de l’ancien leader estudiantin, Oumar Mariko. Y sont aussi affiliés des mouvements et associations politiques.
Depuis, le Fdr et la Copam s’observent, gesticulent, marchent, galopent, courent, s’égosillent, chacun scrupuleusement campé dans son rôle de défendre la démocratie et la légalité constitutionnelle (Fdr) ou de soutenir l’arbitraire et l’ordre kaki (Copam).
Ils ne sont pas les seuls à faire du putsch du Cnrdre leur fonds de commerce. D’autres petits malins se sont inscrits aussi dans ce créneau hautement porteur. Ainsi assiste-t-on à une prolifération d’organisations similaires. Et au rythme où elles sont créées, ces structures ne tarderont pas à dépasser en nombre la classe politique déjà forte de plus de cent vingt formations. Les unes supportant le mouvement démocratique dans son essence originelle, les autres faisant allégeance aux putschistes et assimilés. Pour l’heure, si les anti-putschistes ont l’œil bienveillant de la communauté internationale, sur le terrain, ici même au Mali, ce sont les pro putschistes qui jouissent de la protection de Kati, et se permettent de faire n’importe quoi.
[caption id="attachment_61613" align="alignleft" width="300" caption="Hamadoun Amion Guindo"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/04/Hamadoun-Amion-Guindo.jpg)
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Ainsi, malgré le rétablissement de l’Assemblée nationale, les députés ne peuvent plus travailler normalement parce que l’accès de l’hémicycle est fermé par des squatteurs anticonstitutionnels. Devant la porte des députés, ils ont planté leurs tentes, passent la journée à faire du chahut, à vociférer des insultes et des insanités. Sous l’œil impuissant et peut-être indifférent du service de sécurité de l’Assemblée nationale. Eux sont contre l’ordre parlementaire qui a permis à Dioncounda Traoré de devenir le président de la République à la place de leur leader contestable, Oumar Mariko.
Mais il n’y a pas que des pro ou des anti. Il y a également ceux qui pensent qu’ils peuvent occuper le juste milieu tout en étant au front pour «
sauver » le Mali, la République et la démocratie.
Toutes ces organisations ont eu à se manifester, mais il est un fait qu’aucune d’elles ne peut mobiliser la foule sans mettre la main à la poche. Ainsi les participants aux meetings, marches et trots seraient payés pour être transportés sur les lieux et «
participer» à la manifestation.
A côté de ces prédateurs, des temps modernes se dégagent cependant des groupes qui ne sont nullement attirés par la course aux strapontins. Dès qu’ils ont estimé le coup d’Etat consommé, ils n’ont pas perdu de temps en conjectures et tergiversations inutiles pour savoir s’il faut respecter la Constitution ou pas. Et tout en condamnant fermement le putsch, crime imprescriptible contre la démocratie et le peuple, ils ont brandi leur feuille de route. C’est le cas de l’Alliance des démocrates patriotes pour une sortie de crise (Adps) qui a été le premier regroupement à proposer son schéma de solution. Son président, Soumana Sako, est un habitué des transitions pour avoir dirigé celle qui a suivi mars 1991. Et si on l’avait écouté, les forces vives de la nation ne seraient pas allées perdre leur temps à Ouagadougou. Où elles ont eu droit à toute sorte de sornettes et de balivernes.
Cheick Tandina