De sources concordantes, les réunions hebdomadaires des membres du Gouvernement ne se déroulent pas ces dernières semaines dans la sérénité à laquelle on doit s'attendre pour le fonctionnement normal de la transition. Des quasi-clans se seraient constitués et le Chef de l'équipe gouvernementale ne se fait pas prier pour " vociférer" (c'est le terme utilisé par notre source) en donnant son point de vue non partagé par certains ministres sur les problèmes politiques. Ce fut le cas lors du dernier conseil des ministres au palais de la présidence de la République où deux ministres proches de l'ex-junte militaire ont provoqué le courroux du Premier ministre sur la question de l'inéligibilité des acteurs de la transition.
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![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/06/Cheick-Modibo-Diarra-Pm.jpg)
Cheick Modibo Diarra[/caption]
Le Chef du Gouvernement, le Dr Cheick Modibo Diarra ne se fait pas prier pour montrer lors des conseils des ministres qu'il est le véritable maître à bord du bateau gouvernemental. Que le président de la République par intérim préside la rencontre ou pas, il n'hésite pas à hausser le ton quand un ministre exprime une position qui ne semble pas l'arranger. Ainsi, il nous est revenu que lors du dernier conseil des ministres, le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly, qui ne se fait pas prier pour dire ses convictions, a expliqué que selon les directives du comité des experts de la CEDEAO, aucun acteur de la transition ne peut être candidat lors des prochaines élections. Ce qui a mis le colosse de Ségou dans tous ses états. Il a bondi pour couper la parole au ministre chargé des élections en marmonnant des explications du genre : "
cela n'est pas écrit dans l'Accord-cadre, la CEDEAO n'a pas à imposer des principes du choix des candidats lors des prochaines élections au Mali… ". Toute chose qui a fait réagir le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré : "
Monsieur le Premier ministre, veuillez laisser le ministre continuer sa communication ". Un climat lourd avait alors envahi la salle. Un climat qui n'a pas empêché le ministre de la Défense, le Colonel-Major Yamoussa Camara d'ajouter, dans les divers, une précision de taille à la communication de son collègue et ami de l'Administration territoriale (tous les deux sont très proches du Capitaine Amadou Haya Sanogo): "
Donc, toute personne qui voudrait se porter candidat lors des prochaines élections devra démissionner le plus tôt possible de l'équipe gouvernementale… ".
Une allusion plus que claire au chef du Gouvernement dont les ambitions de présidentiable se font de plus en plus bruyantes. Comme pour dire que l'ex-junte est totalement en rupture de ban avec le Premier ministre et voulait clairement faire passer le message, celui qui consiste à désapprouver les velléités d'une possible candidature de l'astrophysicien malien aux prochaines élections, notamment la présidentielle. Le message, selon nos informations a été nettement perçu par les ministres amis personnels du Premier ministre dont certains étaient visiblement gênés lors de cette réunion hebdomadaire des membres du Gouvernement. Mais, comme pour corser les choses et faire entendre leur voix, les ministres issus des autres formations politiques ont voulu aussi donner de la voix dans ce climat déjà très électrique. Ce fut alors, selon notre source, le ministre Bocar Moussa Diarra qui, toujours dans les divers, sur un ton de plaisanterie, lancé à son collègue Me Demba Traoré (ancien député de son état) : "
Alors, Honorable, tu as compris que tu ne seras pas candidat aux prochaines législatives ?" Ce qui a fait rire plusieurs ministres, même si certains s'étaient contentés d'un… sourire jaune.
Autre fait à signaler, le ministre de la poste et des télécommunications, Bouréima Tolo (le benjamin de l'équipe), devrait présenter, lors d'un récent conseil des ministres, une communication sur le dossier du troisième opérateur de téléphonie mobile. Au dernier moment, sa communication a été simplement retirée du dossier de la réunion. Et c'est le Premier ministre qui s'est positionné pour faire l'état des lieux de l'évolution des démarches d'installation du troisième opérateur de téléphonie, Monaco Télécom. Il y a, à ce niveau, une importante enveloppe financière qui aiguiserait certains appétits des plus voraces.
Selon certaines indiscrétions, la cohésion et la solidarité de l'équipe gouvernementale gagneraient à être consolidées pour mener à bien les missions prioritaires qui constituent les tâches existentielles même du Gouvernement Cheick Modibo Diarra. Que dire du climat d'inimitié entre le capitaine de l'équipe gouvernementale et différents ministres. Il nous est ainsi revenu que le chef du Gouvernement demeure très froid dans les salutations avec certains ministres. Ce qui nous garantit des réunions hebdomadaires du gouvernement remplies d'appréhensions. Pour ne pas dire des conseils des ministres sous haute tension. Des tensions liées au fait que l'astrophysicien malien tient à imposer à certains ministres les cadres qu'ils doivent nommer au sein de leur cabinet.
Selon nos informations, ces genres de conseils des ministres sous vive tension sont de plus en plus réguliers. Pour peu que cela n'aboutisse à une autre crise ou des scandales en plein conseil des ministres. Même si le président de la République par intérim arrive souvent à calmer le jeu, il n'est pas exclu qu'avec la fissure qui est apparue entre l'ex-junte et le PM, on finisse par assister au pire lors d'une future réunion hebdomadaire du conseil des ministres. Le Mali n'a vraiment pas besoin de se ridiculiser pour une énième fois.
Bruno D SEGBEDJI